Orpea gravement endetté : la procédure amiable de conciliation prolongée d'un mois

Après le dévoilement en janvier dernier du scandale de maltraitance institutionnelle aux dépens des personnes âgées et du personnel, le groupe privé d'Ehpad (maisons de retraite et de santé), qui croule sous les dettes, a annoncé la prolongation d'un mois, jusqu'au 25 mars, de la procédure amiable de conciliation lancée en octobre. L'objectif est de convaincre encore certains créanciers de rejoindre l'accord de restructuration de sa dette validé mi-février. Lequel accord prévoit d'effacer 3,8 milliards d'euros de dettes, sur un total de 9,7 milliards d'euros.
Cette procédure de conciliation amiable a notamment pour objectif pour Orpea de renégocier avec les acteurs financiers la situation de son endettement.
Cette procédure de conciliation amiable a notamment pour objectif pour Orpea de renégocier avec les acteurs financiers la situation de son endettement. (Crédits : STEPHANE MAHE)

Un mois de plus pour Orpea. Ouverte le 25 octobre dernier par le président du Tribunal de commerce spécialisé de Nanterre, sous l'égide de Me Hélène Bourbouloux, la procédure amiable de conciliation du groupe privé d'Ehpad devait se terminer ce 25 février. Elle sera finalement prolongé jusqu'au 25 mars. Mais « aucune nouvelle prorogation ne pourra intervenir » après cette date, a précisé le groupe en difficulté financière.

Cette procédure avait été ouverte car Orpea s'est retrouvé dépassé par son endettement.

« L'entreprise est trop endettée en raison du développement international et immobilier mené à un rythme effréné, à l'initiative de l'ancienne direction générale », expliquait en octobre à l'AFP son nouveau directeur général, Laurent Guillot.

Qui ajoute :

« Cette procédure de conciliation amiable nous permet de renégocier avec les acteurs financiers la situation de notre endettement et, en même temps, de protéger nos salariés et résidents. »

Sa dette financière brute est estimée à 9,7 milliards d'euros à fin décembre 2022.

Orpea avait déjà réalisé l'année dernière une procédure de conciliation amiable qui lui avait permis d'aboutir à un accord avec ses banques pour assurer son financement. Mais le groupe risquait de ne plus être en mesure de s'y conformer en raison de différents facteurs, comme l'inflation.

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L'effacement de quelque 40% des dettes (3,8 milliards d'euros)...

La prolongation de la procédure de conciliation doit notamment permettre au groupe « de poursuivre l'élargissement du soutien des créanciers financiers non sécurisés qui n'ont pas encore pu adhérer à l'accord de "lock-up" signé le 14 février », a indiqué Orpea.

Le groupe a conclu ce jour-là un accord avec, d'une part, un groupement d'investisseurs français mené par la Caisse des dépôts (CDC) et comprenant aussi les assureurs CNP Assurances et MAIF et, d'autre part, « cinq institutions détenant de la dette non sécurisée d'Orpea (le "SteerCo)* ».

Cet accord prévoit d'effacer 3,8 milliards d'euros de dettes d'Orpea, soit près de 40% du total.

Il prévoit également que des investisseurs apportent 1,55 milliard d'euros d'argent frais au groupe, présent dans 22 pays et qui gère quelque 350 établissements en France (Ehpad, cliniques...).

... conduira à une nouvelle répartition du capital garantie par un lock-up

À l'issue du processus, le groupement mené par la CDC détiendra 50,2% du capital d'Orpea, les créanciers 49,4%, et les actionnaires actuels, s'ils décident de ne pas participer aux augmentations de capital qui leur seront ouvertes, 0,4%.

Cette procédure se déroulera auprès du tribunal de commerce de Nanterre. L'évolution de l'actionnariat se traduira également par des changements au conseil d'administration du groupe. Il sera composé de sept membres désignés par la CDC, le directeur général d'Orpea, deux représentants des salariés et trois administrateurs indépendants.

Compte-tenu de la prorogation de la procédure de conciliation, la date butoir pour adhérer à cet accord de "lock-up" est désormais fixée au 10 mars, indique Orpea.

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Nouvelle chute en Bourse, la perte atteint -97% depuis janvier

L'action Orpea a perdu 3,68% ce jeudi matin, à 2,64 euros, dans un marché cependant en légère hausse.

Elle a au total perdu 97% de sa valeur depuis janvier 2022, quand est paru le livre-enquête « Les Fossoyeurs » de Vincent Castanet, qui a révélé des maltraitances de pensionnaires et des irrégularités financières chez Orpea. L'action du groupe s'affichait aux alentours de 90 euros avant la publication de cet ouvrage.

« Système » de maltraitance institutionnalisée : plainte aussi en Autriche

Dans ce livre, le journaliste accuse le groupe d'Ehpad, qui gère plus de 350 établissements pour personnes âgées dépendantes en France, d'avoir mis en place un « système » pour optimiser ses bénéfices au détriment du bien-être des résidents et des employés.

À la suite d'un signalement par le gouvernement, Orpea a été visé à partir d'avril par une enquête judiciaire, ouverte à Nanterre, sur des soupçons de maltraitance institutionnelle ou d'infractions financières.

Plus récemment, c'est le Défenseur des droits autrichien qui a dénoncé dans un rapport les mauvais traitements subis par les résidents d'un Ehpad Orpea en Autriche.

Lire aussiSauvetage d'Orpea : la Caisse des dépôts prend le contrôle

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NOTE

(*) « SteerCo » pour « steering committee » ou, en français, « comité de pilotage ».

(avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 12/04/2023 à 13:14
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Les ARS qui distribuaient l’argent public pour financer l’activité médicale d’Orpéa n’aurait-elle pas encore failli à sa responsabilité de surveillance de l’emploi des subventions versées. Le métier d’agent public est trop facile

à écrit le 23/02/2023 à 22:22
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ou est passé l'excèdent des marges pendant des années?

à écrit le 23/02/2023 à 16:58
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comment nationaliser sans mettre d'argent dedans........ca va etre comme edf, une fois que l'etat stratege arrive au pouvoir, les tarifs sont autorises a s'envoler?

le 23/02/2023 à 19:14
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Il existe trois types d'Ehpad ; privées, publiques et associatives , les publiques sont généralement gérées par les départements sans que ce soit dispendieux . Depuis 30 ou 40 ans la grande idéologie libérale a incrusté dans les esprits que le pri...

à écrit le 23/02/2023 à 16:53
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Parfait. On limite la casse sociale, on évite de jeter le bébé avec l'eau du bain, le groupe se restructure, les institutionnels s'occupent de financer la transition, et les actionnaires précédents paient la facture, comme le veut la logique. Une opé...

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