Pénalisée par les grèves, la production industrielle a chuté en mars

Alors qu'elle avait connu un rebond en février, la production industrielle française est repartie à la baisse en mars (-1,1%) en particulier dans certains secteurs comme la pharmacie, l'agroalimentaire, l'énergie, mais aussi le raffinage, largement perturbé par les grèves contre la réforme des retraites. Du côté de la consommation, elle est également en baisse du fait de l'inflation des prix alimentaires et pèse ainsi sur la croissance du pays.
La production automobile a légèrement progressé (+0,9%), se remettant doucement d'une année 2022 difficile.
La production automobile a légèrement progressé (+0,9%), se remettant doucement d'une année 2022 difficile. (Crédits : Reuters)

Les différents mouvements de grève qui ont touché la France ces derniers mois contre la réforme des retraites ont pesé sur l'économie du pays. En témoignent les résultats de sa production industrielle qui a baissé de 1,1% en mars, selon l'Insee. Elle avait pourtant connu un rebond en février qui a, d'ailleurs, été revu à la hausse par l'institut de statistiques passant de 1,2%, comme estimé initialement, à 1,4%. Sur un an, la production industrielle est en baisse de 0,5% au premier trimestre.

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La production de l'industrie manufacturière, une partie de l'indicateur industriel total, est, elle, en hausse de 0,5% sur un an, mais en baisse de 1,1% sur un mois après une hausse en février. Elle est globalement stable depuis fin 2020, après le lourd plongeon lié à la pandémie de Covid-19.

Impact des grèves

Ce déclin s'explique par un recul de production enregistré dans plusieurs secteurs dont la pharmacie (-8,4% en mars, -7% au premier trimestre sur un an), l'agro-alimentaire (-0,2% en mars contre +1,5% en février), l'énergie (-1,2% en mars), la construction (-0,9%), le BTP mais aussi le raffinage. L'activité de cokéfaction et de raffinage, qui ne représente qu'une petite partie de l'industrie française, a chuté de 46% sur un mois « en raison des mouvements de grève », a ainsi expliqué l'Institut national de la Statistique dans un communiqué. Le secteur de l'énergie s'est, en effet, largement mobilisé contre la réforme du gouvernement, promulguée le 15 avril dernier, notamment en bloquant les exportations de carburant.

En revanche, la production automobile a légèrement progressé (+0,9%), se remettant doucement d'une année 2022 difficile, marquée par des problèmes d'approvisionnement sur les semi-conducteurs. La pandémie de COVID avait entraîné une fermeture de plusieurs usines en Chine et la guerre en Ukraine a, de son côté, conduit à des soucis de logistique. De manière générale, la fabrication de matériels de transports, qui avait tiré l'indice en février, est restée stable (+0,2%) en mars, avec une baisse de 0,4% pour les « autres matériels de transport » qui comprennent notamment les avions. La métallurgie et le textile sont eux aussi en progression.

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« Dans le contexte de renchérissement de l'électricité et du gaz, les branches intensives en énergie sont particulièrement exposées à la hausse de leurs coûts de production, susceptible de peser sur leur production », note l'Insee, citant la sidérurgie (-23% sur un an au premier trimestre) et la fabrication de pâte à papier, papier et carton (-26%).

Des prévisions de croissance entre +0,5% et +1%

Cette baisse de la production en mars n'a pas, pour autant, pénalisé l'économie française qui continue de résister et même de croître légèrement en ce début d'année 2023, après avoir connu une hausse de 2,6% du PIB sur l'ensemble de 2022. Les trois premiers mois de cette année ont même été marqués par une hausse de 0,2%.

Et c'est une progression de la même ampleur que devrait connaître le produit intérieur brut (PIB) au second semestre, a indiqué ce vendredi l'Insee, confirmant sa précédente estimation. L'acquis de croissance pour 2023 s'élèverait quant à lui à 0,5% à l'issue du deuxième trimestre, estime encore l'Insee. En d'autres termes, même si la croissance était nulle au deuxième semestre, la France enregistrerait tout de même une augmentation d'un demi-point de pourcentage de son PIB en 2023. Un chiffre similaire à ce qu'estime la Banque de France (0,6%) et le Fonds monétaire international (0,7%). Le gouvernement se montre, lui, plus ambitieux avec une prévision de croissance de 1% du PIB cette année.

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Faiblesse de la consommation

Au deuxième trimestre, les échanges commerciaux de la France avec l'étranger « pourraient soutenir » légèrement la croissance, tandis que l'investissement des entreprises continuerait à ralentir et celui des ménages à diminuer.

Cette faiblesse qui a gagné l'activité économique de la France s'explique notamment par l'atonie de la consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance française. « Au deuxième trimestre 2023 (...) la consommation de biens, dont notamment la consommation alimentaire, continuerait de se replier, tandis que celle de services progresserait de nouveau légèrement et que les dépenses en énergie poursuivraient leur rebond », anticipe ainsi l'Insee. Les statisticiens estiment toutefois que, si elles ont pesé sur la production, les grèves du premier trimestre contre la réforme des retraites ne semblent pas avoir eu d'effet notable sur la consommation, sauf sans doute sur celle de transport ferroviaire.

Inflation des produits alimentaires

Car c'est bien l'inflation qui tire la consommation vers le bas, en particulier celle des produits alimentaires, principale responsable du maintien des prix à un niveau élevé : en avril, elle aurait ainsi contribué « à hauteur de 40% à l'inflation, alors qu'elle ne représente "que" 16% du panier moyen de consommation des ménages ». D'ici au mois de juin, « les prix à la consommation des produits alimentaires conserveraient un rythme de progression soutenu (entre 15 et 16% sur un an) », prévoit l'Insee, même si une éventuelle réouverture des négociations commerciales entre distributeurs et industriels de l'agro-alimentaire pourraient conduire à un « ralentissement ultérieur ».

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Elles devraient d'ailleurs mener à « une baisse visible des prix » alimentaires à la rentrée, a promis la ministre déléguée au Commerce, Olivia Grégoire, dimanche dernier. « Les fruits de ces négociations vont porter à l'été, et je peux, avec une certaine certitude, vous assurer qu'à la rentrée nous aurons une baisse visible des prix dans les rayons » alimentaires, a-t-elle assuré dans l'émission « Questions politiques » diffusée sur France Inter, Franceinfo et « Le Monde ». Quelques jours plus tôt, Elisabeth Borne avait déjà exhorté les industriels à « répercuter » la baisse de leurs coûts de production pour que cela se traduise par « des baisses concrètes, tangibles » des prix bien avant la rentrée : « d'ici la fin du mois de juin », a-t-elle dit.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 06/05/2023 à 8:43
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En avril fait la grève ça rapporte gros, en mai les congés payés pour être plus productif, en juin il faut préparer les vacances et juillet-août on ne fait plus rien. Les perspectives sont extra.

à écrit le 05/05/2023 à 19:37
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Bonjour, Avant toute chose, l'ons vient d'imposer deux années de travail en plus a la classe ouvrière, pour une pension de retraite toujours plus petite... Donc sa ne donne pas envie de ce tué au travail... Bien sûr ils ne faut pas le dire... Hon...

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