La France compte environ 9,2 millions de jeunes âgés entre 18 et 29 ans, soit 13% de la population. À la veille du premier tour de la présidentielle, les deux candidats comptent bien aller à la chasse aux votes chez les jeunes alors qu'une grande partie d'entre eux a déserté les urnes lors du premier tour. Quatre électeurs de moins de 35 ans sur 10 n'auraient pas voté.
Emmanuel Macron fait le pari de l'insertion des jeunes par l'emploi
Si Emmanuel Macron est réélu le 24 avril prochain, il va poursuivre certains grands chantiers entamés à la fin de son quinquennat. Le principal dispositif mis sur pied depuis le premier mars dernier est le contrat d'engagement jeunes (CEJ). Il vise cette année à ramener vers l'emploi et la formation 400.000 jeunes peu ou pas qualifiés par un accompagnement intensif. D'une durée de six mois à un an et ciblé sur les 16-25 ans (29 ans pour ceux en situation de handicap), le CEJ prend le relais de la Garantie jeunes avec un accompagnement plus intensif de 15 à 20 heures par semaine.
Ce contrat conclu entre le jeune et son conseiller référent doit prévoir "une mise en activité soutenue et régulière (notamment par des immersions en entreprise, des formations, des actions sociales) visant à orienter le jeune vers l'emploi ou l'alternance. Selon l'Insee, le taux des 15-29 ans "ni en emploi, ni en études, ni en formation", les fameux NEET, était de 12,2% au 4e trimestre 2021, soit près de 1,5 million. Le versement de l'allocation "peut être supprimé, tout ou partie, lorsque le jeune, sans motif légitime, est absent à une action prévue dans le cadre de son contrat d'engagement jeune ou ne peut justifier l'accomplissement d'actes positifs définis dans ce même cadre", précise le décret.
Sur la question de l'ouverture du RSA au 18-25 ans ou la mise en place d'un revenu universel minimum, le candidat Macron a écarté ces deux options. Pourtant, plusieurs experts ou économistes proches de la majorité et d'Emmanuel Macron comme Philippe Aghion avait appelé à la mise en œuvre d'un tel revenu pour les jeunes sur le modèle scandinave avec des contreparties tout de même.
Au niveau de l'enseignement secondaire, le président sortant a mis l'accent sur les lycées professionnels devant être considérés comme "une voie d'excellence". "Les périodes passées en stage en entreprise augmenteront de 50%, et les jeunes seront rémunérés," ont annoncé les auteurs du programme. Il souhaite poursuivre le développement de l'apprentissage après un bond des signatures de contrats durant les dernières années du quinquennat expliquant en partie la baisse du chômage.
Concernant l'enseignement supérieur, il veut rendre "Parcoursup plus prévisible en donnant les résultats précis des années précédentes et en accompagnant mieux les familles". Au lancement de cette plateforme, le gouvernement avait dû affronter une pluie de critiques concernant notamment le manque de transparence. Il veut enfin "ouvrir toutes les places nécessaires dans les filières du supérieur qui correspondent aux besoins de la Nation, à commencer par les BTS, BUT, licences pro, et réguler les filières qui ne mènent pas assez à l'emploi."
Marine Le Pen veut exonérer les moins de 30 ans de l'impôt sur le revenu
Dans son programme, la candidate du Rassemblement national (RN) a mis l'accent sur la jeunesse en consacrant un livret spécifique de 16 pages. Un catalogue de promesses destinées à toutes les étapes importantes de la fin de l'adolescence au début de la vie de famille. "Je veux une jeunesse de France fière d'elle et confiante. Une jeunesse certaine d'être soutenue et protégée à chacune des étapes de sa vie et lui permettant de se projeter dans l'avenir : les études, l'entrée sur le marché du travail, l'achat d'un bien immobilier, la fondation d'une famille", explique-t-elle dans son programme. En réalité, les mesures de Marine Pen visent avant tout la jeunesse des classes moyennes supérieures et des catégories aisées.
Parmi les principales mesures figurent l'exonération de l'impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans ou encore l'exonération d'impôt sur les sociétés pour les jeunes créateurs d'entreprises de moins de 30 ans. En matière fiscale, ces propositions ont suscité de vives interrogations. Pour le think tank Terra Nova, les jeunes des catégories modestes "ne tireront qu'un faible avantage" en comparaison des plus aisés, compte tenu des faibles revenus engrangés par les premiers pendant leur première partie de carrière. En outre, ces deux principales mesures qui visent à enrayer "la fuite de cerveaux" traduisent une volonté "nationaliste" de la candidate pour "faciliter leur enracinement durable" en France, expliquent les auteurs de son programme.
Le coût de de ces deux mesures fiscales est estimé à 4,4 milliards d'euros, selon l'institut Montaigne. La suppression de l'impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans est "probablement inconstitutionnelle". "En proposant d'exonérer d'impôt sur le revenu l'ensemble des contribuables de moins de 30 ans, indifféremment de leur statut et de leurs ressources, cette mesure tend à créer une différence de traitement injustifiée vis-à-vis du reste de la population active", souligne l'institut Montaigne
Au sujet de l'insertion des jeunes, elle propose un chèque formation accessible à tous les 18-25 ans. "Pour un apprenti de 16 ans, cela représente 5.500 euros, équitablement partagés entre la rémunération qu'il touchera chaque mois et son entreprise d'accueil. Pour un jeune au-dessus de 18 ans, 8.000 euros", indique son programme. "Concrètement, cela signifie une hausse de 230 euros de la rémunération mensuelle de tous les moins de 18 ans (et de 330 euros pour les 18-25 ans) qui feront le choix de l'apprentissage, de l'alternance ou de la formation professionnelle", poursuit le RN.
Concernant les étudiants, Marine Le Pen veut construire 100.000 nouveaux logements publics en cinq ans et instaurer une priorité nationale pour accéder à ces logements. "Aucun étudiant étranger ne sera logé dans une résidence universitaire publique tant que toutes les demandes formulées par des Français n'auront pas été satisfaites. Avec cette mesure, qui ne coûtera pas un centime à l'État, nous redonnerons du pouvoir d'achat aux jeunes eux-mêmes, mais aussi à leur famille", explique la candidate. Elle promet également de verser un complément de revenus pour tous les étudiants qui travaillent pendant leurs études. Ce complément "s'élèvera à 20 % de leur revenu, plafonné à 200 euros mensuels, et à 30 % pour les étudiants boursiers, plafonné à 300 euros mensuels." Cette enveloppe sera plafonnée à la validation des semestres à l'université. Enfin, elle veut rendre les transports ferroviaires gratuits pour les 18-25 ans pendant les heures creuses.
Concernant l'accès à la propriété des jeunes, Marine Le Pen veut mettre en place un prêt à taux zéro sur dix ans, pouvant aller jusqu'à 100.000 euros pour un couple dont la moyenne d'âge est inférieure à 30 ans.