Prix de l'alimentaire : le gouvernement veut passer du « panier au caddie inflation »

Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie et Olivia Grégoire, aux PME reçoivent ce mercredi matin les représentants de la grande distribution (Auchan, Carrefour etc.) Le lendemain, ce sera au tour des industriels de l'alimentaire. L'objectif : faire pression sur ces professionnels pour qu'ils baissent encore les prix dans les rayons. Mais les résistances sont fortes...
Fanny Guinochet
(Crédits : ERIC GAILLARD)

Pas question de les réunir ensemble, tant l'atmosphère entre les industriels de l'alimentaire et les super(et hypermarchés) est électrique. Aussi, le gouvernement prend-t-il soin de les recevoir les uns après les autres : ce mercredi matin pour les représentants de la grande distribution, le jeudi pour les industriels.

Pourtant, depuis des mois, l'exécutif veut que ces professionnels reprennent langue, se remettent autour de la table et rouvrent des négociations commerciales. Alors que le cours de plusieurs matières premières - blé, céréales etc -, est en baisse, il souhaite que ces réductions se répercutent sur les étiquettes, dans les rayons.

Mais chaque camp se renvoie la balle. Et en attendant, les consommateurs paient le prix fort. Ce qui n'est pas sans conséquence sur l'activité du secteur.

Les distributeurs vent debout

Et pour cause : « Les consommateurs se privent de produits essentiels », c'est en ces termes alarmistes, qu'Alexandre Bompard s'exprimait ce mardi matin, sur FranceInfo. Le PDG de Carrefour fait état d'un véritable « tsunami de déconsommation », enregistrant des baisses des ventes à deux chiffres sur de nombreux produits - dentifrice, serviettes hygiéniques, couches... mais aussi poissons, viande, fruits frais etc-.  Et d'ajouter, « les Français sautent des repas, pour faire des économies....»

Même son de cloche du côté de Dominique Schelcher, le patron de Système U. Dans un post sur LinkedIn, il confirme les données d'une enquête LSA : « 75 % des Français déclarent avoir des fins de mois difficiles... ce chiffre est une alerte majeure, le bouleversement est profond. »

Face à cette chute inédite de la consommation, les représentants des grandes surfaces estiment toutefois avoir déjà largement rogné sur leurs marges. La plupart ont mis en place des opérations promotionnelles, et notamment des dispositifs de « panier inflation » - chacun dans son établissement limite le prix de 100 à 150 produits essentiels -. Prévus pour quelques semaines, ces « paniers inflation » vont se poursuivre jusqu'à la fin de l'année. Soit des pertes estimées à plus de millions d'euros par les grandes surfaces, qui se tournent du côté des industriels.

Les industriels trainent les pieds

Mais, les industriels se défendent. Eux aussi, assurent faire le maximum pour préserver le pouvoir d'achat des consommateurs. Après les injonctions du gouvernement, une quarantaine d'entre eux, a consenti à des baisses de tarifs - entre 5 et 7 %-, sur 1.000 produits - comme les yaourts, la compote, l'huile etc.

Avec cet argument :  il y a certes des baisses de prix des cours mondiaux, mais il faut aussi intégrer dans les tarifs, les salaires de la main-d'œuvre, le coût du transport, des emballages etc.  Rien qui ne justifie, en tout cas à leurs yeux, d'avancer les négociations commerciales annuelles prévues, traditionnellement, en fin d'année jusqu'à fin mars.

Un gouvernement volontariste mais...

Dans ce contexte, le gouvernement craint que la colère des Français n'éclate. Septembre est un mois souvent difficile pour les familles. Beaucoup ne parviennent pas à boucler les budgets. Aussi, ce mardi, en marge de la REF, Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie a-t-il insisté : « Payer moins cher est la priorité des Français. Et notre priorité. On doit tous se serrer les coude s».

Aussi le ministre compte-t-il demander aux industriels et distributeurs d'élargir le nombre de produits sur lesquels ils peuvent baisser les prix. « Je souhaite que plus d'industriels s'engagent contre la vie chère et plus fortement. Et je souhaite que ces décisions soient inscrites dans le temps. » Et du côté d'Olivia Grégoire, chargée des PME qui suit également le dossier, on veut leur demander de passer « du panier au caddie inflation. »

Les bonnes paroles peuvent-elles suffire ? Ne faut-il pas en passer par des sanctions comme le gouvernement l'a parfois évoqué avant l'été ? Bruno Le Maire, visiblement, n'y tient pas. En tout cas, pas tout de suite. « Si des industriels ne jouent pas le jeu, je ferai le nécessaire mais mon objectif n'est pas de mettre la tête sous l'eau des industriels qui ont des difficultés, » assure-t-il.

Quant à une possible arme fiscale - une taxe -, dont Bercy avait fait état au printemps, le ministre la brandit, certes, mais non sans privilégier, en premier lieu le dialogue, et les échanges.

Vers un moratoire de la loi Descrozaille ?

En attendant, Alexandre Bompard, le nouveau président de la fédération du commerce et de la distribution, demande un moratoire sur la mise en application de la loi Descrozaille. Voté en mars dernier, ce texte vise à limiter les promotions dans plusieurs secteurs : l'hygiène, les produits de soin, ou encore la droguerie.

Un frein de plus sur la consommation, selon les distributeurs. Le gouvernement a promis d'étudier cette proposition, mais sans grande conviction. « L'Assemblée nationale est souveraine, et si changement il y a... cela doit passer par elle  » explique un conseiller à Bercy. Et étant donné le contexte politique à l'Assemblée... Sous-entendu, autant éviter.

Fanny Guinochet
Commentaires 20
à écrit le 30/08/2023 à 22:56
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nos dirigeants sont habitués tout les jours à volé le peuple tricher!!!!!!!!!!! déshabiller le peuple !!!!!

à écrit le 30/08/2023 à 17:57
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tout cela n'est que gesticulation et mensonge le gouvernement se complet tres bien avec l'inflation la TVA rentre plein pot avec des prix maxi donc surtout pas presse de voir les prix baisses

à écrit le 30/08/2023 à 12:29
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Pourquoi les distributeurs baisseraient leurs marges tandis que les héritiers superprofitant de la rente agricole sous perfusion publique n'ont jamais été aussi riches que sous la présidence Macron? Pour rappel, le régime Macron a créé le 1er im...

le 30/08/2023 à 15:37
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Cette idée du partage de la valeur est une idée très subjective puisqu’elle peut aller d’une mise en œuvre du type soviétique comme décrit par « megadebt » jusqu’à quelque chose de très libéral que Macron semble avoir choisi, mais de très loin………

à écrit le 30/08/2023 à 11:38
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A titre perso, j'ai renoncé à certains produits et marques bien avant la crise inflationniste. Je n'achète jamais ARIEL par exemple....produits hors de prix en liquide et encore plus en pods même en promo c'est très cher!!! ...d'autres produits font ...

à écrit le 30/08/2023 à 11:13
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Moi ce qui m'irrite , me consterne c'est de lire en permanence " veut " ils veulent tous ; président , ministres, députés et autres .Vœux incantatoires rarement suivi d'effets , pour preuve notre école, notre santé partent à la dérive et ils sont...

à écrit le 30/08/2023 à 8:30
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Mais qu'est-ce qu'ils parlent, le gouvernement le plus bavard de toute la cinquième république et il y en a eu de la concurrence pourtant.

le 30/08/2023 à 10:53
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Vous oubliez les ententes entre marques.

le 30/08/2023 à 12:02
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" les ententes entre marques"Vous voulez dire entre partis politiques donc ? Non non j'en parle assez régulièrement je pense. :-)

à écrit le 30/08/2023 à 8:16
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Que le gouvernement et la Commission Européenne nous rendent l'accès au pétrole et au gaz russes : les prix baisseront...

le 30/08/2023 à 10:32
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L'UE a tout cloisonné : Sur les 750 milliards d’euros du plan de relance européen, la majorité est directement distribuée sous forme de subventions et de prêts aux États membres.Le plan français a été amendé en juillet 2023, passant de 37,5 à 40,3...

le 30/08/2023 à 10:55
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Le sort des Ukrainiens ne vous préoccupe pas beaucoup.

à écrit le 29/08/2023 à 18:13
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moi j'ai mieux au pays des socialistes braillards et tolerants!!!!! on interdit la distribution, car c'est antisocial, surtout que les socialistes savent bien gerer le collectif, comme ils l'ont prouve dans toutes les famines volontairement organisee...

à écrit le 29/08/2023 à 18:02
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Il faut comprendre que l'inflation énorme est acceptée par Bercy et ses hauts fonctionnaires qui vivent grassement *** + 50% d'inflation réelle depuis 18 mois, c'est + 50% de recettes de TVA *** Bruno Lemaire gesticule dans les médias et s'épanche da...

le 30/08/2023 à 10:57
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Comment avez vous calculé ce chiffre de 50 % ?

à écrit le 29/08/2023 à 17:37
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Mais arrêtez avec votre novlangue de gosse qui n'a pour objectif que l'infantilisation de la société, ça devient franchement insultant. C'est donc cela votre considération pour l'ensemble des français? Prenez le taureau par les cornes et nettoyez une...

à écrit le 29/08/2023 à 17:33
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il n'y a que le maire et ses acolytes pour croire que la vie va baisser il est vrais qu'ils ne doivent pas souvent mettre les pieds dans un supermarche et puis leur fin de mois sont sans soucis mais attention les Français veille au grain et sa pour...

le 30/08/2023 à 10:59
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Mais les français ne sont jamais autant partis en vacances malgré les prix de l'essence, des locations, de la restauration. Ce n'est surement pas pour faire la révolution !

le 30/08/2023 à 17:46
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@marc469 Cela dépend du journal ,La Tribune annonce que 67% sont partis en vacances dans un article et le Point lui dit que 47% ne sont pas partis cet été ce qui donne 53% qui sont partis.En 2002, selon le Crédoc, 58% des Français déclaraient part...

à écrit le 29/08/2023 à 17:23
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Le gouvernement des négociant en épicerie... j'aime beaucoup l'idée

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