Recyclage : pourquoi les volumes collectés baissent depuis le début de l'année

La filière du recyclage en France s'est développée l'an dernier malgré la crise de l'énergie, affichant un chiffre d'affaires de plus de 11 milliards d'euros (+7,7%). Mais la fédération représentative s'inquiète pour 2023. Deux facteurs viennent accélérer la baisse des volumes recyclés dans l'Hexagone.
Le recyclage en 2022 a permis d'éviter d'émettre 24 millions de tonnes d'équivalent CO2 (équivalent des émissions annuelles du transport aérien en France), selon le bilan de la fédération Federec.
Le recyclage en 2022 a permis d'éviter d'émettre 24 millions de tonnes d'équivalent CO2 (équivalent des émissions annuelles du transport aérien en France), selon le bilan de la fédération Federec. (Crédits : Reuters)

39,8 millions : c'est le nombre de tonnes de matières premières issues du recyclage qui ont été produites et vendues en 2022, selon un bilan annuel publié ce mercredi 11 octobre par la Fédération des entreprises du recyclage (Federec) à l'occasion du salon Pollutec.

Des métaux, du bois, du papier-carton, du verre, des plastiques, des solvants ou encore des déchets du bâtiment... Le recyclage de ferrailles, par exemple, soit 11,6 millions de tonnes, a représenté 1.149 tours Eiffel. Le tout a permis d'éviter d'émettre 24 millions de tonnes d'équivalent CO2 (équivalent des émissions annuelles du transport aérien en France), note le bilan.

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Le chiffre d'affaires de la filière a ainsi progressé de +7,7% par rapport à 2021, à 11,6 milliards d'euros, porté par la hausse des cours. « Les entreprises ont globalement maintenu leurs chiffres d'affaires en répercutant certaines charges supplémentaires survenues en 2022, mais leurs résultats nets ont chuté car elles ont dû absorber la hausse des coûts (énergie, transport, etc) », indique Manuel Burnand, le directeur général de l'organisation.

Le secteur, qui emploie 34.400 personnes (+5,5%), à 91% en CDI, compte 1.200 entreprises. Il revendique des investissements en forte hausse (+20% par rapport à 2021), à 656 millions d'euros en 2022, pour moderniser et décarboner camions et outils de tri.

Inquiétudes pour 2023

Mais l'année 2023 risque de ne pas être similaire. « Les trois premiers trimestres confirment la tendance de repli avec une diminution de la collecte et une baisse des cours des matières premières issues du recyclage », a indiqué à l'AFP le président de Federec François Excoffier, qui déplore aussi « le tsunami législatif » imposé au secteur avec la réorganisation simultanée imposée à plusieurs filières.

L'inquiétude prévaut notamment dans la filière métal et métaux non ferreux, qui anticipent un manque de débouchés.

La filière plastiques est confrontée à un effondrement de la demande des matières recyclées, les donneurs d'ordre (notamment dans le domaine de l'emballage) leur préférant les matières vierges, dont les cours ont baissé avec la baisse du prix du baril de pétrole.

Pour les textiles, devant « la qualité moyenne de la matière collectée, dégradée par la fast et l'ultra-fast-fashion », les recycleurs en appellent à l'éco-organisme du secteur, pour qu'il « impose des exigences strictes d'éco-conception auprès des metteurs en marché afin de ne pas freiner les procédés de valorisation ». Il lui faut aussi améliorer la collecte (toujours entre 65 et 70% dans les ordures ménagères), les capacités de tri et les débouchés.

Consigne des bouteilles en plastique : le gouvernement dit non

Il n'y aura pas de consigne pour le recyclage des bouteilles en plastique usagées, a tranché le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, lors des assises des déchets à Nantes fin septembre. « Nous devons être inflexibles sur les objectifs, tout en étant souples sur les moyens pour y parvenir », a affirmé le ministre, qui souhaite activer « d'autres leviers, recommandés par l'Ademe » (Agence de la transition écologique) afin de dynamiser la collecte de tous les emballages plastiques. Parmi eux : le renforcement du tri dans les rues et les établissements recevant du public et la simplification des consignes de tri des emballages. Un système de bonus-malus qui récompensera les collectivités les plus performantes sera mis en place, a affirmé le ministre.

La consigne des bouteilles en plastique « ne rencontre pas la pleine adhésion dont nous avons besoin aujourd'hui », a constaté Christophe Béchu. Depuis le vote de la loi sur l'économie circulaire il y a deux ans, et surtout depuis l'ouverture d'une concertation sur la consigne en janvier, une bataille rangée opposait industriels des boissons et du recyclage aux collectivités locales gestionnaires des centres de tri des déchets autour de la propriété des bouteilles usagées.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 15/10/2023 à 10:04
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C'est un peu comme pour les gestes climatiques: les gens font des efforts, mais ils ont l'impression que cela ne sert à rien. Ils trient...mais apprennent ensuite que ce qui a été trié est reversé dans les décharges communes, faute de moyens de trait...

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