Soupçons de détournement d’argent public : à Agde, la rocambolesque affaire d’un maire et d’une voyante

Le maintien en détention provisoire du maire Les Républicains d'Agde (Hérault), Gilles d'Ettore, mis en examen notamment pour prises illégales d'intérêts et corruption, a été confirmée par la justice, a indiqué vendredi son avocat et le parquet de Béziers.
Gilles d'Ettore, maire d'Agde
Gilles d'Ettore, maire d'Agde (Crédits : DR)

L'affaire qui secoue la ville d'Agde, dans l'Hérault (Occitanie) est incroyable. Elle concerne une figure locale d'envergure, Gilles d'Ettore qui, depuis son élection en 2001 à l'âge de 32 ans, dirige l'une des villes les plus importantes du département avec ses 200.000 résidents en période estivale (contre 30.000 l'hiver) grâce au Cap d'Agde, sa station balnéaire en bord de Méditerranée et son célèbre village naturiste, réputé le plus grand du monde.

Rocambolesque

Président de l'agglomération Hérault Méditerranée, ancien député (UMP) de 2007, et maire d'Agde Les Républicains depuis 23 ans, Gilles d'Ettore est aujourd'hui toujours en détention provisoire depuis le 21 mars. Mis en examen notamment pour prises illégales d'intérêts et corruption, l'édile a vu sa demande de remise en liberté refusée par la justice, a indiqué vendredi son avocat et le parquet de Béziers.

L'affaire est pour le moins rocambolesque : une femme de 44 ans qui se présente comme voyante, médium et « guérisseuse », aurait réussi, grâce à des talents cachés de ventriloque, à modifier sa voix et à placer des proches sous emprise, dont le maire d'Agde, afin de leur faire croire qu'ils étaient « en conversation avec un être surnaturel provenant de l'au-delà », selon le procureur de Béziers, Raphaël Balland. Elle aurait en particulier utilisé ce stratagème pour inciter Gilles d'Ettore à « se soucier du bien-être de cette femme, y compris matériellement », selon le procureur.

Embauche du mari de la voyante

Cette mère de famille a reconnu lors de sa garde à vue avoir bénéficié de nombreuses prestations de natures différentes, principalement de la part de Gilles d'Ettore. Elle aurait notamment obtenu le recrutement au sein de la commune ou de l'agglomération de cinq personnes membres de sa famille ou de son proche entourage amical, dont son propre mari en qualité de directeur technique de la mairie.

Ces faits lui valent d'être poursuivie pour « escroqueries, recel de détournements de fonds par une personne dépositaire de l'autorité publique, recel de corruption et travail dissimulé ». Lors de sa garde à vue, elle a affirmé regretter son comportement, soutenant être entrée « dans une spirale dont elle n'arrivait plus à sortir ».

Le maire quant à lui est poursuivi pour « détournements de fonds par une personne dépositaire de l'autorité publique, prises illégales d'intérêts et corruption ».

Devant les enquêteurs, il a reconnu avoir été convaincu de l'existence de « la voix » et que cette femme, qu'il considérait comme sa fille, « était douée de pouvoirs surnaturels ». Il n'aurait réalisé avoir été victime d'une escroquerie que lorsque les enquêteurs lui ont montré une vidéo de la femme en train de modifier sa voix. En revanche, il nie jusqu'ici avoir commis un quelconque délit, a précisé le communiqué du parquet. Le mari de la voyante, désormais interdit d'exercer sa fonction de directeur technique de la ville, est lui soupçonné de « recel de prise illégale d'intérêts, recel de détournements de fonds par une personne dépositaire de l'autorité publique et recel de corruption ». L'enquête, lors de laquelle une quarantaine de personnes ont été auditionnées, avait été initiée en octobre 2023, avant l'ouverture d'une information judiciaire contre X le 5 janvier, par le parquet de Béziers, notamment pour escroqueries en bande organisée.

Quelques « manquements »

S'il concède, « sous l'influence de cette femme », avoir pu commettre quelques « manquements », Gilles d'Ettore « conteste » que des « centaines de milliers d'euros d'argent public aient été détournés », explique son avocat. La fameuse médium est également en détention provisoire.

Dans un bref communiqué, publié après l'annonce du maintien en détention de Gilles d'Ettore, la ville d'Agde a annoncé avoir « officiellement mandaté » l'avocat Grégory Crétin, du barreau de Montpellier, « afin de défendre les intérêts de la commune dans cette affaire ». Pour autant, la ville « n'entend pas se porter civile avant de connaître le montant du préjudice qu'elle aurait subi », a expliqué à l'AFP un membre de l'équipe municipale ayant requis l'anonymat en raison de la sensibilité du dossier.

Commentaire 1
à écrit le 06/04/2024 à 19:22
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Encore un petit effort dans l' inépuisable crédulité populaire et dans celle de nos élites élues et notre nouveau Cardinal de Richelieu , Sa Cour et ses gazettes imprimées, numériques et radiophoniques nous sortiront une version contemporaine et ...

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