« Il faut changer de méthode sur les dépenses publiques » (Marc Ferracci, vice-président du groupe Renaissance à l'Assemblée)

ENTRETIEN - Selon l'élu macroniste, certaines dépenses publiques doivent être temporaires.
Marc Ferracci, vice-président du groupe Renaissance à l'assemblée
Marc Ferracci, vice-président du groupe Renaissance à l'assemblée (Crédits : © LTD / ALAIN JOCARD/AFP)

LA TRIBUNE DIMANCHE : La note financière de la France est stable. Le gouvernement doit-il maintenir son objectif d'économies ?

 MARC FERRACCI : Nous ne menons pas notre politique en fonction des agences. Cela ne change rien à notre détermination. Il faut trouver des économies à court terme, et changer de méthode pour la suite. Des dépenses inefficaces sont identifiées. Avec mon collègue Jérôme Guedj, nous avons par exemple montré l'an dernier que les exonérations de charges sur les hauts salaires avaient peu d'effets sur l'emploi ou la compétitivité. Par ailleurs, les aides à l'embauche d'apprentis de l'enseignement supérieur suscitent des effets d'aubaine, il faut les revoir. Mais ces pistes seront insuffisantes à longue échéance.

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Quelle méthode préconisez-vous ?

Une approche radicalement différente, pratiquée dans certains pays anglo-saxons. Par principe, certaines dépenses publiques doivent être temporaires, votées avec une limite dans le temps. Elles seraient prolongées uniquement si l'on a démontré leur efficacité. Sinon, nous les arrêtons. Cela s'appelle une « clause d'extinction », sunset clause en anglais. Un tel mécanisme est vertueux : non seulement il évite le maintien de crédits inutiles, mais il restaure aussi la confiance des citoyens dans l'action publique.

Ce principe s'appliquerait-il à toutes les dépenses ?

De nombreux champs peuvent être concernés : les aides aux entreprises, le logement, la santé, les prestations sociales... Partout où l'on dispose d'indicateurs permettant de dire si la dépense publique atteint ses objectifs. Le prêt à taux zéro permet-il aux ménages modestes de devenir propriétaires ? Le dédoublement des classes a-t-il fait monter le niveau des élèves en difficulté ? Etc. On peut toutefois exclure des missions régaliennes qui ne se prêtent guère à cette logique.

Certaines dépenses publiques doivent être temporaires

Bercy publie déjà des indicateurs sur les missions de l'État, supposés dissuader le Parlement de reconduire des politiques inefficaces. Qu'y aurait-il de neuf ?

Il ne s'agit pas de suivre des indicateurs, mais de mesurer des impacts. La démarche scientifique consiste à estimer ce qui se serait passé en l'absence de la politique publique. Aujourd'hui, pour arrêter une dépense, on cherche à prouver qu'elle est mauvaise. Demain, il faudrait prouver qu'elle est bonne pour la poursuivre. Mais il nous faut des outils. Je préconise en ce sens de placer France Stratégie sous la tutelle du Parlement et d'ouvrir un maximum de données publiques aux chercheurs. L'évaluation doit être indépendante et menée par des experts.

Dans votre dispositif, qui assumera la décision politique d'arrêter une dépense ?

Si l'évaluation est négative, il sera politiquement difficile de relancer une dépense dont le calendrier touche à sa fin. Elle s'éteindra d'elle-même.

Éviterez-vous des hausses d'impôt ?

Je le souhaite. On ne peut pas réduire les dépenses publiques sans limite, il y a des dépenses incompressibles, mais la fiscalité n'est pas la solution. Notre marge est dans la création d'emplois, qui augmente naturellement les recettes. Il y a encore des réformes à mener en ce sens. Nous avons 68 % de personnes en emploi dans notre pays, quand l'Allemagne en compte 77 %. Si l'on résorbait cet écart, la croissance serait plus forte, et les comptes publics seraient à l'équilibre. C'est le cap à tenir.

Commentaires 4
à écrit le 29/04/2024 à 0:10
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Non ce n'est pas la méthode qu'il faut changer, mais la dépense qu'il faut baisser. Il va arriver un moment pas si lointain où nous ne travaillerons que pour payer les intérêts de la dette, mais on aura atteint un point de non retour. A recette const...

à écrit le 28/04/2024 à 10:42
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On connaît les dépenses en milliards de Macron, pour « régler » un problème (les mêmes sommes que Bercy ne validait pas avant), comme les salaires des profs, les subventions aux agriculteurs,… On pourrait aussi faire des « petites » économies, comme ...

à écrit le 28/04/2024 à 9:58
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Quelle cynisme Monsieur Ferracci l'une des seules oreilles restante au chef de l'Etat, et donc en totale contradiction (une de plus) avec ce dernier, mais macroniste jusqu'au bout du calvaire que vont engendrés ces deux mandats.

à écrit le 28/04/2024 à 9:36
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En effet il faut un garde fou neutre à savoir, une commission de citoyens qui en accordent chaque euro engagé ou pas. Mais en général ils veulent tous s'occuper de l'argent public pour y apposer une énième usine à gaz de détournement.

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