Armes chimiques : Washington répond aux accusations du Kremlin

L'escalade verbale se poursuit entre les Etats-Unis et la Russie qui s'accusent mutuellement d'étudier la piste des armes chimiques pour prendre l'ascendant dans la guerre menée par Moscou en Ukraine. Selon le Kremlin, les pourparlers russo-ukrainiens font d'ailleurs du "surplace".
Moscou payerait un prix très élevé en cas d'utilisation d'armes chimiques, a prévenu Washington.
Moscou payerait "un prix très élevé" en cas d'utilisation d'armes chimiques, a prévenu Washington. (Crédits : ALEXANDER DRAGO)

La guerre des mots continue d'accompagner celle des armées. Juste avant d'atterrir à Rzeszow en Pologne, à 80 km de la frontière avec l'Ukraine, pour une visite de deux jours, le président Biden n'a pas tardé à renvoyer l'offensive verbale de Moscou au sujet des armes chimiques, par la voix de l'un de ses émissaires. Les Etats-Unis "n'ont pas l'intention d'utiliser des armes chimiques quelles que soient les circonstances", c'est-à-dire même si la Russie en emploie en Ukraine, a ainsi assuré vendredi le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan, à bord d'Air Force One.

Lors d'un échange avec la presse, il a cependant prévenu que Moscou payerait "un prix très élevé" en cas d'utilisation d'armes chimiques, clarifiant des propos de la veille du président Joe Biden qui avait promis une "réponse" dans un tel scénario, mais en restant évasif sur la "nature" de cette riposte.

Un peu plus tôt, le Kremlin a accusé le président Biden de vouloir "détourner l'attention" du programme d'armement chimique et biologique américain en Ukraine avec ses déclarations sur un possible recours par la Russie aux armes chimiques en Ukraine.

"Il est clair que les Américains tentent de détourner l'attention en parlant d'une prétendue menace russe, sur fond du scandale provoqué (...) par les programmes de développement des armes chimiques et biologiques que les Etats-Unis ont mis en place dans plusieurs pays, y compris en Ukraine", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

La Russie et les armes chimiques

Moscou et Washington pratiquent la joute diplomatique jusqu'à l'escalade. La France est, elle, venue corroborer l'hypothèse de son allié américain :

"Si des attaques avec des moyens chimiques ou bactériologiques avaient lieu en Ukraine, nous saurions qui en serait le seul responsable. Ce serait la Russie. Nous avons malheureusement l'habitude, depuis la Syrie, de ses actions de désinformation", déclare Jean-Yves Le Drian dans cet entretien mis en ligne mercredi soir.

Les attaques sont aussi menées par Londres. Les relations entre Moscou et le Royaume-Uni n'ont cessé de se détériorer depuis la mort de l'ex-agent russe Alexandre Litvinenko, empoisonné au polonium, un agent chimique, en 2006 à Londres, se dégradant encore avec l'empoisonnement de l'ex-agent russe Sergueï Skripal, mis en contact avec du Novitchok, en 2018 en Angleterre.

Points stratégiques visés...

Dans le même temps, la Russie continue de justifier son action comme une "opération militaire spéciale". Elle a affirmé vendredi avoir détruit la veille la plus grande réserve de carburant de l'armée ukrainienne près de Kiev avec des missiles de croisière.

Jeudi soir, "des missiles Kalibr de haute précision ont visé une base (de stockage) de carburant près du village de Kalinovka", a déclaré le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, dans un communiqué.

Aussi, Moscou a démenti toute violation du droit international après avoir été accusée par l'Ukraine d'utiliser des bombes au phosphore.

Elle a minimisé la portée d'une éventuelle exclusion du G20, voulue par les Etats-Unis."En ce qui concerne le format G20, il est important. Mais dans les circonstances actuelles, alors que la plupart des membres sont dans un état de guerre économique avec nous, il ne se passerait rien de mortel" en cas d'exclusion de Moscou, a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, à la presse.

...face à potentiellement 300 civiles tués en une journée

Mais les victimes victimes semblent inévitables. Environ 300 morts sont en effet redoutées dans le théâtre de Marioupol bombardé par l'aviation russe le 16 mars alors que des centaines de personnes y étaient abritées, a annoncé vendredi la mairie de la ville, citant des témoins.

"Des témoins ont des informations selon lesquelles environ 300 personnes sont mortes au théâtre dramatique de Marioupol à la suite d'un bombardement par un avion russe. Jusqu'au bout, on ne veut pas croire à cette horreur. Jusqu'au bout, on veut croire que tout le monde est sauf. Mais les témoignages de ceux qui se trouvaient à l'intérieur du bâtiment au moment de cet acte terroriste disent le contraire", écrit la mairie sur son compte Telegram.

Un autre bombardement russe sur un centre médical de Kharkiv, dans l'Est de l'Ukraine, a fait quatre morts et au moins trois blessés, a annoncé la police régionale de la deuxième ville du pays.

Les morts et les réfugiés côté russe

La Russie a reconnu néanmoins la mort de 1.351 de ses soldats depuis le début de son offensive militaire en Ukraine, accusant les pays occidentaux de commettre une "erreur" en livrant des armes à Kiev.

Parmi eux, la Russie a confirmé ce vendredi la mort d'un général Andreï Soukhovetski, commandant adjoint de la 41e armée après avoir servi en Syrie en 2018-19.

Par ailleurs, Moscou indique avoir accueilli 419.736 réfugiés originaires de l'est de l'Ukraine depuis le début de l'opération, a déclaré Mikhaïl Mizintsev, directeur du Centre national russe de gestion de la défense, lors de la même réunion avec la presse. Côté Ukrainiens, on recense à date près de 3,7 millions de personnes qui ont fui le pays.

Les pourparlers entre la Russie et l'Ukraine font du "surplace" sur les principaux points, a déploré vendredi le négociateur en chef de Moscou, tout en soulignant un rapprochement sur des aspects moins importants.

Moscou insiste sur la signature d'un "traité exhaustif" prenant en compte ses exigences de neutralité, démilitarisation et "dénazification" de l'Ukraine, ainsi que la reconnaissance de la souveraineté russe sur la Crimée et de l'indépendance des deux "républiques" séparatistes prorusses du Donbass.

Lire aussi 6 mnLes pays occidentaux imposent de nouvelles sanctions financières à la Russie, et veulent l'empêcher d'utiliser son or

Commentaires 2
à écrit le 25/03/2022 à 18:38
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Biden (79 ans ) est juste là, parce que les ricains ne voulaient plus Trump (75 ans), ils font toujours dans le grabataires ?

à écrit le 25/03/2022 à 17:19
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"nous saurions qui en serait le seul responsable. Ce serait la Russie. Nous avons malheureusement l'habitude, depuis la Syrie, de ses actions de désinformation", déclare Jean-Yves Le Drian " De l'autre côté ,on a aussi le souvenir du 7 octobre 200...

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