La réouverture de la Chine tire le prix du cuivre à la hausse

Au plus haut depuis juin, le prix de la tonne de métal rouge est repassé au-dessus des 9.000 dollars sur le marché des métaux londonien. Un marché structurellement en déficit et des perspectives de demande orientée à la hausse en raison des besoins croissants pour la transition énergétique sont des facteurs de soutien.
Robert Jules
(Crédits : Reuters)

Les prix du cuivre ont atteint leurs plus hauts niveaux depuis 7 mois. Sur le London Metal Exchange (LME), la tonne de métal rouge pour une livraison à trois mois se traitait ce jeudi à 9.124,5 dollars, son meilleur cours depuis juin dernier.

L'attrait des investisseurs est suscité ces derniers jours par la décision du gouvernement chinois de rouvrir ses frontières en mettant un terme à sa politique « zéro Covid ». Pékin cherche à relancer son économie, qui a tourné au ralenti en 2022. Or une telle reprise se traduira par une augmentation de la demande de cuivre, dont le pays est le premier consommateur mondial, absorbant à lui seul la moitié de la production mondiale de cuivre raffiné.

Ce retour de la république populaire s'opère sur un marché cuprifère structurellement en déficit. Sur les dix premiers mois de 2022, il manquait 693.000 tonnes de métal entre la production et la demande. En 2021, le déficit était déjà de 336.000 tonnes, selon les chiffres du World Bureau of Metal Statistics (WBMS).

La demande progresse plus vite que l'offre

Car si la production mondiale de métal raffiné a progressé en 2022 de 1,4%, atteignant 20,57 millions de tonnes, grâce notamment à la Chine et à l'Inde, le rythme de la consommation a été plus plus rapide, de 3,7% entre janvier et octobre 2022, atteignant 21,27 millions de tonnes. Malgré les confinements, les besoins de la Chine ont augmenté de 5,4%, à 11,88 millions de tonnes.

Une situation qui oblige les intervenants à puiser dans leurs stocks. Fin octobre dernier, Kostas Bintas, le responsable de la division métaux de Trafigura, l'un des plus importants négociants mondiaux de matières premières, alertait sur les niveaux dangereusement bas. Ils représentaient à ce moment-là à peine « 4,9 jours de consommation mondiale » et termineraient l'année « à 2,9 jours ». De son côté, Glencore a averti le mois dernier qu'entre 2022 et 2030, le déficit cumulé s'élèverait à 50 millions de tonnes de cuivre. Le marché pourra-t-il répondre à ce déficit, selon la classique activité cyclique des marchés des matières premières ? « Cette fois, ce sera un peu différent », a répondu Gary Nagle, un des responsables du géant minier suisse,  considérant que « le prix ne reflète pas encore cette situation ».

Le cuivre, principal métal critique en termes de volume

En effet, le métal rouge va voir ses débouchés classiques dans des secteurs comme le BTP, l'automobile, l'électronique... s'élargir de plus en plus à l'avenir dans les infrastructures et les produits liés à la transition énergétique : réseaux électriques, éoliennes, panneaux solaires, ou encore batteries pour véhicules électriques.

« En termes de volumes, le cuivre est le principal métal critique, comptant pour 70% de la consommation totale de métaux critiques pour l'énergie propre en 2021, même si l'utilisation du lithium et du cobalt a augmenté davantage en termes de pourcentage depuis 2016 », souligne l'Agence internationale de l'énergie (AIE), dans son rapport annuel « Energy Technology Perspectives 2023 », publié ce jeudi.

De fait, cette tension se reflète déjà dans la production de l'énergie propre. « Le coût de production des turbines éoliennes hors de Chine augmente à nouveau après des années de déclin en raison des prix de matières comme l'acier et le cuivre qui ont doublé entre le premier semestre 2020 et le premier semestre 2022. Des tendances similaires sont constatées dans la production de panneaux solaires photovoltaïques », remarque l'AIE.

Des prix élevés du métal rouge sont normalement des incitations à développer de nouveaux projets. « Actuellement, environ 11 millions de tonnes de nouvelles capacités sont prévues d'être mises en production entre 2019 et 2024 », indique l'International Copper Study Group (ICSG). Dans cette dynamique, un pays joue un rôle central sur ce marché : la Chine. « (Elle) compte pour 80% de la capacité de production supplémentaire annoncée d'ici à 2030 pour le cuivre et domine les capacités de raffinage annoncées pour les métaux stratégiques utilisées dans les batteries : 95% pour le cobalt, et autour de 60% pour le lithium et le nickel », précise pour sa part l'AIE.

Si le recyclage reste encore à développer, le taux actuel pour le cuivre est d'à peine 46% contre 86% pour l'or et 60% pour le nickel, l'offre reste largement dépendante de la production minière. Sur les dix premiers mois de l'année, la production minière mondiale a atteint 17,9 millions de tonnes de concentrés par rapport à la même période de 2021, soit une hausse de 1,7%, selon les données du WBMS.

Des mines vieillissantes au Chili

Mais certaines difficultés vont peser sur ce développement. Au Chili, premier fournisseur mondial de cuivre avec un quart du volume consommé dans le monde, la production a enregistré une baisse, de 6%, en 2022, en raison du vieillissement des gisements et des conditions climatiques difficiles, notamment le stress hydraulique (il faut en moyenne 30 m3 d'eau par tonne de minerai de cuivre).

Mais les prix élevés sont aussi source de différends entre groupes miniers et gouvernements. Au Panama, l'exploitation de la plus grande mine de cuivre d'Amérique centrale, située sur la côte de la mer des Caraïbes, à 120 km de la capitale, fonctionne au ralenti. Le gouvernement renégocie avec la compagnie minière canadienne First Quantum Minerals le montant des royalties qu'il voudrait multiplier par 10, pour profiter de la hausse des cours. Un accord est en train d'être finalisé. L'entreprise canadienne a investi plus de 10 milliards de dollars pour le développement du site qui emploie plus de 7.000 salariés, et produit 85 millions de tonnes de minerai dont il extrait 300.000 tonnes de cuivre métal par an.

Car les grands gagnants sont les groupes miniers dont les profits n'ont rien à envier aux groupes pétroliers et gaziers. Une performance qui se reflète dans l'ETF X Copper Miners, qui réplique l'indice des actions des 43 plus importantes groupes miniers producteurs de cuivre. Il a progressé de quelque 43% en 6 mois, et affiche une performance cumulée de 100% en 3 ans !

Robert Jules
Commentaire 1
à écrit le 13/01/2023 à 9:06
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En parlant de cuivre : Deux superhéros. Nous ne sommes pas à Gotham City, mais en Bretagne. Dans le département, deux compères ne luttent pas contre la pègre, mais bien contre les vols de cuivre. Eux, ce sont Frédéric et Stéphane. Ils sont manager...

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