Croissance : les nouveaux confinements du Covid risque de gripper le moteur chinois

Si la croissance chinoise est attendue en hausse pour ce premier trimestre 2022, elle devrait être impactée dès avril par les divers confinements instaurés pour tenter d'enrayer la recrudescence de l'épidémie de Covid dans le pays. Plusieurs constructeurs automobiles redoutent un arrêt de leur production en raison de problème sur les chaînes d'approvisionnement. Dans ce contexte et pour soutenir l'économie, la banque centrale chinoise a annoncé une baisse de 0,25 point du taux de réserve obligatoire des banques.
Un groupe de 12 experts interrogés par l'AFP table en moyenne sur une hausse de 4,3% sur un an du produit intérieur brut (PIB) de la deuxième économie mondiale, sur la période janvier-mars.
Un groupe de 12 experts interrogés par l'AFP table en moyenne sur une hausse de 4,3% sur un an du produit intérieur brut (PIB) de la deuxième économie mondiale, sur la période janvier-mars. (Crédits : Suzanne Plunkett)

Face à la recrudescence des cas de Covid-19 sur son territoire, la Chine a imposé un confinement à plusieurs dizaines de millions de Chinois dans le nord-est du pays, berceau de l'industrie automobile, ainsi qu'à Shanghai, la capitale économique. Une mesure qui nuit gravement au transport logistique, aux chaînes d'approvisionnement et a entraîné la mise à l'arrêt de très nombreuses entreprises.

Si aucune amélioration n'est rapidement constatée, « tous les équipementiers chinois devront arrêter leur production en mai », a indiqué jeudi le patron du constructeur chinois de véhicules électriques XPeng, He Xiaopeng.

XPeng est l'un des concurrents en Chine de l'américain Tesla, qui lui-même a suspendu depuis plus de deux semaines l'activité de sa gigantesque usine de Shanghai, en raison des restrictions contre le Covid.

Un haut responsable de Huawei, également présent sur le créneau des véhicules électriques, s'est fait ce vendredi 15 avril l'écho de ces commentaires et a prévenu que le temps était compté. Le géant chinois des télécoms ne fabrique pas de véhicules, mais fournit à des constructeurs des composants et son système d'exploitation HarmonyOS.

Les ventes de véhicules neufs en Chine ont ainsi reculé en mars de 10,5% sur un an.

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Même les grands constructeurs concernés

Les grands constructeurs internationaux sont également pénalisés par les confinements. Volkswagen a indiqué jeudi 14 avril qu'ils avaient un « impact sérieux » sur son activité en Chine, où le groupe dispose de coentreprises à Changchun (nord-est) et Shanghai. Du fait des restrictions de déplacements, le géant allemand de l'automobile se dit « temporairement incapable de répondre à la forte demande » sur le marché chinois.

Shanghai, qui dispose d'un des plus importants ports du monde, est un point d'entrée et de sortie capital des marchandises en Chine. Et le confinement de la métropole portuaire entraîne de nombreux retards logistiques. Le géant du transport maritime Maersk a ainsi évoqué jeudi « un encombrement des terminaux » au port de Shanghai. Maersk a depuis cessé de prendre de nouvelles commandes de conteneurs réfrigérés et de marchandises dangereuses.

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Croissance de 4,3% malgré tout attendue pour le premier trimestre

Malgré ces perturbations, la Chine devrait annoncer lundi 18 avril un léger rebond de sa croissance au premier trimestre. Un groupe de 12 experts interrogés par l'AFP table en moyenne sur une hausse de 4,3% sur un an du produit intérieur brut (PIB) de la deuxième économie mondiale, sur la période janvier-mars. Pour rappel, le PIB de la Chine avait progressé de 4% sur un an au trimestre précédent.

Début 2022, « l'économie chinoise a connu un bon départ », estime l'analyste Gene Ma, de l'Institut de la finance internationale (IIF), notant une reprise de la demande en Chine, des exportations robustes et un meilleur approvisionnement énergétique, après des pénuries d'électricité à l'automne. Mais en mars, une flambée de la souche Omicron suivie de strictes mesures sanitaires pour l'enrayer ont « gravement perturbé les chaînes d'approvisionnement et l'activité industrielle », a-t-il souligné.

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« L'impact du confinement (sur l'économie) se fera sentir à partir d'avril » qui a marqué un summum pour les restrictions, prévient l'analyste Tommy Xie, de la banque OCBC, basée à Singapour. À contre-courant de bon nombre de pays qui optent pour une cohabitation avec le virus et lèvent les restrictions, la Chine continue à suivre une politique zéro Covid. Cette stratégie, qui a permis au pays de retrouver une vie quasi normale après le premier choc épidémique en 2020, pèse désormais lourdement sur l'économie en raison notamment des confinements.

Avant même ces confinements, le géant asiatique se préparait à un ralentissement de sa croissance, arguant de « risques » plus nombreux en raison des incertitudes mondiales liées au Covid-19 et à la guerre en Ukraine. Pékin s'est fixé comme objectif une hausse du PIB « d'environ 5,5% » cette année, ce qui serait pour la Chine son rythme de croissance le plus faible depuis le début des années 1990, hors période Covid. Des économistes doutent désormais que le pays parviendra à atteindre son objectif.

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La banque centrale chinoise abaisse un taux d'intérêt sur fond de Covid

Par ailleurs, la banque centrale chinoise a annoncé ce vendredi 15 avril une baisse de 0,25 point du taux de réserve obligatoire des banques. Ce taux est la part des dépôts que les banques sont tenues de garder dans leurs coffres. La dernière baisse du taux de réserve obligatoire remontait à décembre.

La mesure, qui sera effective au 25 avril, vise à alléger la pression sur les établissements financiers pour les encourager à accorder davantage de crédits, à des conditions plus favorables, aux entreprises, et in fine à soutenir l'économie. D'après la banque centrale, cette décision doit permettre d'injecter à long terme 530 milliards de yuans (77 milliards d'euros) dans l'économie.

L'ajout de liquidités « peut aider à la marge » l'économie, mais « ne s'attaque pas à la racine du problème », signale l'économiste Zhiwei Zhang, du cabinet Pinpoint Asset Management. Car « le principal défi [...] est le variant Omicron, et les confinements qui restreignent la mobilité », estime-t-il. L'économie est également fragilisée par une crise dans l'immobilier avec les déboires du promoteur Evergrande, au bord de la faillite, qui grippe tout un secteur auparavant moteur.

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(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 17/04/2022 à 7:12
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Au vu de la faible létalité des variants actuellement actifs du coronavirus, la politique extrémiste de la Chine de "zéro-covid" est assez absurde : très mauvaise sur le plan économique et contre-productive sur le plan politique (elle indispose une f...

à écrit le 16/04/2022 à 9:50
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Si la Chine vous intéresse, ne manquez pas de lire "Un siècle chinois" de Jean Tuan (C.L.C. Éditions), publié en avril 2022. Préfacé par Marie Holzman, sinologue de renom, ce récit évoque le parcours du père de l'auteur venu en France en 1929 depuis ...

à écrit le 16/04/2022 à 3:12
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Les joies du capitalisme.

à écrit le 15/04/2022 à 21:10
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Au début, la Chine avait raison.... aujourd'hui la stratégie 0 Covid et des vaccins à l'efficacité douteuse la conduise vers des zones dangereuses. Et puis, cette manie d'enfermer les gens pour un oui, un non, un Covid... incorrigibles les Stalino C...

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