Emploi aux Etats-Unis : la situation se rééquilibre, les marchés satisfaits

Les créations d'emplois ont encore dépassé les prévisions. En revanche, le taux de chômage a augmenté. Ce qui signifie que le marché du travail se rééquilibre de plus en plus, alors que l'emploi est une variable clé pour la politique monétaire de la Fed. Et les marchés attendent avec impatience la prochaine baisse des taux.
Les créations d'emplois ont surpassé les attentes en février aux Etats-Unis mais le taux de chômage a légèrement augment (photo d'illustration).
Les créations d'emplois ont surpassé les attentes en février aux Etats-Unis mais le taux de chômage a légèrement augment (photo d'illustration). (Crédits : Fred Prouser)

Bonne nouvelle sur le front de l'emploi américain. Les créations d'emplois ont surpassé les attentes en février aux Etats-Unis, mais le taux de chômage a légèrement augmenté, montrant que la situation se rééquilibre sur le marché du travail. A tel point que le président Joe Biden a vanté jeudi soir la bonne santé du marché lors de son discours sur l'état de l'Union, devant le Congrès. De quoi appuyer son bilan pour conserver son poste à la Maison Blanche, à l'issue de l'élection présidentielle de novembre, qui devrait de nouveau l'opposer à l'ancien président républicain, Donald Trump.

« Quinze millions d'emplois ont été créés en trois ans, c'est un record. Et le taux de chômage est le plus bas depuis 50 ans », a-t-il lancé.

Dans le détail, le taux de chômage a grimpé en février à 3,9%, son plus haut niveau depuis janvier 2022, contre 3,7% en janvier, selon les chiffres publiés ce vendredi par le département du Travail. Et 275.000 emplois ont été créés, en hausse par rapport à janvier, puisque les créations d'emplois du premier mois de 2024 ont été révisées à la baisse, à 229.000 contre 353.000 initialement annoncées. Celles de décembre avaient, elles aussi, été surestimées, et ont été révisées, à 290.000 contre 333.000.

Ces révisions montrent « une croissance de l'emploi moins forte que ce qui était estimé précédemment. Malgré cela, l'économie continue de créer des emplois à un rythme rapide », a commenté Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour High Frequency Economics.

« L'offre et la demande de main-d'œuvre continueront de se rééquilibrer dans les mois à venir », anticipe de son côté Lydia Boussour, économiste pour EY Parthenon.

Moins de licenciements

Le marché du travail américain était moins flexible ces derniers temps. Il faut dire qu'échaudées par les difficultés à embaucher et à garder leurs employés, les entreprises sont désormais prudentes lorsqu'il s'agit de licencier, même lorsque l'activité économique ralentit. Une pénurie de main-d'œuvre pendant plus de deux ans avait fait flamber les salaires, alimentant la hausse des prix à la consommation.

« Les licenciements restent faibles, ce qui est cohérent avec l'idée selon laquelle (...) les entreprises embauchent et licencient moins de travailleurs que la normale », observe ainsi Krishna Guha, économiste pour Evercore, société de conseil en investissements.

Fin janvier, encore 8,9 millions de postes étaient tout de même vacants, en très légère baisse par rapport à décembre, selon des données publiées, mercredi également, par le département du Travail dans son rapport JOLTS. Il y a eu 3,4 millions de démissions en janvier, là aussi un chiffre sensiblement identique à celui de décembre.

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Vers une baisse des taux prochaine ?

Quant aux salaires, ils « se sont modérés après un gain démesuré au début de l'année », a souligné la cheffe économiste Rubeela Farooqi. Un enjeu d'autant plus important que le marché de l'emploi est une variable clé de la politique monétaire de la Fed. Cette modération devrait donc être vue comme un signe positif par la banque centrale américaine, qui cherche à faire ralentir durablement l'inflation.

Après avoir relevé ses taux pour faire ralentir la consommation et ainsi desserrer la pression sur les prix, la Fed envisage désormais de les abaisser dans les mois à venir, ce qui rendra le crédit plus accessible aux ménages et entreprises.

L'inflation « s'est considérablement atténuée », et ce, « sans augmentation significative du chômage », a salué mercredi le président de la Fed, Jerome Powell, lors d'une audition à la Chambre des représentants. Il a cependant mis en garde sur le fait que « les perspectives économiques sont incertaines et la poursuite des progrès vers notre objectif d'inflation de 2% n'est pas assurée ».

Les marchés positifs

Ce vendredi, les marchés ont accueilli ces chiffres avec bienveillance. Wall Street a ouvert en hausse, vendredi, plutôt satisfaite du rapport sur l'emploi américain, qui témoigne d'une économie encore vigoureuse mais d'une inflation toujours en phase de décélération. Vers 14h55 GMT (15h55 à Paris), le Dow Jones gagnait 0,31%, l'indice Nasdaq prenait 0,63% et l'indice élargi S&P 500 s'appréciait de 0,42%. Le S&P 500 se dirigeait vers un nouveau record en clôture, le second d'affilée, de même que le Nasdaq.

Pourtant, le marché a d'abord hoqueté à la vue des 275.000 créations d'emplois en février, soit sensiblement plus que les 200.000 attendues par les économistes. Les contrats à terme sur les indices sont brièvement tombés dans le rouge et les taux obligataires se sont tendus. Mais après quelques minutes, la tendance s'est inversée.

« Il y a plus de bonnes nouvelles que de mauvaises », a commenté Art Hogan, de B. Riley Wealth Management, au sujet du rapport, le chiffre de février étant relativisé par la révision de celui de janvier en baisse de 124.000 postes. Par ailleurs, les investisseurs ont salué la hausse modérée (+0,1% sur un mois) du salaire moyen, inférieure aux projections (+0,3%).

« La Fed va bien accueillir ces créations d'emplois, car elles s'accompagnent d'une modération (de la hausse) des salaires », a réagi Rubeela Farroqi, de High Frequency Economics, dans une note.

« Je ne pense pas que cela change les attentes en matière de baisses de taux, avec une première réduction en juin ou juillet », a estimé de son côté Art Hogan.

« Mais le marché est à l'aise à l'idée de voir seulement deux ou trois baisses (cette année) car l'économie reste résiliente plutôt que d'en avoir six ou sept » qui seraient rendues nécessaires par une conjoncture très dégradée, a fait valoir l'analyste.

Pour Gina Bolvin, de Bolvin Wealth Managanement Group, le petit sursaut du taux de chômage, à 3,9% contre 3,7% précédemment, renforce le scénario d'un premier coup de rabot de la Fed en juin.

Illustration de la sérénité de la place new-yorkaise, les taux obligataires revenaient aux niveaux de la veille en clôture. Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans était ainsi inchangé, à 4,08%.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 09/03/2024 à 18:21
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On se fait mousser avec les chiffres de l'emploi (sans les analyser) alors qu'ils seront révisés ensuite, comme ils l'ont été jusqu'à présent. N'oubliez pas la bataille des élections présidentielles où faire semblant que l'économie et l'emploi sont ...

à écrit le 09/03/2024 à 8:54
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"Et les marchés attendent avec impatience la prochaine baisse des taux" Car les marchés sont binaires tout comem leurs acteurs. Nos dirigeants sont faibles.

le 09/03/2024 à 16:55
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"les marchés satisfaits " Si les marchés sont satisfaits tout va bien ...madame la marquise !!!

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