Aux Etats-Unis, le chômage est toujours à un niveau très bas

Malgré les mesures de lutte contre l'inflation menées par la Banque centrale américaine (FED), les inscriptions au chômage sont tombées, la semaine dernière (entre le 18 et le 24 septembre), à leur plus bas niveau depuis avril. Signe que les employeurs sont toujours réticents à licencier et que le marché de l'emploi reste tendu. Le taux de chômage du mois de septembre sera publié le 7 octobre. En août il stagnait toujours à 3,7%.
Le nombre d'inscriptions au chômage passe sous la barre des 200.000 entre le 18 et le 24 septembre.
Le nombre d'inscriptions au chômage passe sous la barre des 200.000 entre le 18 et le 24 septembre. (Crédits : Reuters)

La politique monétaire américaine n'a pas encore d'effets sur le marché du Travail outre-Atlantique. La Banque centrale américaine qui cherche à faire ralentir l'activité économique afin de desserrer la pression sur les prix, en augmentant régulièrement les taux directeurs devrait finir par faire augmenter le taux de chômage. Mais ce n'est pas encore le cas.

D'après les données hebdomadaires publiées jeudi par le Département du Travail américain, entre le 18 et le 24 septembre, 193.000 américains se sont inscrits pour recevoir l'allocation chômage. Cela correspond à 16.000 personnes en moins que la semaine précédente. Ce nombre d'inscriptions, très faible, repasse ainsi sous la barre des 200.000 pour la première fois depuis mai et tombe même à son plus bas niveau depuis le mois d'avril.

« Le faible niveau des demandes d'indemnisation rappelle que les conditions du marché du travail restent extrêmement tendues », a commenté dans une note Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics.

Alors que le taux de chômage du mois de septembre sera publié le 7 octobre, celui d'août stagnait toujours à 3,7%. Dans la zone euro aussi, le taux de chômage reste également faible, à un niveau historiquement bas même. En août, comme en juillet, il stagnait à 6,6% selon les données d'Eurostat publiées vendredi.

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Inflation forte à 8,3%

Le pays subit actuellement une inflation forte qui s'élevait à 8,3% en août et qui s'explique en partie par la forte reprise économique post-covid à laquelle l'outil de production américain peine à répondre. La hausse des prix est également alimentée par ce manque de main-d'œuvre qui fragilise le pays depuis plusieurs mois. Le phénomène de la grande démission a même vu 47 millions d'Américains quitter leur emploi en 2021 et 20 millions au cours des cinq premiers mois de l'année 2022, tirant vers le bas la production, déjà faible.

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Avec un pouvoir d'achat en berne grevé par l'inflation, les travailleurs sont à la recherche de meilleurs salaires qui sont poussés à la hausse par le déséquilibre entre l'offre et la demande. De quoi faire craindre une spirale inflationniste : les travailleurs exigent des revalorisations salariales que les employeurs répercutent sur leurs prix pour ne pas perdre leurs marges, ce qui alimente d'autant l'inflation.

La pénurie de travailleurs est l'une des sources de l'inflation, a confirmé la ministre de l'Économie et des Finances américaine, Janet Yellen, évoquant « probablement des pressions inflationnistes provenant du marché du travail », et soulignant que « c'est le travail de la Fed (...) de remédier aux déséquilibres de l'offre et de la demande ».

La Fed veut freiner l'activité économique

« Le déséquilibre entre l'offre et la demande de travailleurs, qui exerce une pression à la hausse sur les salaires, est un facteur clé derrière les plans de la Fed (la banque centrale américaine, Ndlr) de continuer à augmenter agressivement les taux directeurs », a abondé Nancy Vanden Houten.

Pour tenter d'endiguer l'inflation qui s'est établie à 6,3% sur un an en juillet, selon le plus récent chiffre disponible de l'indice PCE, utilisé par la Fed, la Réserve fédérale américaine (Fed), qui veut ramener ce taux autour de 2%, multiplie les resserrements monétaires afin de ralentir l'activité économique et donc desserrer la pression sur les prix.

Le dernier en date, le 21 septembre, a permis une remontée de ses taux directeurs de 0,75 point de pourcentage pour les fixer entre 3 et 3,25% contre 0,25% en mars dernier. De fait, elle pousse les banques commerciales à relever elles aussi les taux des crédits qu'elles proposent à leurs clients, particuliers et entreprises, freinant ainsi la demande.

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Un taux de chômage à + de 5% pour faire baisser l'inflation ?

Cette politique devrait se poursuivre, la hausse des prix ne s'essoufflant pas assez vite pour la Fed. Son président, Jerome Powell, a donc prévenu qu'il monterait les taux à 4,4% en fin d'année... au risque d'emmener le pays vers la récession.

Alors qu'un ralentissement de l'économie devrait finir par faire augmenter le taux de chômage, Janet Yellen, s'est toutefois voulue rassurante le 23 septembre. « Je pense qu'un chemin existe pour réussir à faire baisser l'inflation, tout en maintenant (...) un marché du travail solide. Et j'espère vivement que la Fed y parviendra », a-t-elle affirmé.

Le taux de chômage devrait atteindre 3,8% en moyenne en 2022 (3,7% précédemment anticipés), puis grimper à 4,4% en 2023 (contre 3,9%). Il était en août de 3,7%, l'un des plus bas des 50 dernières années. Mais certains économistes estiment que ces prévisions sont trop basses et qu'il faudrait sans doute que le taux de chômage dépasse les 5% pour voir un ralentissement fort et durable de l'inflation.

Pour Janet Yellen, il y a « besoin d'atténuer la pression du marché du travail », a-t-elle reconnu, sans cependant « que le taux de chômage (doive) augmenter autant ». « Nous pouvons encore avoir un bon marché du travail solide. Sans autant de pression sur les salaires», espère-t-elle.

(Avec AFP)

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