Inflation : les prix flambent en Europe et aux États-Unis et ne sont pas prêts de baisser

La hausse des prix au mois de février s'est ressentie de la France aux États-Unis en passant par l'Allemagne, l'Espagne ou encore le Royaume-Uni. Face à ces augmentations, qui atteignent parfois des records, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé d'accélérer le retrait progressif de ses rachats de dette, tout en se laissant du temps avant d'agir sur les taux.
Pour la BCE, la guerre et les sanctions prises contre Moscou auront « un impact important sur l'activité économique et l'inflation, par la hausse des prix de l'énergie et des matières premières, la perturbation du commerce international et la confiance ».
Pour la BCE, la guerre et les sanctions prises contre Moscou auront « un impact important sur l'activité économique et l'inflation, par la hausse des prix de l'énergie et des matières premières, la perturbation du commerce international et la confiance ». (Crédits : Reuters)

Les pays du monde sont confrontés depuis plusieurs mois à une forte accélération de l'inflation, due aux tensions provoquées sur les marchés par le redémarrage de l'économie après les restrictions dues au Covid-19. À cela s'ajoute désormais les conséquences de l'invasion russe en Ukraine, qui a notamment aggravé l'explosion historique des prix de l'énergie.

En raison de ce conflit, la BCE a fortement revu à la hausse jeudi 11 mars ses prévisions d'inflation en zone euro pour cette année, à 5,1%, contre 3,2% auparavant, et à 2,1% contre 1,8% pour 2023.

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Elle a par ailleurs décidé d'accélérer le retrait progressif de ses rachats de dette, tout en décidant de se laisser du temps avant d'agir sur les taux. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a toutefois prévenu que la guerre et les sanctions prises contre Moscou auront « un impact important sur l'activité économique et l'inflation, par la hausse des prix de l'énergie et des matières premières, la perturbation du commerce international et la confiance ».

Avant même le lancement de l'offensive russe en Ukraine, la zone euro enregistrait un niveau d'inflation record en février, avec un avec un taux qui s'est affiché à 5,8% sur un an, après 5,1% en janvier. Ce phénomène est aujourd'hui aggravé par la guerre en Ukraine et les sanctions prises contre la Russie, qui ont entraîné une flambée des cours du gaz, du pétrole et de certaines matières premières et produits alimentaires.

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Moins de 4% en France, plus de 7% en Espagne

L'inflation ne touche néanmoins pas les pays de la même façon. Selon l'estimation provisoire de l'Insee réalisée fin février - les chiffres définitifs seront donnés le 15 mars prochain -, les prix à la consommation augmenteraient de 3,6% en février 2022 sur un an, après +2,9% le mois précédent. Cette hausse de l'inflation résulterait d'une accélération des prix de l'énergie, des services, des produits manufacturés et de l'alimentation.

En Allemagne, l'inflation s'est de nouveau accélérée en atteignant 5,1% sur un an en février, après un timide ralentissement observé en janvier (4,9%), le premier depuis juin 2021, a indiqué ce vendredi l'institut Destatis, confirmant sa première estimation. L'indicateur s'approche du record atteint en décembre à 5,3%. Il est tiré par les prix de l'énergie (+22,5% contre 20,5% en janvier), alors même que la flambée actuelle liée à la guerre en Ukraine « n'est pas encore reflétée dans les données de février », selon Georg Thiel, président de l'institut statistique. L'indice des prix harmonisé, qui sert de référence au niveau européen, atteint quant à lui 5,5%, très largement au-dessus l'objectif de la Banque centrale européenne (BCE) d'une inflation à 2% dans la zone euro.

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L'inflation en Espagne, de son côté, a atteint 7,6% en février sur un an. Ce chiffre, supérieur à l'estimation initiale de 7,4% publiée fin février, traduit une nette accélération par rapport à janvier, où l'inflation avait déjà atteint 6,2%. Un tel niveau n'avait plus été atteint « depuis décembre 1986 », souligne l'Institut national de la statistique (INE). D'après l'organisme public, cette dynamique s'explique par l'envolée des prix des « produits énergétiques » (+44,3% sur un an) et des « carburants et combustibles » (+26,9% sur un an), qui s'est répercutée sur l'ensemble de l'économie espagnole.

Près de 9% au Royaume-Uni ?

Concernant le Royaume-Uni, les analystes s'accordent à dire que l'inflation dépassera allègrement la dernière estimation de la Banque d'Angleterre, qui envisageait début février un pic à 7,25% en avril. Elle pourrait même atteindre 8,7%, prévient le centre de réflexion économique CEBR, ce qui devrait faire chuter drastiquement le niveau de vie des Britanniques cette année, de quelque 2.553 livres (plus de 3.000 euros) par ménage en moyenne.

Pour amortir ce coup porté au pouvoir d'achat des ménages, Paul Dales, de Capital Economics, estime que le gouvernement peut se permettre d'emprunter davantage que d'ordinaire, sans pour autant porter atteinte à ses objectifs d'équilibre fiscal. Le Royaume-Uni n'est en effet « pas aussi exposé aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine que le reste de l'Europe », notamment car le pays, producteur d'hydrocarbures, est moins dépendant des énergies russes, rappelle-t-il.

Il est aussi possible, selon lui, que le rebond de l'activité enregistré en janvier (PIB en hausse de +0,8% après une baisse de -0,2% en décembre) se soit poursuivi en février. Néanmoins, le « coup porté au revenu réel disponible des ménages » en raison de la flambée des prix de l'énergie ainsi que des hausses d'impôts prévues en avril, commenceront à se faire sentir dans la foulée, selon lui.

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Aux États-Unis, une inflation au plus haut depuis 40 ans, à 7,9%

L'inflation s'est élevée en février à 7,9% sur un an, selon l'indice des prix à la consommation (CPI) publié par le département du Travail. Il s'agit de la plus forte hausse des prix annuelle depuis janvier 1982. Joe Biden a mis en avant l'impact des conséquences de la guerre en Ukraine, soulignant que « les familles (américaines) commencent à ressentir les effets de la hausse des prix de Poutine ».

« L'augmentation des prix du gaz et de l'énergie a largement contribué à l'inflation ce mois-ci, les marchés ayant réagi aux actions agressives de Poutine », a déclaré le président américain dans un communiqué.

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L'inflation a en effet accéléré en février, les prix augmentant de 0,8% contre 0,6% le mois précédent. Et près d'un tiers de cette hausse est due au bond des prix de l'essence , qui grimpent de 6,6% par rapport à janvier. Le fait que les États-Unis soient le premier producteur de pétrole, devant la Russie, ne joue pas : « Même si nous ne leur en achetons pas beaucoup, les prix du pétrole sont fixés en fonction de l'offre et de la demande mondiales », rappelle Diane Swonk, cheffe économiste pour Grant Thornton. Et les prix de l'essence devraient continuer à grimper en mars, alors que le prix du baril talonne son record absolu de 2008.

Et la flambée ne devrait pas ralentir de sitôt, alerte-t-elle : « Nous verrons probablement une autre année au cours de laquelle les chiffres de l'inflation sur 12 mois resteront très inconfortablement élevés », a commenté la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, sur la chaîne CNBC.

Les yeux se tournent désormais vers la banque centrale américaine, la Fed, qui tiendra mardi et mercredi prochain sa réunion de politique monétaire, au cours de laquelle elle devrait décider de commencer à relever les taux directeurs abaissés il y a deux ans. Cela doit renchérir le coût du crédit et ralentir la demande, et donc la pression sur les prix.

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(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 11/03/2022 à 18:30
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Ne sont pas PRÈS de baisser

à écrit le 11/03/2022 à 14:27
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L’inflation entretient l'inflation. Certains en profite : puisque tout augmente un peu, autant augmenter franchement, ON mettra cela sur le dos de la guerre...

à écrit le 11/03/2022 à 13:58
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Des dizaines de milliers de milliards planqués dans les paradis fiscaux de ceux qui ont anéanti notre monde n'attendent que de réparer leurs désastreux dégâts.

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