L'Arabie saoudite va augmenter sa production de pétrole d'un million de barils par jour d'ici 2027

Le royaume va augmenter sa capacité de production quotidienne de pétrole de 7,7% d'ici fin 2026 ou début 2027. Il dépassera ainsi les 13 millions de barils produits par jour. L'essor du secteur pétrolier permet à l'Arabie Saoudite d'enregistrer des chiffres de croissance record : +9,6% au premier trimestre 2022 et +7,6% attendu pour l'année.
« Le plus probable, c'est de 13,2 à 13,4 (millions de barils par jour), mais fin 2026 ou début 2027 », a déclaré le ministre, le prince Abdelaziz ben Salmane.
« Le plus probable, c'est de 13,2 à 13,4 (millions de barils par jour), mais fin 2026 ou début 2027 », a déclaré le ministre, le prince Abdelaziz ben Salmane. (Crédits : Ahmed Jadallah)

L'Arabie saoudite prévoit d'augmenter sa capacité de production quotidienne de pétrole de plus d'un million de barils pour dépasser les 13 millions de barils par jour d'ici à début 2027, a indiqué ce lundi 16 mai le ministre de l'Énergie.

« Le plus probable, c'est de 13,2 à 13,4 (millions de barils par jour), mais fin 2026 ou début 2027 », a déclaré le ministre, le prince Abdelaziz ben Salmane, lors d'une conférence à Bahreïn. Il a toutefois précisé que la production à ce niveau sera maintenue « si le marché le permet ».

La compagnie nationale saoudienne Saudi Aramco avait annoncé en mars 2020 que le ministère de l'Énergie lui avait ordonné d'augmenter sa capacité maximale de production de 12 à 13 millions de barils par jour. Aucun calendrier n'avait alors été donné pour ce nouvel objectif.

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Meilleur taux de croissance en 10 ans

Grâce à l'essor du secteur pétrolier, l'Arabie saoudite a enregistré son taux de croissance le plus important en dix ans, avec une hausse de 9,6% au premier trimestre 2022 par rapport à la même période l'an dernier.

Le secteur pétrolier a enregistré une hausse de 20,4% au premier trimestre comparé au premier trimestre 2021, tandis que les activités non pétrolières ont progressé de 3,7%, a précisé l'Autorité statistique saoudienne dans ses premières estimations publiées début mai. Les données pour le trimestre 2022 sont toutefois « encore incomplètes » et pourront être révisées.

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La guerre en Ukraine et la flambée des prix du brut ont été une aubaine pour les États producteurs de pétrole comme l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut. La compagnie nationale saoudienne d'hydrocarbures, Saudi Aramco, vient de dévoiler ses chiffres trimestriels et affiche un bénéfice net de 39,5 milliards de dollars entre janvier et mars 2022, soit 82% de plus par rapport à la même période en 2021.

Grâce aux bons résultats de ce fleuron du royaume, source essentielle de ses revenus, le PIB du royaume devrait croître de 7,6 % pour l'ensemble de l'année 2022, selon des prévisions du Fonds monétaire international. L'Arabie Saoudite cherche néanmoins à ouvrir et à diversifier son économie dépendante du pétrole, particulièrement depuis la désignation de Mohammed ben Salmane comme prince héritier en 2017. D'après l'agence Fitch, le pétrole représente encore plus de 60% des recettes budgétaires totales du royaume.

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Une augmentation jusqu'alors refusée

Premier exportateur mondial de pétrole, l'Arabie saoudite n'a jusqu'ici pas donné suite aux récents appels des États-Unis d'augmenter sa production pour tenter de contenir les cours de l'or noir qui ont grimpé en flèche depuis le déclenchement le 24 février de l'offensive militaire russe en Ukraine.

Au début de la guerre, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont en effet souligné leur engagement envers l'Opep+, une organisation qui réunit les 13 membres de l'Opep, menée par l'Arabie saoudite, et dix autres pays exportateurs de pétrole non membres de l'Opep, menés par la Russie. Début mai, ces pays avaient convenu d'une hausse marginale de leur production de pétrole, de 400.000 barils par jour en avril, comme ils l'avaient fait en février et mars. En réalité, plusieurs membres n'arrivent pas à atteindre leur quota de production et seulement 10.000 barils quotidiens supplémentaires ont été comptabilisés, selon une enquête menée par l'agence Bloomberg.

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Parmi les mauvais élèves, l'Angola, le Nigeria, le Congo, et la Guinée équatoriale ont du mal à augmenter leur production, certains « la voyant même chuter », explique à l'AFP Neil Wilson, de Markets.com. Raison principale : « un manque d'investissement » dans les infrastructures durant la pandémie et « une mauvaise gestion », souligne Tamas Varga, analyste chez PVM Energy.

Autre État « sous-performant », la Libye, en proie à une longue et grave crise politico-institutionnelle qui a entraîné le blocage de sites pétroliers. La Russie est « sur le point de rejoindre ce groupe » en raison des sanctions occidentales, en représailles de la guerre en Ukraine, ajoute l'expert. À l'inverse, l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial de brut, et les Émirats arabes unis ont des réserves..

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Maintenir la cohésion du groupe

Pourquoi ces deux pays ne compensent pas la production des États défaillants ? « Pomper davantage entraînerait une baisse des prix pour tout le monde, de sorte que les pays qui produisent moins gagneraient moins pour les mêmes volumes », d'après Ipek Ozkardeskaya, analyste pour Swissquote. Or, d'après Tamas Varga, Ryad et Abou Dhabi « ne voudraient pas mettre en péril la fragile cohésion du groupe en se portant volontaires pour combler le déficit d'approvisionnement ».

Pour Walid Koudmani, analyste chez XTB, il serait même « avantageux » pour les pays de l'Opep+ de sous-produire « parfois afin de maintenir des prix élevés, d'autant plus que de nombreux pays tentent maintenant de trouver des alternatives au pétrole russe ». Mais pour Tamas Varga, le cartel est surtout « soucieux d'envoyer un message d'unité. La suspension ou la résiliation de l'accord signifierait que l'organisation est en déroute ».

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(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 17/05/2022 à 2:00
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Les promesses d'un bédouin aussi volatiles que le sable du désert...

à écrit le 16/05/2022 à 19:11
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à 113 US dollar le WTI, ça serait "ballot" de ne pas en profiter.

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