Valorisation boursière : le pétrolier Aramco reprend à Apple sa couronne

Alors qu'Apple ouvrait l'année 2022 en fanfare en franchissant des niveaux de valeur boursière stratosphériques au pic du cycle haussier de Wall Street, le balancier repartait en sens inverse avec le resserrement des taux et la guerre en Ukraine. Pendant ce temps-là, la reprise économique faisait remonter les prix des énergies fossiles, gonflant les résultats des compagnies pétrolières au premier rang desquelles le joyau du royaume wahhabite, Aramco, bousculant à nouveau le palmarès mondial.
Jérôme Cristiani
Sous la houlette du prince héritier Mohammed ben Salman (MBS), la compagnie pétrolière a transféré en février dernier quelque 4% de ses actions au fonds souverain saoudien, le PIF, chargé de la décarbonation de l'économie. Photo d'illustration: le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salman, février 2022, lors de la 2e édition du Grand Prix d'Arabie saoudite se déroulant sur le Jeddah Corniche Circuit.
Sous la houlette du prince héritier Mohammed ben Salman (MBS), la compagnie pétrolière a transféré en février dernier quelque 4% de ses actions au fonds souverain saoudien, le PIF, chargé de la décarbonation de l'économie. Photo d'illustration: le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salman, février 2022, lors de la 2e édition du Grand Prix d'Arabie saoudite se déroulant sur le Jeddah Corniche Circuit. (Crédits : BANDAR ALGALOUD/COURTESY OF SAUD)

Le pétrolier saoudien Saudi Aramco vient de détrôner Apple du rang de première capitalisation boursière mondiale. Mais ce n'est pas la première fois.

Lors de son introduction en Bourse le 6 décembre 2019, Aramco réussissait haut la main son pari de lever 25 milliards de dollars et d'obtenir une valorisation de 1.700 milliards de dollars. Certes, c'était moins que les 2.000 milliards de dollars de capitalisation visés et la levée de 100 milliards espérée par le prince héritier Mohammed ben Salmane à l'annonce du projet quatre ans auparavant. Mais c'était quand même la plus grosse introduction en Bourse de l'histoire qui, en projetant le géant pétrolier saoudien directement sur la première marche, bouleversait le podium de l'époque (Apple 1.200 milliards, Microsoft 1.140 milliards, et Alibaba 1.051 milliards).

La pandémie fait bondir la Tech, la remontée des taux la fait chuter

Mais depuis la pandémie de Covid qui a accéléré tous azimuts et durablement la digitalisation des entreprises, le cours de l'action Apple repartait vers les cimes. Après avoir récupéré sa couronne en août 2020, Apple bondissait vers des niveaux stratosphériques jusqu'à franchir le 3 janvier 2022, au pic du cycle haussier de Wall Street, la barre des 3.000 milliards de dollars de valorisation boursière (l'action culminant à 182 dollars), un niveau jamais atteint par aucune autre entreprise.

Patatras, dès le 5 janvier, dans le sillage du resserrement de la politique monétaire initié par la Fed (la remontée des taux faisant chuter la Tech) pour lutter contre l'inflation galopante aux États-Unis, l'indice Nasdaq chutait, le déclenchement de la guerre en Ukraine à partir du 24 février aggravant la situation. Au bilan, la perte cumulée du secteur des technologiques depuis le début de l'année a atteint -25%.

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Le cours d'Apple a baissé de -21% depuis le début 2022

Et hier, mercredi 11 mai 2022, à la Bourse de New York, les poids lourds de la tech ont connu l'une de leurs pires journées de l'année: Microsoft -3,32%, Tesla -8,25% et Meta (ex-Facebook) -4,51%. L'action Apple était sévèrement chahutée, cédant vers 16h jusqu'à -5,18% et finissant à 145,50 dollars en clôture avec une valorisation de 2.371 milliards de dollars. De fait, comparée aux 3.000 milliards de début janvier, la valorisation de la firme de Cupertino s'affichait en baisse de -21%.

Pour autant, dans la Tech, Apple est certainement l'une de celles qui s'en tirent le mieux: même si son 2e trimestre fiscal montre des signes de ralentissement, le chiffre d'affaires a encore grimpé, dépassant les attentes des analystes. Toutefois, c'est bien la première fois depuis le 4e trimestre fiscal 2020 qu'Apple affiche une croissance trimestrielle à un seul chiffre.

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Le cours d'Aramco a grimpé de 27% depuis janvier

En revanche, avec l'allègement des mesures de restriction anti-Covid et la solide reprise économique mondiale, les prix des énergies fossiles flambaient, gonflant les résultats des compagnies pétrolières au premier desquelles, le joyau du royaume wahhabite d'Arabie saoudite, Aramco, ce qui bousculait à nouveau le palmarès mondial.

Dopés par la récente flambée des cours du pétrole brut, la capitalisation en Bourse de Saudi Aramco, la compagnie nationale saoudienne d'hydrocarbures, a atteint 2.430 milliards de dollars mercredi, selon les chiffres de Bloomberg, dépassant d'un peu plus de 2% celle du fabricant d'iPhones.

L'action Aramco, a clos à 45,50 riyal saoudien, en baisse de 0,98% sur la séance mais en hausse de 27% depuis le début de l'année avec la montée des cours du brut qui a favorisé les entreprises énergétiques.

La remontée des cours du pétrole est la conjonction de plusieurs facteurs: principalement, l'augmentation de la demande mondiale avec la reprise de l'activité économique d'un côté, et une offre insuffisante de l'autre, les pays producteurs ayant des difficultés à accroître leur capacité de production, excepté l'Arabie saoudite mais qui s'astreint à rester dans le cadre de l'augmentation progressive décidée au sein de l'Opep.

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Les hydrocarbures, un marché à rude école depuis la pandémie

Ces dernière années, le marché des matières premières, et particulièrement celui des hydrocarbures, a été à rude école. Pour rappel, en mars 2020, à cause de la pandémie de coronavirus, l'activité mondiale se figeait et les Bourses du Golfe dégringolaient et dans la foulée, l'action Saudi Aramco chutait pour la première fois en dessous de son prix d'introduction en Bourse.

Mais en août 2021, alors que les prix du baril avaient presque doublé en un an -reprise de la demande mondiale oblige-, le géant pétrolier saoudien annonçait avoir quasiment quadruplé son bénéfice au 2e trimestre à 25,5 milliards de dollars... et avoir déjà versé 18,8 milliards de dollars de dividendes à ses actionnaires.

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Et tout récemment, en février dernier, surfant sur la flambée des prix du pétrole, l'Arabie saoudite, sous la houlette du prince héritier Mohammed ben Salman (MBS), décidait de se préparer un avenir décarboné et de le financer grâce aux énormes profit de la Saudi Aramco: la compagnie pétrolière d'État recevait l'ordre de transférer quelque 4% de ses actions au fonds souverain saoudien, le PIF, chargé de la décarbonation de l'économie.

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Jérôme Cristiani

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