La Banque d'Angleterre monte ses taux de 0,25 point face à des « pressions inflationnistes persistantes »

L'institution britannique opère ainsi la quatorzième hausse consécutive de ses taux d'intérêt, les portant ainsi à un sommet depuis 2008, à 5,25%. Objectif affiché, lutter contre l'inflation persistante, quitte à nuire à la croissance.
Malgré le ralentissement de la hausse des prix à la consommation, les autorités britanniques restent en effet déterminées à lutter contre l'inflation persistante.
Malgré le ralentissement de la hausse des prix à la consommation, les autorités britanniques restent en effet déterminées à lutter contre l'inflation persistante. (Crédits : Luke MacGregor)

La Banque d'Angleterre (BoE) a relevé ses taux de 0,25 point de pourcentage ce jeudi 3 août. Cette décision concrétise ainsi une 14e hausse consécutive des taux d'intérêt au Royaume-Uni. Elle les porte à un sommet à 5,25%. « Après avoir pris des mesures plus draconiennes lors de sa dernière décision, la Banque d'Angleterre a aujourd'hui (jeudi) remonté d'un quart de point de pourcentage (son taux d'intérêt) à 5,25 %, le niveau le plus élevé depuis avril 2008 », a souligné Marcus Brookes, analyste chez Quilter.

La livre sterling pénalisée

Dans la foulée de cette annonce, la livre britannique a maintenu ses pertes face au dollar et à l'euro jeudi. Vers 13h30 heure de Paris, la devise perdait 0,43% face au billet vert, à 1,26 dollar pour une livre, et baissait de 0,37% face à la monnaie unique, portant  à 1,16  euro pour une livre.

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La livre sterling pourrait aussi être pénalisée à plus long terme par « l'impact négatif » sur les « perspectives de croissance du Royaume-Uni lié à un nouveau resserrement » monétaire, prévient James Harte, analyste chez TickMill, en raison des « craintes de récession ».

Un resserrement de la politique monétaire attendu

La Banque d'Angleterre opte dans les faits pour une hausse de même ampleur que celles de la Réserve fédérale américaine (Fed) et de la Banque centrale européenne (BCE) fin juillet. L'autorité monétaire britannique revoit légèrement à la hausse ses prévisions d'inflation à plus long terme à 2,5% en 2024 et à 1,5% en 2025. Selon les dernières données disponibles, l'inflation reste à 7,9% sur un an en juin au Royaume-Uni, la plus élevée des pays riches du G7 malgré un ralentissement marqué, alimentant une crise du coût de la vie au Royaume-Uni.

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« L'inflation recule et c'est une bonne nouvelle. Nous savons que l'inflation affecte le plus directement les moins riches et nous devons nous assurer qu'elle recule à notre objectif de 2% », résume le patron de la BoE Andrew Bailey dans un communiqué.

Les prix des biens et des matières premières, notamment de l'énergie, ont fait s'envoler l'inflation après les chocs successifs du Brexit, du Covid-19 puis de l'invasion russe de l'Ukraine. C'est désormais l'inflation générée au sein même du Royaume-Uni qui inquiète la banque centrale. Critiquée pour avoir sous-estimé l'ampleur de ces chocs, la BoE assure avoir revu ses projections par rapport à son dernier rapport en mai. Elles doivent permettre d'« intégrer certains des risques à la hausse pour l'inflation, sur les prix locaux et les salaires ».

La BoE assume une politique monétaire restrictive

La banque centrale assume à présent « une politique monétaire restrictive », qui pèse sur la croissance, dans le but de s'assurer « que le taux bancaire restera suffisamment restrictif assez longtemps » pour faire flancher l'inflation.

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 « Certains indicateurs cruciaux, notamment les hausses de salaire, suggèrent que des pressions inflationnistes plus persistantes se matérialisent. Le Comité (de politique monétaire) a décidé lors de cette réunion de monter ses taux », justifie la banque centrale.

Ce poids sur l'économie ne devrait toutefois pas faire plonger le Royaume-Uni dans la récession, estime la BoE. Cette dernière prévoit désormais une croissance atone de 0,5% en 2024 et de 0,25% en 2025, moins bien que ses projections déjà moroses de mai (à 0,75% en 2024 et 0,75% en 2025). Les hausses des taux minent en effet le pouvoir d'emprunt des ménages comme des entreprises. Et les emprunts immobiliers n'étant pas fixés sur le long terme au Royaume-Uni, de nombreux propriétaires voient leurs taux grimper.

Une hausse des taux défendue par le Premier ministre...

Mercredi, le Premier ministre Rishi Sunak a apporté son soutien à la banque centrale : « C'est l'inflation qui créée des problèmes sur les factures, et c'est l'inflation qui fait que la Banque d'Angleterre doit relever ses taux », a-t-il justifié. En accédant au pouvoir, il avait promis que l'inflation, alors à deux chiffres, serait divisée par deux avant fin 2023, ce qui devrait être le cas selon les projections de la BoE.

« Mais cela ne signifie pas que c'est facile pour les familles confrontées à des mensualités plus élevées sur leurs prêts immobiliers, nous continuerons donc à faire ce que nous pouvons pour aider les ménages », a martelé le ministre des Finances, Jeremy Hunt, dans un communiqué ce jeudi.

... mais qui divise au sein du Comité politique monétaire

La stratégie de la banque centrale divise pourtant au sein même du MPC : deux de ses neuf membres souhaitaient remonter les taux de 0,5 point de pourcentage, et un votant voulait laisser les taux inchangés pour éviter de plomber l'économie. Pour les partisans d'une politique plus dure, « il était important de contrer avec plus de vigueur la persistance de l'inflation, souvent sous-estimée par nos prévisions », expliquent-ils dans les minutes de la réunion.

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Au contraire, « les risques d'un resserrement trop marqué augmentent », notamment car les effets des hausses de taux mettent du temps à se répercuter sur l'économie réelle, s'inquiète l'unique votante pour maintenir les taux inchangés. La banque centrale n'a pas amendé son message et prévient toujours que, « s'il y a des preuves de pressions inflationnistes persistantes, plus de resserrement de la politique monétaire serait nécessaire ».

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 04/08/2023 à 8:52
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