Faut-il passer à la semaine de 4 jours ? Cela ne doit pas être « une solution uniforme », répond un expert de l’OCDE

Si certains gouvernements, notamment en Europe, ont lancé des expérimentations sur la semaine de quatre jours, en France, les tests sont menés par les entreprises elles-mêmes. Seulement 5% d’entre elles l’ont d’ailleurs adoptée. Selon Andrea Garnero, spécialiste du marché du travail à l'OCDE, plutôt que d’en faire la norme, il faut « procéder au cas par cas en respectant les spécificités des secteurs et des entreprises ».
Des expérimentations sur la semaine de quatre jours sont menées un peu partout dans le monde : une réduction du temps de travail, avec ou sans perte de salaire, ou des journées plus longues pour avoir un jour de travail en moins.
Des expérimentations sur la semaine de quatre jours sont menées un peu partout dans le monde : une réduction du temps de travail, avec ou sans perte de salaire, ou des journées plus longues pour avoir un jour de travail en moins. (Crédits : POOL New)

La semaine de quatre jours est déjà en place dans certaines entreprises françaises. Et ça ne date pas forcément d'hier. Yprema, spécialisée dans la transformation des matériaux de déconstruction, figure parmi des pionnières puisqu'elle applique ce mode d'organisation depuis... 1999.

Plus récemment, d'autres ont également fait ce pari : le groupe informatique LDLC, qui compte un millier de salariés, la plateforme dédiée à l'univers du travail Welcome to the Jungle ou encore le fournisseur d'électricité Elmy.

Pour autant, les exemples sont plus rares que fréquents. D'après une étude du spécialiste en ressources humaines ADP parue en juillet, tous secteurs confondus, la semaine de quatre jours n'a été adoptée que par 5% des entreprises.

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Procéder au cas par cas

Il ressort de l'étude ADP que « 64% des salariés français, tous secteurs confondus, souhaiteraient bénéficier d'une plus grande flexibilité dans l'organisation de leurs horaires de travail, avec la possibilité de les concentrer sur une semaine de quatre jours ».

Pour Benoit Serre, vice-président de l'association des directeurs des ressources humaines (ANDRH), « les salariés demandent plutôt plus de souplesse dans leur organisation. Quatre ou cinq jours, c'est un faux débat ».

De son côté, Andrea Garnero, spécialiste du marché du travail à l'OCDE, rappelle : « La réflexion sur le temps de travail est opportune, mais ça ne veut pas dire que la meilleure manière est de légiférer sur quatre jours. Quatre jours, ça peut ne pas convenir à certaines personnes s'il faut travailler une heure de plus » le reste des autres jours. Et de conclure : « L'organisation de la semaine optimale n'est écrite nulle part. On peut penser à diverses organisations du travail, mais l'important est de procéder au cas par cas en respectant les spécificités des secteurs et des entreprises, en passant par la négociation collective plutôt que par la loi ».

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Des tests partout dans le monde

En regardant ce qu'il se passe ailleurs, des expérimentations sont menées un peu partout dans le monde. Cela prend des formes très variées selon les pays et les secteurs : une réduction du temps de travail, avec ou sans perte de salaire, ou des journées plus longues pour avoir un jour de travail en moins.

En Belgique par exemple, le gouvernement a adopté fin septembre une réforme du marché du travail incluant la possibilité pour les salariés d'effectuer leur temps plein - qui oscille entre 38 et 40 heures hebdomadaires - sur quatre jours au lieu de cinq. Soit un temps de travail par jour qui s'allonge de 8 heures à 9 heures 30. C'est pour le moment sur la base du volontariat et pour une période test de six mois renouvelable. Les syndicats sont mécontents car ce n'est pas leur idée des quatre jours et cela coupe l'herbe sous le pied d'une réduction du temps de travail.

Le gouvernement espagnol a lancé cette année une expérimentation dans 200 PME volontaires afin de tester la réduction à 32 heures du temps de travail hebdomadaire, sur quatre jours, sans baisse de salaire. Ce projet pilote doit durer trois ans et est financé par des fonds publics. Il prévoit de comparer à terme la productivité dans les entreprises concernées à celle d'entreprises ayant conservé la semaine de cinq jours (40 heures).

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Au Royaume-Uni, un test de la semaine de quatre jours a été lancé en juin. 70 entreprises l'expérimentent qui permet à plus de 3.300 salariés de travailler un jour de moins par semaine tout en conservant le même salaire.

Selon Andrea Garnero, le retour du débat sur la semaine de quatre jours a commencé un peu avant la crise Covid et s'est accéléré. « Des idées ont été lancées en Australie, en Nouvelle Zélande, au Royaume-Uni, en Finlande, au Japon, en Espagne... Cela va bien au delà de l'Europe ».

(Avec AFP)

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Commentaires 5
à écrit le 25/10/2022 à 14:44
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Ce serait bien qu'on arrête de jouer avec la durée du travail et les jours de présence ou plutôt d'absence sur site. Outre le fait qu'un emploi télétravaillé régulièrement est un emploi délocalisable, les rythmes biologiques et l'organisation privée...

à écrit le 25/10/2022 à 10:36
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C'est impossible : Moi je suis aux quatre jours, mais j'ai accepté de voir mon salaire diminué de vingt pour cent. Ca ne peut que se faire sur la base du volontariat

à écrit le 25/10/2022 à 10:00
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Le repos des uns est le travail des autres ; éviter les déplacements inutiles et booster l'embauche afin d'augmenter les plages horaires d'activité ; sont les principaux avantages de la semaine de 4 jours !

le 25/10/2022 à 11:13
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Reste à savoir qui va bosser les 3 jours suivants ( vendredi,samedi,dimanche) dans les boites qui pratique le 24/24.

à écrit le 25/10/2022 à 9:58
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Le repos des uns est le travail des autres ; éviter les déplacements inutiles et boosté l'embauche pour augmenter les plages horaires d'activité ; sont les principaux avantages de la semaine de 4 jours !

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