Le FMI au chevet du Sri Lanka avec une aide conditionnelle de 2,9 milliards de dollars

Le Fonds monétaire international (FMI) accorde au Sri Lanka une aide conditionnelle de 2,9 milliards de dollars qui doit l'aider à assainir ses finances. Ce soutien exige comme condition préalable la restructuration de la dette extérieure, soit 51 milliards de dollars. En attendant, l'inflation continue de battre record sur record.
L'inflation au Sri Lanka a atteint un onzième record consécutif en août, l'élevant à 64,3% sur un an.
L'inflation au Sri Lanka a atteint un onzième record consécutif en août, l'élevant à 64,3% sur un an. (Crédits : DINUKA LIYANAWATTE)

 Le FMI se penche au chevet du Sri Lanka. L'organisme international va accorder au pays de 22 millions d'habitants, ravagé par une crise économique historique, une aide de 2,9 milliards de dollars. « Les objectifs du nouveau programme du Sri Lanka, soutenus par le Fonds, sont de rétablir la stabilité macroéconomique et la viabilité de la dette », souligne le FMI dans un communiqué, après neuf jours de négociations à Colombo. « Le Sri Lanka est confronté à une crise aiguë supportée de manière disproportionnée par les populations pauvres et vulnérables ».

Le FMI a rappelé que toute aide financière de sa part exigeait comme condition préalable la restructuration de la dette extérieure de 51 milliards de dollars. L'île d'Asie du Sud a fait défaut sur cette dette mi-avril. « Un allégement  de la part des créanciers du Sri Lanka et un financement supplémentaire de la part des partenaires multilatéraux seront nécessaires pour aider à assurer la viabilité de la dette et à combler les écarts de financement », indique le FMI. « Les assurances de financement de la part des créanciers officiels du Sri Lanka visant à rétablir la viabilité de la dette ainsi que l'exécution d'un effort de bonne foi pour parvenir à un accord de collaboration avec les créanciers privés sont cruciales avant que le FMI puisse apporter un soutien financier au Sri Lanka », ajoute-t-il.

« Des discussions sur la restructuration de la dette auront lieu avec les principaux pays qui fournissent une aide sous forme de prêts à notre pays », a souligné le président Ranil Wickremesinghe, qui a pris ses fonctions en juillet. Il fait, ainsi, référence à la Chine, au Japon et à l'Inde, principaux créanciers de l'île. La Chine, premier créancier bilatéral, détient plus de 10% de la dette extérieure du Sri Lanka. Pékin n'a cependant pas publiquement varié de position depuis son offre de prêts supplémentaires, pour éviter une décote de ses créances.

Une hausse de la TVA a été décidée

Ranil Wickremesinghe a présenté cette semaine le nouveau budget au Parlement, annonçant une hausse de la TVA de 12 à 15% pour tous les biens et services à partir de ce jeudi. Le Sri Lanka a aussi accepté d'augmenter ses recettes, de supprimer les subventions, d'assurer un taux de change flexible et de reconstituer ses réserves de change asséchées.

Le nouveau gouvernement avait déjà multiplié par plus de trois les prix du carburant et de l'électricité et supprimé les subventions à l'énergie, une condition préalable essentielle au renflouement par le FMI. Ranil Wickremesinghe s'est dit déterminé à poursuivre la « restructuration », impopulaire car elle induit la privatisation des entreprises publiques subventionnées par les contribuables.

 L'inflation au Sri Lanka a atteint un onzième record consécutif en août

Il est urgent d'agir. L'inflation au Sri Lanka a en effet atteint un onzième record consécutif en août, l'élevant à 64,3% sur un an. Pire, selon le département du recensement et des statistiques, l'inflation des produits alimentaires s'est envolée en août à 93,7%. Cette augmentation ne tient pas aussi compte de l'augmentation des tarifs d'électricité, qui ont plus que triplé, ni celle du prix du kérosène en milieu du mois. De plus, la roupie sri-lankaise a perdu plus de 45 % de sa valeur par rapport au dollar américain cette année.

Ajoutons à ce tableau bien sombre que le Sri Lanka impose des restrictions aux importations depuis mars 2020 afin d'économiser les devises et de permettre de financer en priorité l'importation de produits de première nécessité.

Le déficit commercial s'est accentué à 2,81 milliards de dollars sur les six premiers mois de l'année, contre 1,26 milliard de dollars sur la même période de l'an dernier.

L'état d'urgence n'a pas été prolongé en août

Il semble toutefois que les manifestations, qui ont entraîné le départ précipité du pays de  Gotabaya Rajapaksa, alors président, sont sous contrôle. Mi-août, son successeur annonçait ne pas reconduire l'état d'urgence, la situation dans le pays secoué par des troubles en raison de la crise économique s'étant, selon lui, « stabilisée ». Les manifestants ont démantelé le 10 août leur principal site de protestation, situé près du bureau du président dans la capitale Colombo, après les arrestations qui ont visé les leaders du mouvement.

L'état d'urgence avait été renouvelé le 18 juillet. Ranil Wickremesinghe a le pouvoir de le prolonger chaque mois. Vivement critiqué par les groupes de défense des droits, il permet aux troupes d'arrêter et de détenir des suspects, et au président d'adopter des règlements qui annulent les lois existantes pour faire face à toute agitation.

(Avec AFP)

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