Le G7 soupçonne l’Iran de vouloir livrer des missiles balistiques à la Russie et menace de prendre de lourdes sanctions

Les pays du G7 ont mis en garde vendredi l'Iran contre toute livraison de missiles balistiques à la Russie, qui entraînerait de « nouvelles sanctions importantes » contre Téhéran,
Iran dispose d'un programme balistique très efficace.
Iran dispose d'un programme balistique très efficace. (Crédits : LEONHARD FOEGER)

L'Iran est plus que jamais dans le viseur des Etats-Unis et des pays du G7. Outre le soutien iranien aux Houthis du Yémen qui perturbent le transport maritime en multipliant les attaques par missiles ou par drones contre les bateaux de commerce soi-disant liés à Israël, le scénario d'une aide militaire à la Russie inquiète les pays industrialisés. Ce vendredi le G7 a menacé Téhéran de prendre de « nouvelles sanctions importantes » si le gouvernement s'aventurait à livrer des missiles balistiques à la Russie.

Drones

« Si l'Iran commençait à livrer des missiles balistiques ou des technologies associées à la Russie, nous serions prêts à répondre de manière rapide et coordonnée, y compris avec de nouvelles sanctions importantes », ont prévenu ce vendredi les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne, l'Italie et le Japon.

Et le G7 d'ajouter :

« Nous sommes très inquiets des informations selon lesquelles l'Iran envisagerait de transférer » de telles armes à la Russie « après avoir déjà fourni des drones qui sont utilisés dans des attaques incessantes contre les civils en Ukraine ». L'une des sanctions pourrait toucher Iran Air : « Une option que nous avons envisagée (au sein du G7) serait l'arrêt des vols de la compagnie nationale Iran Air vers l'Europe », a précisé ce haut responsable, qui a requis l'anonymat.

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Si Washington ne peut pas confirmer que des livraisons de missiles balistiques ont déjà eu lieu, un haut responsable de la Maison Blanche a néanmoins estimé qu'il y avait « un risque réel que cela se produise ».

Arsenal de missiles

Pour rappel l'Iran dispose d'un programme balistique très efficace. En fin d'année dernière, les frappes au Pakistan, en Irak et en Syrie, l'ont démontré. Démarré il y a près de 40 ans, ce programme s'est poursuivi malgré les sanctions internationales. L'Iran dispose d'un vaste arsenal de missiles de différentes portées -- courte (300 km), moyenne (300-1.000) et longue (jusqu'à 2.000), dont une importante proportion est produite ou assemblée localement grâce un secteur industriel et universitaire de haut niveau.

« Il se passe rarement une année sans une annonce iranienne du développement d'un nouveau type de missiles de croisière ou balistique », soulignait récemment à l'AFP Eva Koulouriotis, experte indépendante.

Au fur et à mesure ont été développés des missiles à combustible solide, « plus faciles à stocker et bien plus rapides à mettre en action (...) donc plus utiles tactiquement », relève pour sa part Jeremy Binnie, de la société de renseignement privée britannique Janes. La guerre Iran-Irak (1980-1988) a marqué un tournant pour Téhéran, qui a notamment acquis des missiles scud-B russes pour répondre aux frappes de Saddam Hussein.

« Cette expérience a laissé une impression durable sur les responsables iraniens qui en ont conclu que les missiles étaient un moyen de riposte efficace et un élément vital de leur défense », résume John Krzyzaniak, du Wisconsin project on Nuclear arms control.

Les investissements ont été d'autant plus importants qu'ils compensent les faiblesses de sa flotte aérienne. L'Iran « n'a pas été capable de rénover ses chasseurs ces dernières décennies et a compensé en construisant des missiles », ajoute l'expert. Farzan Sabet, du Geneva Graduate Institute, soulignait récemment pour l'AFP que « le stock original de missiles balistiques de l'Iran a été fourni par la Libye, la Syrie et la Corée du Nord ».

Autonomie

Téhéran s'est tournée aussi vers l'Union soviétique puis la Russie, avant d'acquérir une réelle autonomie. Aujourd'hui, « l'apport extérieur (...) n'est pas très clair mais il s'agirait plus de composants que de conception et développement complets », estime Jeremy Binnie. Parallèlement, leurs missiles « utilisent probablement des composants sur étagères, tant les Iraniens savent intégrer des produits commerciaux » dans leurs armements. Et ce, malgré les sanctions internationales, notamment américaines, qui auront eu le mérite de ralentir le programme et d'en augmenter le coût, mais pas de l'annihiler, confirment les analystes.

Comme souvent dans ce domaine, les stocks iraniens sont inconnus mais les experts les jugent pléthoriques, qu'ils soient aux mains de l'armée, du Corps des Gardiens de la révolution, ou des différents alliés de l'Iran dans la région, depuis le Hezbollah libanais jusqu'aux rebelles Houthis du Yémen. L'estimation précise est quasi impossible, même en Iran seule, selon Eva Koulouriotis. L'armée et les Gardiens de la révolution « ont leur propres usines et entrepôts distincts », justifie-t-elle. Des sources arabes et occidentales « font état de quelque 60.000 missiles mais selon moi, le chiffre est bien plus élevé et pourrait atteindre les 200.000 » unités.

 Le programme balistique de la République islamique nourrit ses ambitions nucléaires, qui s'appuieraient sur des missiles de haute technologie si elle devait acquérir la bombe, ce que les Occidentaux l'accusent de vouloir faire. Mais « il a une mission conventionnelle importante pour permettre de frapper de loin des cibles avec précision » et pour « dissuader ses adversaires de frapper l'Iran et certains de ses intérêts à l'étranger, ou au moins leur en faire payer le prix fort », assure Farzan Sabet.

Parmi les objectifs de Téhéran figure « l'amélioration de leur capacité à frapper des cibles en mouvement », exigeant de meilleurs systèmes de guidage et une meilleure qualité de renseignement technique, estime de son côté John Krzyzaniak. Téhéran devrait aussi vouloir repousser sa limite actuelle de portée de 2.000 kilomètres. Un projet compliqué, mais pas hors de portée de la puissance régionale.

Commentaires 5
à écrit le 17/03/2024 à 15:33
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Quels clowns quand vont ils comprendre qu'ils sont devenus la périphérie du monde

à écrit le 16/03/2024 à 9:27
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Contraire aux annonces russes qui disent qu'ils produisent à tout va qu'ils ne savent plus quoi faire de toutes ces armes.

le 16/03/2024 à 11:17
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derriere ce conflit se cache les pensee unique que ce soit les usa qui font et ferons tout pour que trump ne reviennent pas au pouvoir idem en france ou m macron fera tous pour que le rn n'ai jamais le pouvoir quitte a faire la guerre ou meme un coup...

le 16/03/2024 à 11:47
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Démocratie ?

le 17/03/2024 à 15:35
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Ils n'affirment rien , c'est vous qui affirmez pour eux Il reste qu'ils produisent 10X plus d'obus que l Occident Et que ca ne va pas changer de si tôt ,nous n'avons lus d'usines

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