Le Japon lance un ambitieux plan de relance pour alléger les effets de l’inflation

Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a dévoilé ce jeudi un plan de soutien à l'économie du pays d'un montant équivalent à 107 milliards d'euros. Objectif affiché, alléger les effets de l'inflation sur les Japonais et tenter de regonfler sa cote de popularité.
« Nous constatons que le cercle vicieux de la déflation, symbolisé par des prix et des salaires bas et une croissance faible, est en train de s'inverser », a déclaré le Premier ministre du Japon ce jeudi.
« Nous constatons que le cercle vicieux de la déflation, symbolisé par des prix et des salaires bas et une croissance faible, est en train de s'inverser », a déclaré le Premier ministre du Japon ce jeudi. (Crédits : KYODO)

[Article publié le jeudi 02 novembre 2023 à 07h54 et mis à jour à 12h25] Le gouvernement japonais cherche à aider les ménages qui doivent faire face à une inflation inhabituelle pour le pays. Le plan de soutien à l'économie du pays, dévoilé par le Premier ministre Fumio Kishida lors d'une réunion gouvernementale en présence de représentants du parti au pouvoir, devrait être légèrement supérieur à 17.000 milliards de yens (106,7 milliards d'euros au taux actuel).

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Le Japon, marqué par des décennies de déflation, subit depuis le printemps 2022 une accélération de la hausse des prix à la consommation sous le coup de la flambée des prix de l'énergie, après le déclenchement de la guerre en Ukraine, et de la chute simultanée du yen. Depuis début 2023, l'inflation est nourrie par d'autres postes de dépenses comme les produits alimentaires transformés et les services.

Soutenir temporairement le revenu disponible

« Nous constatons que le cercle vicieux de la déflation, symbolisé par des prix et des salaires bas et une croissance faible, est en train de s'inverser », a déclaré le Premier ministre ce jeudi, estimant que « pour la première fois depuis 30 ans, nous sommes face à une formidable occasion de passer à une nouvelle étape économique ».

Cependant « dans la situation actuelle où la hausse des salaires ne suit pas celle des prix, il est nécessaire de soutenir temporairement le revenu disponible des Japonais afin d'éviter un retour à la déflation », a-t-il dit.

Les mesures qu'il a détaillées jeudi soir lors d'une conférence de presse incluent des réductions d'impôts d'un montant de 40.000 yens (251 euros) par personne et des aides de 70.000 yens (439 euros) pour les ménages à faibles revenus. Il s'est également engagé à exhorter les entreprises à augmenter les salaires l'an prochain à un niveau supérieur à celui de cette année.

Le plan, qui pourrait représenter selon des médias locaux un total de 37.400 milliards de yens (237,7 milliards d'euros), en y incluant également des investissements du secteur privé, a été approuvé jeudi par le gouvernement, qui pourrait soumettre dès ce mois-ci au Parlement un projet de budget supplémentaire destiné à en financer l'essentiel.

Il doit aussi permettre de prolonger des mesures pour faire baisser les prix de l'essence et des factures d'énergie et d'encourager les investissements dans le domaine des semi-conducteurs et de l'industrie spatiale.

L'économiste Hideo Kumano, de l'institut de recherches Dai-ichi Life, s'est cependant dit « sceptique » quant à « la capacité de ce plan à soutenir une croissance durable de l'économie japonaise ». Les mesures incluent « des dépenses à court terme pour atténuer l'impact de la hausse des prix des carburants », mais sur une période insuffisante compte tenu des dernières prévisions de la BoJ (2,8% hors produits frais sur l'exercice qui se terminera fin mars), a-t-il déclaré à l'AFP.

Ces mesures devraient aussi contribuer à creuser encore les finances du Japon alors que le niveau de sa dette publique est déjà le plus élevé parmi les grandes nations industrialisées, se situant actuellement à plus de 260% de son PIB selon le FMI (Fonds monétaire international). Le plan doit encore être approuvé par le Parlement.

« Le Premier ministre (Fumio Kishida) s'effondre dans les sondages (32% d'opinions favorables selon une récente enquête de Kyodo News) et c'est en partie dû au fait que les salaires réels (une fois la hausse des prix déduite) baissent », grignotés par l'inflation, avance Christopher Vecchio de Tastylive. « La seule façon possible de maîtriser l'inflation, c'est de mettre fin à la politique monétaire ultra-accommodante ».

La Banque du Japon maintient sa politique accommodante

Ce n'est pas pour maintenant. A rebours de celles des autres pays industrialisés, la Banque du Japon (BoJ), a de maintenir l'essentiel de cette politique monétaire extrêmement accommodante. Le yen, pourtant, a frôlé son plus bas niveau mardi depuis 33 ans, attaqué par des cambistes déçus par les annonces de la Banque du Japon, qui tarde à prendre son virage monétaire attendu.

La devise japonaise reculait de 1,71% face au billet vert, à 151,72 yens pour un dollar, un plus bas d'un an, non loin des 151,95 atteints fin octobre 2022, une première depuis juillet 1990. Face à l'euro, la monnaie nippone a glissé jusqu'à 160,85 yens, des profondeurs plus explorées depuis 15 ans.

La Banque du Japon a laissé inchangé, mardi, son principal taux directeur, à -0,1%, comme elle le fait depuis plus de sept ans. Dans le même temps, elle a indiqué un assouplissement de son dispositif de contrôle des taux obligataires japonais à 10 ans qu'elle considère comme nécessaire à la croissance économique du pays. Le plafond de ces rendements obligataires, déjà relevé en décembre et en juillet, à 1% actuellement, n'est plus qu'une « référence », selon la Banque du Japon, qui est désormais prête à laisser les taux aller au-delà. Dans la foulée, le taux des emprunts d'Etat japonais à dix ans a bondi jusqu'à 0,963%, une hauteur qu'il n'avait plus connu depuis 10 ans.

En théorie, la remontée des rendements obligataires japonais est un facteur de soutien au yen, car il favorise les placements dans la devise nippone. Mais « cette décision a été moins agressive qu'anticipée par le marché et a fait chuter le yen », a commenté Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank. Le plancher d'octobre 2022 avait poussé les autorités japonaises à intervenir sur le marché des changes pour soutenir le yen, qui avait repris un peu de vigueur.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 02/11/2023 à 8:49
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"un ambition plan " A que non , un ambitieux !!!

à écrit le 02/11/2023 à 8:16
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Dette à 245% du PIB, au moins ils sont logiques avec eux-mêmes en néolibéralisme à savoir les mégas riches du monde soutenus par les états contre les citoyens du monde, il est logique qu'ils ne risquent absolument rien, leur dette n'a plus de sens pu...

le 02/11/2023 à 8:56
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Désolé ils ne sont ni nuls ni faibles les puissants vivent pour eux mêmes , se servent d'une classe politique servile et ignorent les plébéiens ...

le 02/11/2023 à 9:19
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Je parle de nos dirigeants politiques et pas de nos momies. Ils sont nuls car ils sont faibles.

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