Les enjeux de la visite de MBS en France

Le puissant prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, est arrivé ce dimanche 8 avril pour une visite de trois jours, et ce afin de vanter ses réformes et resserrer les liens avec Paris après des tensions liées aux crises régionales.
A Paris, l'accent sera mis sur la culture, le tourisme, les investissements d'avenir et les nouvelles technologies.
A Paris, l'accent sera mis sur la culture, le tourisme, les investissements d'avenir et les nouvelles technologies. (Crédits : HANDOUT)

Le prince héritier d'Arabie Saoudite de 32 ans, Mohammed ben Salmane, surnommé "MBS", est arrivé ce dimanche à 11H05 (09H05 GMT) à l'aéroport du Bourget, près de Paris, et a été accueilli par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, a appris l'AFP de sources concordantes.

Dimanche est une journée de visite privée et le programme du nouvel homme fort de Ryad reste relativement mystérieux. Une source proche de la délégation saoudienne avait déclaré à l'AFP qu'il était possible que MBS assiste au concert de clôture du festival de Pâques de la cité méridionale d'Aix-en-Provence, où seront joués Debussy, Robert Schumann et Felix Mendelssohn.

MBS est en pleine offensive de séduction des Occidentaux pour projeter une image un peu plus libérale du royaume conservateur au pouvoir autoritaire. Il a déjà visité le Royaume-Uni et vient de passer trois semaines aux Etats-Unis, où le prince a courtisé les chefs d'entreprises et signé une multitude d'accords pour favoriser les investissements dans son pays qu'il veut préparer à l'après-pétrole.

Vers un nouveau partenariat ?

En France, il doit rencontrer Emmanuel Macron mardi pour resserrer les liens d'une relation compliquée entre les deux pays, et alors que l'Arabie saoudite est largement impliquée dans les nombreuses crises qui secouent le Proche-Orient.

A Paris, aucun contrat "mirobolant" n'est attendu. Le président Emmanuel Macron souhaite avant tout établir, selon l'Elysée, une "nouvelle coopération" avec le royaume pétrolier, qui devrait entrer dans une nouvelle phase sociale et économique avec l'arrivée au pouvoir de MBS.

"Il s'agit de forger un nouveau partenariat avec la France, et pas seulement de courir après des contrats", a confirmé à l'AFP une source proche de la délégation saoudienne.

Pour Denis Bauchard, expert du Moyen-Orient à l'Institut français des relations internationales (Ifri), "les relations bilatérales ne sont pas bonnes et MBS a eu beaucoup de mal à se laisser convaincre de venir en France. MBS est fasciné par les Américains", alors qu'il éprouve "une certaine condescendance vis-à-vis de la France", ajoute-t-il.

Économie et énergie au programme

A Paris, l'accent sera mis sur la culture, le tourisme, les investissements d'avenir et les nouvelles technologies, avec notamment une visite lundi du prince héritier à la Station F, l'incubateur de start-ups parisien.

Près de 18 protocoles d'accord dans les domaines du tourisme, de l'énergie et des transports doivent être signés, indique une autre source proche de la délégation saoudienne. Un accord de coopération pour le développement d'Al Ula, où se trouvent d'importants vestiges archéologiques, doit être aussi annoncé.

Lors de la rencontre mardi après-midi avec le président Macron, il sera aussi question des crises régionales: la Syrie, l'accord nucléaire iranien, la guerre au Yémen - où Ryad intervient militairement, ou la situation au Liban. Il sera peut être aussi question du Sahel, l'Arabie saoudite étant un contributeur du G5 Sahel, la structure de développement et de sécurité de la région essentielle pour Paris.

Le Liban au cœur des discussions

M. Macron s'était impliqué personnellement en novembre dans la crise autour du Premier ministre libanais Saad Hariri. Ce dernier, apparemment sous la pression de MBS, avait annoncé sa démission depuis Ryad, où il était resté retenu pendant deux semaines avant de revenir sur sa décision.

"Il y a eu des tensions lorsque MBS aurait tenté de contester le rôle de Macron dans l'épisode Hariri, mais MBS a dû ensuite reculer", affirme Abdullah Alaoudh, un universitaire saoudien de la faculté de droit de Yale (Etats-Unis). "Ce n'est jamais facile pour un autoritaire comme lui d'accepter cela".

Paris souhaite que "le Liban soit aussi stable que possible, ce qui passe inévitablement par un certain accord" avec le mouvement chiite pro-iranien Hezbollah, décrié par les Saoudiens, ajoute Denis Bauchard, alors que Ryad et Téhéran se livrent une lutte d'influence acharnée dans toute la région.

Des ONG veulent se faire entendre

Le prince héritier mise sur le resserrement des liens avec le président américain Donald Trump, qui a menacé de se retirer de l'accord nucléaire de 2015 avec l'Iran, faute d'améliorations de ce pacte international avant le 12 mai. M. Macron devrait tenter de convaincre MBS qu'il vaut mieux tenter de sauver un accord.

S'agissant du Yémen, des ONG ont l'intention de se faire entendre pendant la visite de MBS pour que Paris cesse ses exportations d'armes vers l'Arabie saoudite, régulièrement critiquée pour les bavures dont sont victimes les civils dans ce pays.

Autre épine dans le pied des relations franco-saoudiennes, le mandat d'arrêt émis en décembre par la justice française à l'encontre de la soeur du prince héritier, Hassa, soupçonnée d'avoir donné l'ordre à son garde du corps de frapper un artisan à Paris.

Commentaires 10
à écrit le 10/04/2018 à 10:46
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les medias nous font croire que les petrollier non pas acheter d armes en france,ils nous prennent pour des pigeons, ce qui est vrais par contre c est que les pays producteur de petrole ont besoin de touristes economiquement pour compensez l angageme...

à écrit le 10/04/2018 à 8:09
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Je pense que l'on ferai mieux de boycotté leur pétrole etben prendre ailleur car ces gens la sont des tueurs et fournissent des armes aux dijjhadis et en plus nage dans l'argent salle c'est un pays a faire sauter de ce monde

à écrit le 09/04/2018 à 20:08
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BMS; fait de l' huile...Les Houtis le baladent au Yémen et les Iraniens sont désormais en Syrie et bientôt au Liban , à la frontière Israélienne là on voit les intérêts communs....Sur le sujet économique , les occidentaux vont interdire le pétrole da...

à écrit le 09/04/2018 à 5:24
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tant que qu'il fait tomber du yéménite, ça fait moins de zouz, encourageons l'armement

à écrit le 08/04/2018 à 22:33
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Essayons de ne pas être naïf. ... le jour où nous ne vendrons plus d armes et ou notre économie ne tournera plus, les chinois et les ricains vont arrêter de le faire et nous respecterons juste pour nos beauX yeux....

à écrit le 08/04/2018 à 22:22
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l arabi saoudite finance toujours le mouvement salafiste qui est un mouvement politico religieux Qui est chargé de reprendre en main les musulmans soi disant égaré au profit des saoudiens

à écrit le 08/04/2018 à 19:44
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La guerre de mbs au Yémen, avec des armes américaines et françaises, a fait plus de 10.000 morts et 3 millions de personnes déplacées (Reuters ce jour). Silence des principaux médias sur ces chiffres. Les vendeurs d'armes sont complices de ces crimes...

le 09/04/2018 à 8:09
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Non les vendeurs d'armes ne sont pas complices de ces crimes. Seuls, hélas, ceux qui les utilisent les sont. On ne leur a pas demandé de se faire la guerre, pourtant, ce sont tous des musulmans. La diplomatie du pétrodollar règne depuis que la France...

à écrit le 08/04/2018 à 18:39
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MBS est entièrement satisfait de l'efficacité de nos armement sur les populations yéménites.. Il vient refaire ses stocks. Enfin comme dirait Parly.... c'est pas nous qui tuons, on ne fait que vendre.

le 09/04/2018 à 8:10
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Ben comme je le dit plus haut, il parait qu'il est venu les mains vides dixit Le Figaro !

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