Mer Noire : la fin de l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes pourrait faire des « millions » de victimes, prévient l'ONU

Alors que la situation est extrêmement tendue en mer Noire depuis le retrait de la Russie de l'accord sur les exportations des céréales ukrainiennes, la flambée des prix des céréales observée après cette décision « fait planer le risque de voir des millions de personnes touchées par la faim, voire pire », a déclaré vendredi le Secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires de l'Onu au Conseil de sécurité.
(Crédits : Reuters)

Les conséquences risquent dramatiques. Après la décision lundi de la Russie de suspendre l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes par la mer Noire au motif que ses propres livraisons de produits agricoles et d'engrais sont entravées par les sanctions, l'ONU tire la sonnette d'alarme sur le risque de catastrophe alimentaire mondiale que la flambée des prix qui a suivi cette décision fait planner sur des millions de personnes à l'échelle de la planète. L'Ukraine et la Russie sont en effet d'importants exportateurs de céréales.

« La hausse des prix sera ressentie de manière plus aiguë par les habitants des pays en développement », a déclaré le Secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires de l'Onu au Conseil de sécurité, Martin Griffiths, ajoutant qu'à l'heure actuelle 362 millions de personnes dans 69 pays avaient besoin d'une aide humanitaire.

Pour lui, la fin de l'accord « fait planer le risque de voir des millions de personnes touchées par la faim, voire pire ».

« Certaines personnes souffriront de la faim, d'autres subiront la famine, et beaucoup risquent de mourir à cause de ces décisions », a-t-il ajouté,

Hausse des prix

« Nous voyons déjà l'effet négatif sur les prix mondiaux du blé et du maïs, ce qui fait souffrir tout le monde, en particulier les populations vulnérables dans les pays du Sud », a, de son côté, déclaré Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU.

Les contrats à terme sur le blé américain à Chicago ont en effet augmenté de plus de 6% cette semaine et ont enregistré mercredi leur plus forte hausse quotidienne depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, bien que les prix aient reculé vendredi dans l'espoir que la Russie reprenne les discussions. L'an dernier, l'accord qui avait été conclu par Moscou et Kiev après la médiation de la Turquie avait permis de réduire le prix des denrées alimentaires de plus de 23%. Pour rappel, cet accord permettait aux cargos chargés de produits agricoles de quitter les ports ukrainiens en empruntant des couloirs maritimes protégés.

La Russie dit négocier des exportations vers les pays qui en on le plus besoin

La Russie négocie actuellement pour exporter des denrées alimentaires vers les pays qui en ont le plus besoin après sa sortie de l'accord, mais Moscou n'a encore signé aucun contrat, a déclaré vendredi le vice-ministre des affaires étrangères, Sergueï Verchinine Ce dernier a dit comprendre les inquiétudes des pays africains, en promettant de continuer à livrer les pays dans le besoin.

« Les pays dans le besoin, via nos contacts avec eux et le sommet Russie-Afrique (prévu fin juillet à Saint-Pétersbourg, ndlr) recevront les céréales », a-t-il ajouté, précisant qu'un travail était en cours pour assurer des « itinéraires » de livraisons.

Mercredi, Vladimir Poutine a affirmé que la Russie était prête à revenir à l'accord si ses demandes sont réalisées « dans leur totalité », sans quoi sa prolongation « n'a plus de sens ».

Tensions en mer Noire

Pour l'heure, la situation est extrêmement tendue en mer Noire. Vendredi, deux jours après avoir dit qu'elle considérerait tout navire à destination des ports ukrainiens de la mer Noire comme pouvant transporter des cargaisons militaires, la Russie a bombardé les infrastructures portuaires ukrainiennes permettant de stocker et d'exporter des denrées alimentaires pour la quatrième journée consécutive et a mené des exercices visant à saisir des navires en mer Noire. Moscou a expliqué que les attaques portuaires seraient une riposte à l'attaque ukrainienne du pont de Crimée. Le pont de Crimée est une voie essentielle d'approvisionnement pour les forces russes en Ukraine.

« La nouvelle vague d'attaques contre les ports ukrainiens risque d'avoir des répercussions considérables sur la sécurité alimentaire mondiale, en particulier dans les pays en développement », a déclaré Rosemary DiCarlo, secrétaire générale adjointe aux Affaires politiques de l'Onu, au Conseil de sécurité.

Des frappes russes avaient déjà touché ces dernières nuits la région d'Odessa, port stratégique pour l'Ukraine en mer Noire. Kiev accuse Moscou de viser spécifiquement ces infrastructures pour empêcher toute reprise des exportations de céréales. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des missiles de croisière russes Kalibr, tirés depuis la mer Noire, ont touché la région pour la quatrième nuit consécutive, a affirmé le gouverneur local, Oleg Kiper.

« Des silos à grain d'une entreprise agricole de la région ont été touchés. L'ennemi a détruit 100 tonnes de pois et 20 tonnes d'orge », a-t-il écrit sur Telegram, précisant que deux personnes avaient été blessées. Des drones et des missiles avaient déjà frappé Odessa et Mykolaïv, autre grande ville du sud ukrainien, faisant au moins trois morts et une vingtaine de blessés dans la nuit de mercredi à jeudi. L'armée russe a assuré ne viser que des sites militaires.

Risque d'extension du conflit

L'Ukraine a averti jeudi qu'elle traiterait à son tour, de manière symétrique, les bateaux se dirigeant vers les ports contrôlés par Moscou comme transportant des matériels militaires, « avec tous les risques associés ».

C'est devant le Conseil de sécurité qu'une responsable de l'organisation s'est alarmée des conséquences possibles des derniers développements. « Les menaces de prendre pour cible des navires civils en mer Noire sont inacceptables », a déclaré la secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les Affaires politiques Rosemary DiCarlo.

« Le risque que le conflit s'étende en réponse à un incident militaire en mer Noire - intentionnel ou accidentel - doit être évité à tout prix », a-t-elle ajouté.

L'armée russe avait précédemment annoncé que ses navires avaient tiré des missiles de croisière antinavires et détruit « un bateau-cible dans la zone d'entraînement au combat, dans la partie nord-ouest de la mer Noire », soit au large des côtes ukrainiennes.

(avec AFP et Reuters)

Commentaires 4
à écrit le 23/07/2023 à 8:40
Signaler
Bonjour Avant toute chose , ils faut savoir que le problèmes vient surtout du doublement de la population des pays pauvres... pays incapable de repondre au besoins des populations...voila les raisons des migration... Bien sur ils ne faut pas le d...

à écrit le 22/07/2023 à 18:48
Signaler
Ce qui est scandaleux, c'est que des pays n'ont aucune souveraineté alimentaire. C'est pourtant un besoin vital pour la population. Que fait l'union africaine victimaires pour remédier à cette situation inacceptable, rejetant la faute sur les autres.

à écrit le 22/07/2023 à 14:38
Signaler
Les loups de wall street vont s'empresser de sauver ces millions de gens avec une baisse de la production des céréales américaines et une incertitude ukrainienne sur l'exportation des céréales, les cours vont exploser, ce qui est juteux pour les bour...

à écrit le 22/07/2023 à 12:14
Signaler
Ben c'est pas le but de la finance internationale ? Elle savait depuis 40 ans pour le réchauffement climatique et n'a strictement rien fait contre, même plutôt pour exponentiellement, leur paradigme commence à être clairement visible quand même non ?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.