Exportations des céréales ukrainiennes :  la Russie refuse de prolonger l'accord

Moscou a annoncé ce lundi la fin « de facto » de l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes qui expire aujourd’hui à minuit. La Russie a affirmé que cet accord, jugé crucial pour l’alimentation mondiale, ne serait pas prolongé mais qu’elle était prête à y revenir une fois que ses conditions seraient remplies. D’après Vladimir Poutine, les objectifs de cet accord ne sont pas réalisés. Plusieurs puissances européennes ont dénoncé la décision russe : elle pourrait provoquer une envolée des prix des denrées alimentaires et mettre en péril la sécurité alimentaire des pays vulnérables. De son côté, le Président ukrainien affirme être disposé à poursuivre les exportations via la Mer Noire.
Ce lundi, Moscou a annoncé la fin « de facto» de l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes.
Ce lundi, Moscou a annoncé la fin « de facto» de l'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes. (Crédits : Reuters)

[Article publié le 17.07.2023 à 15h11 et mis à jour à 16h04]

L'accord sur l'exportation des céréales ukrainiennes touche à sa fin. « L'accord de la mer Noire s'est de facto terminé aujourd'hui », a déclaré ce lundi aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, assurant que la Russie serait prête à y revenir « immédiatement » si ses conditions sont remplies. Signé en juillet 2022 à Istanbul et déjà reconduit à deux reprises, l'accord permet à l'Ukraine d'exporter ses céréales par la mer Noire. Depuis un an, il a permis de sortir près de 33 millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens, en dépit du conflit.

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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a quant à lui affirmé que Kiev était disposée à continuer ses exportations de céréales via la mer Noire malgré les dernières annonces russes.

« Même sans la Russie, tout doit être fait pour que nous puissions utiliser ce couloir (pour les exportations) en mer Noire. Nous n'avons pas peur », a indiqué Zelensky, selon des propos partagés par son porte-parole Serguiï Nykyforov sur Facebook.

La production de l'Ukraine est jugée essentielle pour empêcher une envolée des prix des denrées sur le marché mondial, qui risquerait de déclencher une crise alimentaire dans les pays les plus vulnérables.

Des objectifs qui ne sont pas réalisés

Mais pour Vladimir Poutine, les objectifs de cet accord ne sont pas atteints et Moscou avait déjà menacé de ne pas le reconduire. Le chef d'Etat russe a dénoncé à plusieurs reprises les entraves à l'exportation des produits alimentaires et engrais russes, qui devait accompagner celle des produits ukrainiens.

Par ailleurs, il a jugé samedi que « le principal objectif de l'accord, la livraison de céréales aux pays dans le besoin, notamment sur le continent africain, n'est pas réalisé ». En effet, selon les officielles du Centre de coordination conjointe (JCC), la Chine et la Turquie sont les premières bénéficiaires des cargaisons, ainsi que les économies développées.

Le Programme alimentaire mondial en danger ?

Grâce à l'accord, le Programme alimentaire mondial (PAM) a également pu aider une dizaine de pays en situation critique comme l'Afghanistan, le Soudan ou le Yémen.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, déjà impliqué, a donc poursuivi de nombreuses discussions, selon son porte-parole. Il a notamment rencontré en fin de semaine les responsables de l'Union européenne, dont les sanctions entravent les activités de la principale banque agricole russe.

Selon Erdogan, « Poutine veut poursuivre l'accord »

L'ONU et la Turquie ont mené tout le week-end des manœuvres de la dernière chance pour tenter de convaincre la Russie de prolonger l'accord. Si ces dernières n'ont pas abouti, le président turc Recep Tayyip Erdogan n'en reste pas moins confiant. Il a assuré vendredi que son homologue russe Vladimir Poutine était « d'accord » avec lui sur le principe de l'extension de l'accord. Mais le porte-parole du Kremlin a aussitôt répondu qu'aucune déclaration en ce sens n'avait été faite.

Depuis le 27 juin, aucune demande de passage n'a été approuvée par l'ensemble des parties, indique un communiqué du Centre de coordination conjointe (JCC) qui supervise l'accord à Istanbul. Le dernier cargo validé par les inspecteurs des quatre signataires, le vraquier turc TQ Samsun, a quitté le port ukrainien d'Odessa dimanche et se dirige vers Istanbul, selon le site Marine TrafficLa Turquie, l'Ukraine et l'ONU ont été notifiées de la décision du Kremlin, a indiqué la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.

L'Europe réagit et demande une prolongation de l'accord

Le gouvernement allemand demande à la Russie de prolonger l'accord céréalier. Le pays « appelle la Russie à rendre possible la prolongation de l'accord » sur l'exportation des céréales ukrainiennes, a déclaré ce lundi à Berlin Christiane Hoffmann. La porte-parole adjointe du gouvernement allemand a exhorté Moscou à « ne pas faire supporter les conséquences de ce conflit aux plus pauvres de la planète ».

« En outre, nous espérons que, à l'avenir, cet accord céréalier ne sera pas seulement à durée déterminée ou pour une courte durée mais que l'on pourra exporter depuis l'Ukraine des céréales et de l'engrais sur le long terme », a-t-elle ajouté.

Du côté britannique, Londres se dit « très déçu » par l'annonce russe. « Clairement c'est très décevant. Mais nous allons continuer les discussions », a indiqué un porte-parole du Premier ministre Rishi Sunak.

Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, condamne quant à elle une décision « cynique » de Moscou. « Je condamne fermement la décision cynique de la Russie de mettre fin à l'initiative céréalière de la mer Noire, malgré les efforts des Nations unies et de la Turquie. L'UE s'efforce de garantir la sécurité alimentaire des populations vulnérables de la planète », a-t-elle écrit sur Twitter.

Les combats se poursuivent sur le territoire ukrainien

Les déclarations de Peskov sur la non-prolongation de l'accord céréalier interviennent quelques heures après une attaque ukrainienne par drone naval qui a touché le crucial pont reliant la Russie à la péninsule annexée de Crimée, et tué deux civils. Toutefois, le porte-parole du Kremlin a assuré que la décision de non-reconduction de l'accord et l'attaque n'étaient pas « liés », expliquant qu' « avant même cette attaque, c'était la position du président Poutine ».

Lire aussiCrise alimentaire : l'accord crucial sur les céréales ukrainiennes prolongé, mais pour combien de temps ?

En Ukraine, les combats continuent. Sur le front, la contre-offensive ukrainienne se heurte à des contre-attaques russes dans certaines zones, mais les forces de Kiev progressent lentement autour de Bakhmout et dans le Sud.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 18/07/2023 à 12:49
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La prolongation est refusée, mais que les Russes peuvent faire? La situation est bien différente par rapport au début de l'année dernière. Attaquer les ports ukrainiens? Possible, mais la défense anti-missile ukrainienne a bien progressé depuis. L’at...

à écrit le 18/07/2023 à 10:22
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Si je comprends bien ,les russes doivent laisser passer le blé ukrainien ,mais l'UE entrave les russes à l'exportation de leur produits alimentaires et engrais ,qui devait accompagner celle des produits ukrainiens.La position russe est plutôt compréh...

le 18/07/2023 à 15:18
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@lachose: Il y a quelques nuances. Les exportations russes en céréales se portent très bien, au moins, en quantités, donc, la question sur les réalités des entraves se pose. Pour ce qui concerne le gazoduc à l'ammoniac à travers l'Ukraine, il est déj...

à écrit le 17/07/2023 à 18:11
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Bonjour, Ils est claire que la Russie ne prolongerais pas l'accords d'exportation du blé ukrainienne... surtout dans la situation actuelle... Maintenant, qu'ils y est ou non une hausse du prix du blé sur les marchés internationaux... leur importe...

le 18/07/2023 à 2:08
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11 fautes, ca na s'ameliore pas eleve Roggers.

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