Pétrole : l'Angola claque la porte de l'Opep, en désaccord sur les quotas de production

L'Angola a décidé de se retirer de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) en raison des quotas de production pétrolière qui ont été actés fin novembre. Le pays, qui ne souhaite pas réduire sa production, juge qu'il est temps de « se concentrer davantage » sur ses propres objectifs, à savoir « éviter toute baisse et respecter les contrats ». Les cours du pétrole se sont creusés ce jeudi après cette annonce.
Cette annonce intervient après la décision de l'Opep, fin novembre, de sabrer la production de pétrole pour 2024 dans le but d’enrayer la récente chute des cours (Photo d'illustration).
Cette annonce intervient après la décision de l'Opep, fin novembre, de sabrer la production de pétrole pour 2024 dans le but d’enrayer la récente chute des cours (Photo d'illustration). (Crédits : Reuters)

Comme l'Équateur en janvier 2020, l'Angola quitte l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Cette décision a été prise après la tenue d'un Conseil des ministres, tenu ce jeudi, au palais présidentiel de Luanda. Elle a été transformée le même jour en un décret ayant force de loi, signé par le président João Lourenço.

« À l'heure actuelle, l'Angola ne gagne rien à rester dans l'organisation et, pour défendre ses intérêts, il a décidé de la quitter. Lorsque nous voyons que nous sommes dans des organisations et que nos contributions, nos idées, n'ont aucun effet, il vaut mieux partir. Nous avons adhéré volontairement en 2006 et nous avons décidé de partir maintenant, également volontairement. Et il ne s'agit pas d'une décision irréfléchie ou inopportune », a expliqué le ministre des ressources naturelles, du pétrole et du gaz, Diamantino de Azevedo.

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Une baisse qui ne passe pas

Cette annonce intervient après la décision de l'Opep, fin novembre, de sabrer la production de pétrole pour 2024. Objectif, enrayer la récente chute des cours. Ainsi, l'Angola s'est vu attribuer un quota de 1,11 million de barils/jour (b/j). Or, le pays visait plutôt un objectif de 1,18 million de b/j. En outre, il n'avait déjà pas hésité à montrer son mécontentement, tout comme le Nigeria, tous deux étant les poids lourds pétroliers du continent africain.

« Si nous devions rester dans l'Opep, nous subirions les conséquences de la décision de respecter les quotas de production », a indiqué Diamantino de Azevedo.

À savoir que l'Angola serait alors « contraint de réduire sa production ce qui va à l'encontre de notre politique consistant à éviter toute baisse et à respecter les contrats », a-t-il ajouté.

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Pour le ministre, l'Angola a « toujours fait [son] devoir » au sein de cette organisation, fondée en 1960, qui réunit 13 membres sous la houlette de Ryad. L'Angola a été très actif, « mais notre rôle au sein de l'organisation ne nous semble plus pertinent à l'heure actuelle », a-t-il déclaré.

« Les résultats actuels ne servent pas nos intérêts » et « le moment est venu pour notre pays de se concentrer davantage sur ses objectifs », a-t-il justifié.

Nouvelle dégringolade en Bourse

Après cette annonce, le cours du pétrole a creusé ses pertes ce jeudi. Vers 13h15 GMT (14h15 à Paris), le prix du baril de Brent, en mer du Nord, pour livraison en février chutait de 1,59%, à 78,43 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison à la même période, perdait 1,68%, à 72,97 dollars.

Reste que les cours sont plombés depuis plusieurs mois. Malgré les coupes annoncées fin novembre, les prix du brut restent bloqués au plus bas depuis juin (entre 70 et 80 dollars le baril), alors qu'ils sont au-dessus de la moyenne des cinq dernières années. Ce qui signale, selon certains analystes, la crainte d'une « récession mondiale » l'an prochain, indique Russ Mould de AJ Bell, qui écraserait la demande en or noir.

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La dernière baisse des cours du pétrole peut également être attribuée « à la production record d'hydrocarbures aux États-Unis, grâce principalement à une résurgence de la production de ses champs de schiste » dans plusieurs États, ajoutent les analystes de DNB. Selon l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), durant la semaine achevée le 15 décembre, les stocks de brut ont gonflé de 2,9 millions de barils. Pourtant, les analystes prévoyaient une baisse de quasiment autant. Les stocks d'essence ont également progressé de 2,7 millions de barils, bien plus que l'augmentation de 1,35 million attendue. Selon l'Energy Information Administration, la production pétrolière américaine a atteint le niveau record de 13,2 millions de barils par jour, dont neuf millions provenaient du schiste.

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À cela s'ajoute « l'escalade continue du risque géopolitique au Moyen-Orient », notent les analystes de DNB. Mercredi, le chef des rebelles yéménites, Abdel Malik al-Houthi, a en effet menacé de riposter en cas de frappe américaine contre le Yémen, après l'annonce par Washington de la formation en mer Rouge d'une coalition pour faire face aux attaques rebelles contre des navires. Ainsi que de nouvelles restrictions sur le prix du pétrole russe.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 22/12/2023 à 13:52
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On extrait du pétrole au Luxembourg ?

à écrit le 21/12/2023 à 19:56
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Un début? D'autres vont suivre...

à écrit le 21/12/2023 à 18:59
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L'Angola est seulement la seizième production de pétrole au monde et cette nouvelle suffit à faire descendre le cours, il est bien fragile le pétrole en ce moment.

à écrit le 21/12/2023 à 16:23
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Inutile de dire que l'Angola n'est pas un pays très écologique. Alors s'il vous plait, arrêtez de nous faire la morale à propos du réchauffement climatique, et allez donc balayer chez les autres

le 22/12/2023 à 9:05
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LOL ! L'Angola doit polluer 10 fois moins que le minuscule Luxembourg ! ^^

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