La zone ULEZ (pour « ultra low emission zone »), dont l'objectif est d'assurer une meilleure qualité de l'air pour les habitants, est comme prévu étendue ce mardi à tout le Grand Londres. Pour rappel, elle avait été instaurée en avril 2019 dans le centre-ville de la capitale britannique avant d'être considérablement élargie en 2021.
Avec cette extension, l'ULEZ couvre désormais une zone de neuf millions d'habitants. Les conducteurs de voitures à essence généralement fabriquées avant 2006 (norme Euro 4) et de véhicules diesel généralement fabriqués avant 2015 (norme Euro 6) doivent débourser 12,50 livres (14,80 euros) par jour pour y entrer, sous peine de se voir infliger une amende de 180 livres. Pour les camions et les cars, il faut payer 100 livres (116 euros) par jour. Les taxis sont exemptés.
Une mesure qui ne fait pas l'unanimité
Ce projet d'extension de la zone ULEZ, porté par le maire travailliste de la capitale britannique Sadiq Khan, est critiqué par de nombreux riverains en raison de la crise du coût de la vie que traverse le Royaume-Uni.
L'opposition travailliste, qui domine largement dans les sondages, l'a même payé dans les urnes récemment, perdant alors qu'elle était donnée favorite d'un scrutin local dans une circonscription concernée par l'extension de la taxe. Le chef du Labour, Keir Starmer, avait alors demandé à Sadiq Khan de « réfléchir » à sa décision d'étendre la zone ULEZ, estimant qu'elle avait coûté « sans aucun doute » l'élection aux travaillistes.
Mais malgré les critiques, les recours en justice et les sabotages - des centaines de caméras ULEZ ont été vandalisées ces derniers mois selon la police - Sadiq Khan maintient son cap.
« Nous ne pouvons pas nous permettre d'ignorer la situation lorsqu'il s'agit de répondre à une urgence de santé publique ou à une urgence climatique », a déclaré le maire début août.
Après l'échec d'un recours en justice contre l'extension de la taxe en juillet dernier, il s'était félicité en estimant que son projet allait permettre à « cinq millions de Londoniens supplémentaires » de respirer un « air plus propre ».
Des aides financières pour les habitants
La mairie de Londres a mis en place un programme d'aide pour permettre aux habitants de changer leurs voitures pour des véhicules moins polluants avant l'entrée en vigueur de la taxe. Mais Sadiq Khan s'est dit « déçu » que le gouvernement conservateur ne finance pas une partie de ce programme d'aide, comme il l'a fait pour d'autres villes britanniques. « Je suis déçu qu'ils (ndlr : les Conservateurs) semblent utiliser la pollution de l'air et le changement climatique comme des armes » politiques, a-t-il déclaré lors d'une interview à l'agence PA ce dimanche.
La ville de Londres « peut être fière aujourd'hui », a réagi lundi dans un communiqué Greenpeace en saluant la mise en place de l'extension de la taxe. « Au lieu de jouer à la politique sur des enjeux si vitaux, [le Premier ministre Rishi Sunak] devrait travailler avec le maire de Londres pour apporter un véritable soutien financier pour les gens qui travaillent et qui veulent se débarrasser des véhicules les plus vieux et les plus polluants », a ajouté l'ONG environnementale.
Un air plus respirable que dans d'autres capitales européennes
La qualité de l'air à Londres est meilleure que dans d'autres capitales d'Europe, selon une étude parue dans The Lancet Planetary Health début 2021. Menée par l'Institut barcelonais pour la santé mondiale (ISGlobal) et l'Institut suisse de santé tropicale et publique (Swiss TPH), les chercheurs ont mesuré les niveaux de pollution dans plus de 850 grandes villes européennes et établi un classement des villes où l'air est le plus dangereux (prenant en compte le taux de mortalité, le pourcentage de morts évitables et le nombre d'années de vie perdues).
Londres se place en bas de classement en ce qui concerne les particules fines (PM 2,5), mais dans le premier quart concernant la pollution au dioxyde d'azote (NO2). Ces polluants sont à l'origine d'un risque accru de maladies cardiovasculaires, d'asthme, de pneumonies et de cancer du poumon. À titre de comparaison, Madrid, Paris et Bruxelles font partie du « top 10 » des villes où l'air est le plus chargé en NO2. Pour les PM 2,5, les villes où la mortalité est la plus élevée se trouvent dans la vallée du Pô en Italie, le sud de la Pologne et l'est de la République tchèque.
(Avec AFP)