Sam Bankman-Fried : 40 à 50 ans de prison requis contre la star déchue des cryptomonnaies

Le procureur fédéral de Manhattan réclame 40 à 50 années de prison contre l'ancien magnat des cryptomonnaies Sam Bankman-Fried, reconnu coupable en novembre de fraudes évaluées à huit milliards de dollars, selon des documents de la justice américaine.
Sam Bankman-Fried
Sam Bankman-Fried (Crédits : DAVID DEE DELGADO)

40 à 50 années de prison. C'est, selon des documents vendredi de la justice américaine, ce que réclame Damian Williams, le procureur fédéral de Manhattan contre Sam Bankman-Fried, reconnu coupable en novembre de fraudes évaluées à huit milliards de dollars.  Plus précisément, il a été reconnue coupable d'avoir utilisé, à leur insu, les fonds déposés par les clients de sa plateforme d'échange de cryptomonnaies FTX, qui a fait faillite en novembre 2022. L'argent a alimenté les transactions et placements à risque de sa société d'investissement, Alameda Research, dont les emprunts à FTX ont atteint jusqu'à 14 milliards de dollars environ. « SBF », la star déchue des cryptomonnaies, encourt ainsi jusqu'à 110 ans de réclusion criminelle au total. C'est le juge fédéral Lewis Kaplan qui prononcera sa peine, le 28 mars.

Les avocats demandent une peine de 6 ans

Les avocats de Sam Bankman-Fried avaient réclamé, il y a quelques jours, une peine allégée de six années de prison. Mais pour le procureur Williams, le jeune financier a « commis l'une des plus grosses fraudes financières de l'histoire américaine ».

Un second procès devait initialement débuter lundi dernier et couvrir cinq autres chefs d'accusation, dont l'association de malfaiteurs en vue de corrompre un agent étranger et effectuer des donations à des hommes politiques. Ils avaient été écartés du premier procès car ne figurant pas dans l'accord passé avec les autorités bahaméennes pour procéder à l'extradition de Sam Bankman-Fried, en décembre 2022.

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Mais Damian Williams a fini par renoncer, fin décembre, à un second procès. Le procureur avait alors indiqué que les Bahamas n'avaient toujours pas donné leur feu vert et que les autorités américaines visaient une « résolution rapide » du dossier « SBF ». Sam Bankman-Fried était accusé d'avoir autorisé le versement d'environ 150 millions de dollars de pots-de-vin à des officiels chinois pour débloquer les avoirs de FTX en Chine. Il lui était aussi reproché d'avoir utilisé l'argent de clients de FTX pour effectuer des donations à des candidats en politique, notamment Joe Biden.

Petit génie à l'allure fantasque

Il est donc loin le temps où « SBF », milliardaire avant 30 ans, petit génie à l'allure fantasque, avait conquis le monde des cryptomonnaies en quelques mois. Au prix de risques insensés, il va droit à la prison. Pour rappel, en quelques mois seulement, ce diplômé de physique du prestigieux Massachusetts Institute of Technology a fait d'une petite startup, lancée en 2019, la deuxième plateforme mondiale d'échanges de cryptomonnaies. Il s'élève rapidement au-dessus de sa condition de jeune patron, bien décidé à jouer un rôle d'ambassadeur des cryptos, auprès des médias comme au Congrès où il fait sa première apparition en décembre 2021, lors d'une audition sur le secteur. Le public découvre un personnage atypique, à l'abondante chevelure bouclée et au visage rond, qui, quand il n'est pas en costume dans les allées du Congrès, porte t-shirt et bermuda.

Les élus américains séduits

« SBF » séduit les élus américains par son langage clair et sa vision de l'avenir des cryptomonnaies, incluant un cadre réglementaire extensif, alors que beaucoup, dans le milieu, y sont opposés. Il multiplie les nouveaux projets, dont certains empiètent directement sur les plates-bandes des Bourses américaines.

Actionnaire majoritaire de son groupe, le Californien d'origine est à la tête d'une fortune estimée à son pic à 26 milliards de dollars. « Seul Zuck (Mark Zuckerberg) est devenu si riche, si jeune », titre le magazine Forbes en octobre 2021.

Ce fils de deux universitaires de Stanford s'aventure bien au-delà de l'univers crypto, effectue des dons à des candidats politiques américains et convainc des célébrités comme la légende du football américain Tom Brady, de vanter les mérites de FTX, contre forte rémunération. Selon la chaîne CNBC, « SBF » fait même signer un contrat à Taylor Swift, avant de renoncer finalement au partenariat.

Ce végane prône le concept de l'altruisme efficace, qui consiste notamment à donner tout ou partie de sa fortune à des œuvres. Lorsque la tempête se lève sur les cryptomonnaies, au printemps 2022, il se pose en élément stabilisateur, rachetant la plateforme en difficulté BlockFi ou les actifs d'un autre acteur en faillite, Voyager.

« Nous prenons au sérieux notre devoir de protéger l'écosystème des actifs numériques et ses clients », tweete alors Sam Bankman-Fried, que certains comparent déjà alors au pape du capitalisme américain Warren Buffett, alors qu'il vient à peine d'avoir 30 ans.

Des risques colossaux

Mais derrière cette façade rassurante, le trublion se livre à un numéro d'équilibriste financier et prend des risques colossaux, selon ce que révéleront, plus tard, des documents judiciaires. Son équipe a utilisé l'argent déposé par les clients sur la plateforme FTX pour alimenter, sans leur consentement, les paris audacieux de sa filiale Alameda, acheter des biens immobiliers ou faire des dons aux politiques.

« Il voulait devenir président des Etats-Unis »

« Patron de talent », « ambitieux », il « voulait devenir président des Etats-Unis », a décrit, à son procès, la substitut du procureur Danielle Sassoon, qui menait l'accusation.

Dans sa course, « il a voulu dépenser des milliards tirés des comptes de ses clients pour gagner du pouvoir et des relations », a-t-elle asséné. « Il avait l'arrogance de penser qu'il pouvait commettre une fraude et s'en sortir. »

Début novembre 2022, le média CoinDesk révèle qu'une part considérable des actifs d'Alameda est constituée d'une cryptmonnaie créée par FTX, le FTT, ce qui provoque l'effondrement de cette devise numérique, et de l'empire de « SBF » avec elle. Au tribunal, il a tenté de présenter le visage d'un jeune entrepreneur manquant d'expérience, qui a commis de « grosses erreurs » mais a agi de bonne foi.

Les autres stars déchues des cryptos 

Changpeng Zhao

Né en Chine en 1977, Changpeng Zhao déménage avec sa famille au Canada dans les années 1980 et obtient un diplôme en informatique de l'Université McGill de Montréal, selon son profil dans le registre des milliardaires Bloomberg. Il fonde Binance en 2017 à Shanghai (Chine). L'entreprise connaît une croissance record et devient la plus grande place d'échanges de cryptomonnaies au monde. Célébrité connue pour son franc-parler dans le monde de la cryptographie, avec 8,7 millions d'abonnés sur X (ex-Twitter), « CZ », son diminutif, devient le plus riche des entrepreneurs des cryptomonnaies avec un patrimoine estimé à 65 milliards de dollars en 2022, selon Forbes. Mais ce succès entraîne une surveillance accrue des opérations de Binance par les autorités, alors que les sociétés de cryptomonnaies dans le monde entier commencent à être confrontées à une vague d'enquêtes criminelles.

Les États-Unis l'accusent lui et Binance de multiples violations telles que du blanchiment d'argent, et notamment d'avoir sciemment autorisé des transactions avec des groupes considérés comme terroristes tels que l'État islamique et dans des pays sous sanctions américaines comme la Corée du Nord et l'Iran.

L'affaire s'est soldée en novembre dernier par un accord:  Binance a accepté de payer des pénalités de 4,4 milliards de dollars et Changpeng Zhao a démissionné de son poste de PDG. Et bien qu'il conserve apparemment ses parts dans la société, il lui est interdit de participer à ses activités. Il encourt en outre une peine de prison.

Do Kwon

Le sud-coréen Kwon Do-kyung, dit Do Kwon, cofonde Terraform Labs en 2018, développant les cryptomonnaies TerraUSD et Luna. Ce diplômé de Stanford, passé par Apple et Microsoft, connaît rapidement le succès, attirant des milliards d'investissements et suscitant un battage médiatique mondial. Les médias sud-coréens le qualifient de « génie ». Mais en mai 2022, la valeur de ces cryptomonnaies - supposées être plus stables que les autres selon Do Kwon - s'effondre, réduisant à néant environ 40 milliards de dollars d'investissements et provoquant une onde de choc dans le secteur. Au total, la chute des deux monnaies aurait entraîné des pertes supplémentaires de plus de 500 milliards de dollars sur les marchés mondiaux des cryptomonnaies.

Selon les experts, Do Kwon, a en réalité monté un système de Ponzi, un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants.

Do Kwon quitte la Corée du Sud avant l'effondrement et passe plusieurs mois en cavale. Il est finalement arrêté au Monténégro alors qu'il essaie de prendre un vol en utilisant un faux passeport. Les Etats-Unis et la Corée du Sud réclament son extradition.

Commentaires 2
à écrit le 17/03/2024 à 11:58
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Les chiens aboient et al caravane passe.

à écrit le 17/03/2024 à 4:36
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Un juif condamne par des juifs. Aux usa, on ne plaisante pas avec l'argent des possedants. Madoff a ete le ballon d'essai, ce clown croyait passer entre les gouttes.

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