Embargo sur le pétrole russe : le refus de Viktor Orban (Hongrie) déstabilise l'UE

La Hongrie, qui a voté les cinq premières salves de sanctions à l'encontre de la Russie, dit "Stop!" par la voix de son Premier ministre nationaliste, Viktor Orban, qui a jugé vendredi que Bruxelles avait franchi "une ligne rouge" en voulant interdire les importations de pétrole russe. En réalité, la Hongrie bénéficiera de dérogations tout comme la Slovaquie et désormais la République tchèque. Mais ces trois pays veulent plus.
Viktor Orban a jugé vendredi que Bruxelles avait franchi une ligne rouge en voulant interdire les importations de pétrole russe car son pays est au plan énergétique ultra-dépendant de la Russie.
Viktor Orban a jugé vendredi que Bruxelles avait franchi "une ligne rouge" en voulant interdire les importations de pétrole russe car son pays est au plan énergétique ultra-dépendant de la Russie. (Crédits : BERNADETT SZABO)

Le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban ne décolère pas: il a jugé vendredi que Bruxelles avait franchi "une ligne rouge" en voulant interdire les importations de pétrole russe et ce qui a "porté atteinte" à l'unité européenne affichée depuis le début de la guerre en Ukraine.

« La présidente de la Commission [Ursula von der Leyen] a volontairement ou non attaqué l'unité européenne », a-t-il déclaré dans une interview à la radio. « J'ai dit oui aux cinq premiers paquets de sanctions, mais nous avons clairement signifié dès le début qu'il y avait une ligne rouge: l'embargo sur l'énergie. Ils ont franchi cette ligne (...), il y a un moment où il faut dire stop », a-t-il ajouté.

Au chapitre des obstacles qui entravent la décision par l'UE d'un embargo sur les importations de pétrole russe, il y a la situation des pays ultra-dépendants de la Russie, comme la Hongrie et la Slovaquie.

Pour le gouvernement hongrois, l'embargo européen progressif sur le pétrole russe tel que proposé actuellement par la Commission européenne « détruirait complètement la sécurité énergétique » du pays.

Une nouvelle mouture du projet d'embargo européen sur le pétrole russe avec des modifications demandées par plusieurs Etats membres est discutée ce vendredi à Bruxelles, mais la Hongrie bloque la proposition, ont indiqué plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.

"Si aucun accord n'est trouvé ce week-end, je devrais convoquer une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'UE la semaine prochaine, après la journée de l'Europe", a déclaré le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Viktor Orban bloque l'unanimité requise pour le vote du 6e paquet de sanctions

« La Hongrie a un problème et ils (les ambassadeurs) doivent le résoudre. Des clarifications techniques sont nécessaires, et cela prendra un certain temps. Cela va se poursuivre pendant le week-end pour le travail technique, pas politique », a expliqué un diplomate européen informé des discussions.

De fait, en durcissant le ton, le Premier ministre hongrois Viktor Orban bloque la proposition de la Commission européenne d'interdire les achats de pétrole et de produits pétroliers à la Russie d'ici à la fin de l'année et par là même, l'unanimité des 27 obligatoirement requise pour l'adoption des sanctions.

Les négociations menées au niveau des ambassadeurs des Etats membres vont être "compliquées", a confié un diplomate.

Hongrie et Slovaquie jugent les durée des dérogations insuffisantes

Pour entrer dans le détail de ce conflit interne à l'UE, il faut rappeler que la proposition soumise mercredi 4 mai aux Etats membres prévoyait un arrêt des importations de brut très rapidement, dans les six mois, d'ici à la fin 2022 pour les produits raffinés.

Mais, surtout, elle prenait déjà en compte le problème de la Hongrie et la Slovaquie, deux pays enclavés et dépendants des livraisons par l'oléoduc Droujba, en leur accordant spécifiquement une dérogation d'une année jusqu'à la fin 2023.

Mais cette durée a été jugée insuffisante tant par la Hongrie que par la Slovaquie. De plus, la République tchèque s'est ajouté au tandem, demandant également à bénéficier d'une dérogation.

Extension des durées de dérogations pour les trois pays anti-embargo

Pour résoudre cette opposition, Bruxelles a porté cette dérogation jusqu'à fin 2024 dans la nouvelle mouture du projet discuté ce vendredi 6 mai, la République tchèque se voyant également accorder cette possibilité, a-t-on indiqué.

En 2021, la Russie a fourni 30% du brut et 15% des produits pétroliers achetés par l'UE. Les trois pays qui demandent une dérogation représentent "un faible pourcentage" des achats, a souligné la Commission.

Patriarche Kirill: la question religieuse s'invite aux négociations

Autre objet de contestation par des États-membres : l'inscription du chef de l'Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill, soutien affiché à l'offensive russe, au nombre des nouvelles personnalités figurant sur la liste noire de l'UE.

Et pourtant, le patriarche Kirill, "un allié de longue date du président Vladimir Poutine, est devenu l'un des principaux soutiens de l'agression militaire russe contre l'Ukraine": il revendique environ 150 millions de fidèles dans le monde, principalement en Russie, a multiplié les sermons soutenant l'offensive du Kremlin en Ukraine.

Le 6e paquet sera-t-il effectif le 9 mai, date doublement symbolique?

Le sixième paquet de sanctions contre la Russie vise aussi le secteur financier avec l'exclusion de la plus importante banque russe, la Sberkank (37% du marché russe), et de deux autres établissements bancaires du système financier international Swift. Et trois canaux télévisés russes, dont Russia 24 et Russia RTR, seraient interdits de diffusion dans l'UE, selon le document consulté par l'AFP.

"Les pays qui hésitent aujourd'hui ne sont pas encore prêts", a reconnu vendredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. "Ils n'ont pas d'accès à la mer et nous discutons avec eux pour trouver des solutions (...) afin qu'ils aient la garantie d'avoir une sécurité pour leurs approvisionnements avec suffisamment de pétrole livré", a-t-elle expliqué dans une intervention en visioconférence pour un congrès organisé par le quotidien allemand FAZ.

L'objectif est une entrée en vigueur du sixième train de sanctions européennes pour la célébration de la 72e journée de l'Europe le 9 mai.

Cette date est également célébrée en Russie comme le "jour de la Victoire" sur l'Allemagne nazie, célébrée avec de grands défilés militaires sur la place Rouge (comme celui du 9-mai 2015, ci-dessous).

Commentaires 29
à écrit le 07/05/2022 à 12:49
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Orban un dictateur? C'est possible! Mais lui au moins défend les intérêts vitaux de son pays, donc de sa population, intérêts mis en danger par l'instance supranationale nommée Commission de Bruxelles qui est elle-même soumise à Washington. 👍👍👍 La H...

le 08/05/2022 à 13:38
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Défendre d les intérêts de son pays ? Certainement Pas les intérêts de son parti .oui. Hongrie dehors et fin des milliards d euros de transferts…

à écrit le 07/05/2022 à 11:25
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Il serait temps de remettre au pas cette Ursula qui ressemble à Iznogoud , le sous vizir qui voulait être vizir . Sa soumission aux USA avec le traité sur les données personnelles et sa servilité à exécuter les moindres désirs des va t en guerre devr...

le 07/05/2022 à 17:31
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Je vous conseille d'émigrer en Hongrie, le pays Nº2 dans le ranking des gens les plus dépressifs d'Europe, après la Russie... Nº1. Pour infos, les Français sont vraiment bien classés (82% de "plutôt heureux ou très heureux", dans le top 10 mondial).

à écrit le 07/05/2022 à 9:14
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Tu parles ils doivent tous être en train de se dire ouf ! C'est l'avantage de cette désunion européenne faut dire.

à écrit le 07/05/2022 à 7:54
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Beaucoup de cellules informatiques de l'armée russe ici. L'agresseur c'est la Russie, les ukrainiens eurent pour avoir le droit de voter librement. L union représente nos valeurs démocratiques, comme nous l'avons vu avec Hitler il ne faut pas attend...

le 07/05/2022 à 12:22
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quand on connait le passé de la tan.che von der leyen, on devrait plutot se faire discret.

à écrit le 07/05/2022 à 4:11
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On prend le problème à l'envers. Mr Orban est le seul pragmatique pour sauver l'UE. En suivant l'Amérique , l'UE ne s'est pas posé la question, si Paris vaut bien une messe, le Donbass vaut-il Hiroshima, car Mr Poutine le dos au mur va finir par empl...

à écrit le 06/05/2022 à 21:07
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je ne partage pas ses opinions mais il a raison, lUE se donne bonne conscience avec des mesures dont les effets se voient a 18 mois, et en remettent une couche au bout dun mois ' quoi qu'il en coute' ( aux autres).............va falloir arreter la ba...

à écrit le 06/05/2022 à 19:07
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Je pense que ces sanctions n'ont pas beaucoup d'effets sur la Russie et c'est surtout pour prouver que l'Europe fait quelque chose pour soutenir l'Ukraine. Il faudrait aussi voir les conséquences sur notre économie qui seront à mon avis désastreuses....

le 06/05/2022 à 19:50
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Vous iriez faire la guerre des autres pour défendre les seuls intérêts des néoconservateurs mondialistes américains ?...!

à écrit le 06/05/2022 à 18:44
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En Bulgarie : Pour la Bulgarie, il n’y a aucune raison d’aller à la guerre, sauf en tant que médiateur. Sur ordre de l’ambassade américaine, la Bulgarie s’est rangée du côté de l’un des deux camps adverses. Cela va également à l’encontre de l’opin...

à écrit le 06/05/2022 à 18:26
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A la sortie de cette crise (Dès que l’intégralité du Donbass, de Marioupol seront sous contrôle russe), nous nous rendrons compte du ridicule de nos positions (en UE) qui auront eu des effets extrêmes négatifs pour nos populations et nos économies. N...

le 06/05/2022 à 19:12
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Oui, des dirigeants qui vivent dans l'emotion et la posture ne servent à rien sauf à nuire à ceux qui'ils prétendent diriger. Nous avons mis aux responsabilités des mauvais acteurs sans culture et humilité. Ils ont raté leur vie, ils sont devenus pol...

le 06/05/2022 à 20:50
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Il faudrait laisser faire Poutine sans riposter ? Quand il aura envahi d'autres pays proche vous direz quoi ? Ah oui les sanctions troublent un peu votre confort !

le 06/05/2022 à 21:23
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Pourquoi faut-il toujours qu'il y ait partout des intervenants mononeuronaux avec des commentaires de benêts ? Pourquoi ?

à écrit le 06/05/2022 à 18:23
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La Russie en a t'elle une plus grosse que l'Europe ? Voilà ce qui se joue sous le regard amusé de ceux qui nous veulent du bien . C'est une aberration de savoir qui est le coq de la basse court ! Certains lobbies jouent avec le feu nucléaire penda...

à écrit le 06/05/2022 à 18:17
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F Asselineau "LA HONGRIE MET SON VETO AU 6e PAQUET DE SANCTIONS CONTRE LA RUSSIE Orban vient de mettre enfin le holà aux annonces délirantes de Von der Leyen,laissée scandaleusement en roue libre par les autres dirigeants politiques d'Europe, no...

le 06/05/2022 à 18:38
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Bien vu d' avoir vu d' où provient la hiérarchie des problèmes mondiaux. Sénateur us Rand Paul « Savez-vous qui est le plus grand propagateur de désinformation dans l'histoire du monde ? Le gouvernement des États-Unis." !!!!

le 06/05/2022 à 20:55
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La Hongrie n'aime l'UE que pour ses subventions mais ne veulent pas en respecter les règles ni être solidaire pour acheter des avions européens. Ils préfèrent acheter du matériel américain. Quand on pense qu'on les a libéré de la domination soviétiqu...

à écrit le 06/05/2022 à 18:14
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C'est quoi cette UE de Bruxelles qui fait ses annonces avant de consulter ses membres! Un régime autoritaire? Comme toute coalition cela amène a la guerre!

à écrit le 06/05/2022 à 17:55
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La Hongrie est une dictature qui ne respecte pas l'état de droit. Son objectif est de rester dans l'UE pour appliquer seulement les règles qui l'intéressent tout en touchant les subventions européennes qui alimentent le compte en banque de M. Orba...

le 06/05/2022 à 21:35
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Pologne ? de même.. Tchèquie ? de même.. Lituanie ? de même.. Estonie ? de même... Bulgarie ? de même.. Roumanie ? de même.. Slovénie ? de même.. Slovaquie ? De même... merci de vous réveiller.. quand à les virer impossible.. c'est interdit.. on ne...

à écrit le 06/05/2022 à 17:26
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Il y a dans les pays d'Europe de l'Est une nouvelle génération qui semble avoir oublié l'état dans lequel leurs pays se trouvaient à la chute du colonisateur russe. Et je ne parle pas seulement des magasins vides et des salaires au raz de terre, mais...

le 06/05/2022 à 20:21
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En 1980, la Pologne était sous le joug communiste, à la botte de l'Union soviétique si vous préférez.

le 06/05/2022 à 21:51
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Si votre propos est de soutenir l'union européenne ( fascisme " démocratique " comme la rda était république démocratique ) alors ne vous plaignez pas.. vous avez ce que vous avez voulu.. moi non. Je vous laisse le tout et vous regarde couler avec.....

à écrit le 06/05/2022 à 16:58
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Que d'imprévision et d'emballement émotionnel parmi les dirigeants de l'union Européenne. Heureusement qu'ils ne dirigent pas des entreprises...

le 06/05/2022 à 18:00
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Oui, ils se focalisent sur une question à la fois de façon manichéenne en se posant comme les depositaires du Bien pour tjr s'apercevoir après quelques années qu'ils n'avaient rien compris et que le Bien en politique n'existe pas.

à écrit le 06/05/2022 à 16:11
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Quand on joue sur tous les tableaux, on perd, inexorablement.

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