
L'inflation marque des signes d'essoufflement en Pologne. Après avoir atteint 10,8% sur un an en juillet, elle est redescendue à 10,1% en août, selon les données de l'Office national des statistiques (GUS). Sur un mois, les prix sont restés stables.
Comme de nombreux pays en Europe, ce sont bien les prix des produits alimentaires, toujours en progression de +12,7% sur un an, et des approvisionnements en énergie (+13,9%) qui tirent l'inflation générale à la hausse. Si elle demeure à un niveau élevé au regard de son niveau en 2021 à 5,1%, elle a néanmoins largement décru cette année après avoir atteint un taux moyen sur l'année 2022 à 14,4%.
Première baisse des taux depuis trois ans
De quoi convaincre la Banque centrale du pays (NBP) de baisser ses taux directeurs. C'est, en effet, ce qu'elle a fait, mercredi 6 septembre, ramenant son principal taux à 6% contre 6,75%. Une forte baisse alors que les experts s'attendaient à -0,25%. C'est surtout le premier changement de taux depuis septembre 2022 et même la première baisse depuis mai 2020.
Dans le détail : le taux d'escompte, qui désigne le taux d'intérêt auquel les banques commerciales empruntent des liquidités en apportant en garantie des créances qu'elles détiennent, a été fixé à 6,05%. Le taux Lombard, c'est-à-dire le taux d'intérêt appliqué par la banque centrale lors de l'octroi de prêts aux banques commerciales au jour le jour, a été porté à 6,5%.
Une solution qui permettra peut-être de soutenir la croissance du pays alors que son produit intérieur brut (PIB) a chuté de 2,2% au deuxième trimestre par rapport au trimestre précédent, selon les chiffres corrigés des variations saisonnières, a indiqué GUS. En glissement annuel, le PIB polonais a diminué de 1,4% au deuxième trimestre. En prix fixes, il a reculé de 0,6% entre avril et juin par rapport au trimestre précédent, après une baisse de 0,3% au premier trimestre.
La zone euro en récession technique
Car si des taux élevés permettent de réduire la consommation et donc l'écart entre l'offre et la demande dans le but de freiner l'inflation, ils pèsent également sur la croissance des pays qui optent pour cette politique monétaire à l'instar de la Banque centrale européenne (BCE). Elle a relevé ses taux à neuf reprises depuis juillet 2022 les portant actuellement dans une fourchette de 3,75% à 4,25%. Le taux de dépôt, qui fait référence, se hisse au même niveau que son pic historique de 3,75%, atteint entre octobre 2000 et mai 2001. En conséquence, Eurostat estimait, en juin dernier, que la zone euro (les vingt Etats à avoir adopté la monnaie unique) se trouvait techniquement en récession avec le recul du PIB sur deux trimestres consécutifs, de -0,1% d'octobre à décembre et à nouveau de -0,1% entre janvier et mars.
Et ce, en particulier à cause de l'Allemagne, elle-même entrée en récession technique au premier trimestre 2023, avec une deuxième baisse consécutive de son PIB plombé par son industrie qui souffre d'une baisse de sa demande, sur fond d'inflation et de hausse des taux d'intérêt. Le PIB de l'Allemagne a chuté de 0,3% entre janvier et mars sur un trimestre, après avoir reculé de 0,5% entre octobre et décembre, en données corrigées des variables de saison et de calendrier, selon l'institut Destatis.
(Avec AFP)
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