En Arctique, l'impressionnante démonstration de force de l’Otan face à la Russie

En Norvège, l'Otan effectue une opération dans le cadre du plus grand exercice militaire depuis la guerre froide : Steadfast Defender 24.
La perspective d'une attaque russe contre un pays de l'Otan n'est pas exclue, au moment où la Russie se convertit à l'économie de guerre.
La perspective d'une attaque russe contre un pays de l'Otan n'est pas exclue, au moment où la Russie se convertit à l'économie de guerre. (Crédits : LISI NIESNER)

Sur une plage de l'arctique norvégien, des péniches de débarquement de l'armée suédoise rallient la plage pendant que des parachutistes italiens descendent en rappel depuis des hélicoptères et que des fusiliers marins français, skis aux pieds, se tiennent prêts. Cette opération se tient dans le cadre d'un exercice militaire de l'Otan baptisé Steadfast Defender 24.

Steadfast est le plus important lancé par l'Alliance depuis la fin de la guerre froide. Il mobilise des semaines durant quelque 90.000 hommes et femmes et des dizaines de navires, blindés et avions de combat. Le message est donc clair : l'Otan est prête à se défendre, deux ans après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, devenue depuis la « principale menace » à la sécurité de l'alliance euro-atlantique.

« Nous montrons ainsi que nous sommes prêts à défendre nos territoires et il est très important d'agir ensemble pour renforcer nos capacités », explique à l'AFP le ministre suédois de la Défense, Pal Johnson, après avoir observé des tanks suédois, engagés dans un combat fictif dans cette zone frontalière entre la Finlande et la Norvège.

« En ce moment, les troupes russes sont embourbées en Ukraine, mais la Russie a clairement affiché ses ambitions pour reconstituer et adapter ses forces », assure-t-il.

Malgré tout, le chef des forces armées norvégiennes Eirik Kristoffersen assure que le nombre des troupes russes stationnées près de la frontière de son pays représente moins du cinquième de ce qu'il était avant l'invasion de l'Ukraine.

« Mais sur le front maritime, aérien et du point de vue des forces nucléaires, ils ont gardé toutes leurs forces intactes dans la région », souligne-t-il.

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Alliance renforcée

Il faut souligner que l'Alliance s'est encore renforcée avec l'entrée de la Suède, devenue officiellement jeudi son 32e membre. Ce qui est loin de plaire au Kremlin. L'adhésion de la Suède à l'Otan est un événement « historique » et démontre que le président russe Vladimir Poutine a « échoué » dans sa tentative d'affaiblir l'Alliance, a estimé de son côté ce lundi son secrétaire général Jens Stoltenberg.

Mais la perspective d'une attaque russe contre un pays de l'Otan n'est pas exclue, au moment où la Russie se convertit à l'économie de guerre. D'après un document du ministère des Finances consulté fin septembre dernier par l'AFP, les dépenses de Défense vont ainsi augmenter de 68% en 2024 par rapport à 2023 et atteindre 10.800 milliards de roubles (environ 106 milliards d'euros). Au global, la somme allouée à la Défense va représenter environ 30% des dépenses fédérales en 2024 et 6% du PIB, une première dans l'histoire moderne de la Russie.

Et cela alors que les Occidentaux ont les plus grandes difficultés à fournir les armes et munitions dont l'Ukraine a cruellement besoin face aux forces russes.

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Bataille autour de l'Arctique

D'autant que la région Arctique est devenue un enjeu stratégique dans la compétition entre la Russie et l'Otan. Le Kremlin n'a cessé d'y augmenter ses forces, depuis l'arrivée du président Vladimir Poutine en 2000, rouvrant ou modernisant des bases et aérodromes datant de l'époque soviétique. « La Russie a aussi déployé des missiles S-300 et S-400, rallongé des pistes pour accueillir des avions capables de transporter des bombes nucléaires et construit d'imposantes installations radar », liste Malte Humpert, fondateur du contre de réflexion américain « The Arctic Institute ». En août dernier, la flotte du Nord, en charge de l'Arctique, a mené des exercices militaires incluant plus de 8.000 militaires et plusieurs sous-marins.

Les deux nouveaux entrants, la Finlande et la Suède, tentent désormais de convaincre leurs nouveaux alliés de résister davantage à ces ambitions russes dans le grand Nord.

Outre les enjeux militaires, l'Arctique représente une zone stratégique d'un point de vue économique. Selon le contre-amiral David Patchell, commandant en second de la Deuxième flotte américaine, citant une hypothèse prudente, le changement climatique va ouvrir l'accès à des ressources d'une valeur de quelque 1.000 milliards de dollars dans la région.

Les autorités russes comptent ainsi sur la fonte des glaces entraînée par le changement climatique pour développer le commerce via les eaux gelées de l'Arctique et rendre la « Route maritime du Nord » navigable. Et pour cela, Moscou augmente et modernise sa flotte de brise-glaces nucléaires, des navires pouvant opérer en continu et traverser des voies maritimes gelées.

La conquête de l'Arctique est d'autant plus intéressante pour Moscou qu'elle lui offre une alternative aux sanctions faisant suite à l'offensive en Ukraine qui ont privé la Russie d'une grande partie des marchés européens. La région devient ainsi un enjeu essentiel pour Moscou afin d'exporter vers l'Asie ses hydrocarbures.

Commentaires 10
à écrit le 12/03/2024 à 18:57
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Ce qui est impressionnant c'est tout cet argent dépensé pour jouer a celui qui a la + grosse face a une menace qui n'existe pas ,pendant ce temps on meurt aux urgences de nos hôpitaux exsangues

à écrit le 12/03/2024 à 9:28
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J'espère qu'On a invité des observateurs de la Fédération de Russie à la fête.

à écrit le 12/03/2024 à 9:09
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A coup de superlatif c'est en effet impressionnant !

à écrit le 11/03/2024 à 22:40
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À la lecture de cet article, les manoeuvres de l'OTAN ne sont en aucun cas menaçantes, sauf bien sûr pour les paranoïaques (suivez mon regard). Je ne peux m'empêcher d'imaginer la teneur d'un article de La Tribune, si la Russie et la Chine organisaie...

à écrit le 11/03/2024 à 20:01
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C'est vrai que c'est impressionnant ces gesticulations hors de prix face a un pays qui ne nous menace pas

le 11/03/2024 à 20:11
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@Biden. +1

à écrit le 11/03/2024 à 19:42
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Un moyen de ruiner l'economie Russe si elle veut se mettre à niveau.

le 11/03/2024 à 20:03
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Pour le moment c'est surtout un moyen de nous ruiner , nous , si on se fie aux prévisions économiques

le 11/03/2024 à 20:12
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@Biden. + 1

le 12/03/2024 à 4:55
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Certains ont une vision tronquee pour ne pas dire autre chose.....

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