Industrie : la production et les commandes repartent en Allemagne, éloignant le spectre de la récession

La production industrielle allemande a rebondi en janvier, malgré des reculs marqués dans l'automobile et la santé. Tout comme les commandes industrielles, particulièrement celles hors de l'Union Européenne. Des évolutions positives qui laissent à penser que l'activité allemande pourrait échapper à la récession, même si la prudence reste de mise.
De fortes disparités sont observées entre secteurs. Si la fabrication d'équipements électroniques et de produits chimiques a augmenté, celles de véhicules et de pièces automobiles et de produits pharmaceutiques ont évolué « très négativement ».
De fortes disparités sont observées entre secteurs. Si la fabrication d'équipements électroniques et de produits chimiques a augmenté, celles de véhicules et de pièces automobiles et de produits pharmaceutiques ont évolué « très négativement ». (Crédits : Reuters)

L'industrie allemande a repris des couleurs en janvier. L'indicateur clé pour le secteur manufacturier a en effet progressé de 3,5% par rapport à décembre, en données corrigées des variations saisonnières (CVS), selon les données publiées ce mercredi 8 mars par l'institut fédéral de la statistique Destatis.

Ce niveau est par ailleurs plus haut qu'attendu puisque les analystes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur une augmentation de 1,4%. Il est aussi bien supérieur au recul observé au moins de décembre, corrigé à -2,4%.

Reste que, par rapport à janvier 2022, la production industrielle a globalement baissé de 0,9% (données CVS).

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Forte hausse des équipements électroniques et des produits chimiques

La production de l'industrie manufacturière hors énergie et bâtiment a augmenté de 1,9% sur un mois. Mais de fortes disparités sont observées entre secteurs. La production dans les branches énergivores a augmenté de près de 7%, après le recul marqué l'an dernier au pire de la hausse des prix d'énergie dans le sillage de la guerre russe en Ukraine. La fabrication d'équipements électroniques (+7,1%) et de produits chimiques (+9,8%) ont ainsi tiré l'indice.

À l'inverse, les productions de véhicules et de pièces automobiles (-5,2%) et de produits pharmaceutiques (-12,9%), importants pour l'industrie allemande, ont évolué « très négativement », souligne Destatis.

« Les développements actuels incitent à un optimisme prudent », a commenté le ministère de l'Économie dans un communiqué distinct. Il ajoute que la diminution des goulots d'étranglement dans les chaînes d'approvisionnement et des carnets de commandes toujours bien remplis font que « le ralentissement économique du début d'année sera modéré ».

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Les commandes industrielles progressent aussi

Parallèlement à cette reprise de la production, les commandes passées à l'industrie allemande ont elles aussi de nouveau progressé en janvier sur un mois, de 1,0%, selon Destatis. L'indicateur clé pour le secteur manufacturier tend à repartir en affichant sa deuxième hausse mensuelle consécutive, le mois de décembre ayant été revu en hausse à +3,4%. Il a progressé de 2,9% sur un mois sans tenir compte des grosses commandes, ajoute l'institut.

Le tableau est contrasté entre le bond de 11,2% des commandes hors Union Européenne, coïncidant avec la réouverture de la Chine après la fin de la politique zéro-Covid, et le recul de celles en provenance de la zone euro (-2,9%) et surtout d'Allemagne (5,5%). « Encore une fois, la reprise va probablement recommencer via les exportations », commente Jens-Oliver Niklasch, économiste chez LBBW.

Les commandes de biens d'équipement ont progressé sensiblement, tirées par l'aéronautique et les moteurs pour véhicules, tandis que celles de biens intermédiaires et de consommation ont reculé.

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Le risque de récession s'éloigne encore un peu plus

Pour Jens-Oliver Niklasch, ces données d'ensemble « pourraient remettre en question le scénario de la récession hivernale que nous avons supposé jusqu'à présent ». La perspective d'une récession en Allemagne faisait quasiment consensus parmi les économistes germaniques. De nombreux instituts économiques et experts évoquaient en effet une chute de la richesse produite en 2023.

Le pays reste sur une chute de 0,4% de son PIB au quatrième trimestre 2022, la crise énergétique et l'inflation pesant sur la production industrielle. Mais ces dernières semaines, des discours plus optimistes ont émergé. Notamment de la part du gouvernement allemand, qui considère que son économie encaisse mieux qu'attendu l'onde de choc de la guerre en Ukraine. Il prévoit d'ailleurs que la croissance du PIB sera faible mais positive à 0,2 % en 2023. Cela est notamment dû aux efforts de Berlin pour s'approvisionner en gaz liquéfié, aux aides publiques décidées par le gouvernement et à une relative amélioration des chaînes d'approvisionnement.

Si elle tient son rythme de 0,2% en 2023, la croissance allemande sera historiquement faible à son plus bas niveau depuis 2009, si l'on excepte l'épisode 2020 marqué par le Covid.

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L'Allemagne fait mieux que la France, l'Espagne ou encore le Japon

Avec son évolution positive en janvier, la production allemande fait mieux que la française. Selon l'Insee, la production industrielle en France a fléchi de -1,9% en raison d'un repli de 6,7% de la fabrication de matériels de transport. La manufacturière s'est elle aussi repliée, de -1,8%.

Du côté de l'Espagne, la production industrielle a aussi baissé (-0,9% sur un mois). Ce, à cause d'un fort recul de l'activité dans le secteur minier.

C'est néanmoins moins pire qu'au Japon, où la production industrielle a nettement reculé en janvier (-4,6% sur un mois), selon des données provisoires publiées la semaine dernière par le gouvernement. Le pays a été pénalisé par un affaiblissement de la demande mondiale et par les congés du Nouvel An lunaire en Asie. Il s'agit du premier recul de cet indicateur en trois mois.

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(Avec agences)

Commentaire 1
à écrit le 08/03/2023 à 18:43
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ca prouve que quoi qu'il en coute est toujours la!!!!!!!!! en premiere annee economie, on apprend la valeur temps et les taux.....mais ca c'etait avant que la gauche n'invente ' la nouvelle theorie monetaire' ( c'est ce qu'a fait la republique de wei...

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