55 milliards d'euros : le coût astronomique du sauvetage d'Uniper par Berlin

Le gouvernement allemand a finalisé le plan de sauvetage de son géant gazier Uniper ce mercredi. Au programme, l’État d’outre-Rhin pourrait mettre 25 milliards d’euros sur la table en plus des 30 milliards initialement prévus pour sauver Uniper.
Le plan gouvernemental de 30 milliards d'euros pour sauver Uniper pourrait ne pas suffire.
Le plan gouvernemental de 30 milliards d'euros pour sauver Uniper pourrait ne pas suffire. (Crédits : DADO RUVIC)

Sauver le géant du gaz allemand coûtera cher. Le gouvernement d'Olaf Scholz, le chancelier allemand, estime dans son plan de sauvetage finalisé ce mercredi qu'il pourrait débourser 25 milliards d'euros en plus des 30 milliards d'euros initialement prévus pour sauver Uniper, le géant gazier allemand au bord de l'effondrement à cause de la crise du gaz russe.

En septembre, le gouvernement allemand avait dévoilé un plan de sauvetage à plus de 30 milliards d'euros pour éviter la faillite d'Uniper. Ce plan impliquait notamment une nationalisation du fournisseur énergétique à hauteur de 8 milliards d'euros, mais qui ne « suffira pas pour stabiliser Uniper », regrette le géant gazier dans une de ses communications publiée ce mercredi.

« Une augmentation supplémentaire du capital jusqu'à 25 milliards d'euros sera autorisée, avec l'émission de nouvelles actions », dont la souscription sera « exclusivement réservée à l'Etat », a indiqué le groupe dans un communiqué.

Uniper ruiné par l'arrêt des livraisons de gaz russe

La décision de la Russie de couper son gaz à l'Europe depuis le début de la guerre en Ukraine a ruiné Uniper. Le groupe ne recevait qu'une quantité réduite de gaz par le gazoduc Nord Stream 1 avant d'en être totalement privé à partir de septembre. Problème, même sans l'arrivée de gaz russe, Uniper a dû continuer de livrer ses clients. Il a pour cela acheté du gaz en urgence en le payant au prix de gros qui est passé de 80 euros le 1er juin 2022, à 300 euros le MWh le 30 août d'après Vattenfall.

Résultat : depuis le début de l'année, la perte nette d'Uniper s'est établie à 40 milliards d'euros. Du jamais-vu pour une entreprise allemande.

Pour éviter de faire tomber les importateurs et distributeurs de gaz, le gouvernement les a finalement autorisés à répercuter, à partir du 1er octobre, la hausse des prix du gaz sur leurs clients. Ils pourront prélever 2,4 centimes de plus par kilowattheure (KWh) de gaz auprès des entreprises et des particuliers.

En contrepartie, le gouvernement a dévoilé, le 4 septembre dernier, un nouveau plan d'aides au pouvoir d'achat et aux entreprises, à travers des mesures totalisant 65 milliards d'euros, selon le projet d'accord.

Un géant que l'Etat doit sauver à tout prix

Si le gouvernement allemand compte dépenser autant, c'est parce qu'Uniper est en charge de 40% de l'approvisionnement en gaz de l'Allemagne. La faillite de ce géant risquerait de provoquer un effet domino sur l'ensemble du secteur de l'énergie dans le pays.

En juillet, Berlin avait débloqué un plan de sauvetage massif pour aider le premier importateur et stockeur de gaz d'Allemagne : des facilités de crédit de 9 milliards d'euros auprès de la banque publique allemande KfW. L'Etat allemand est aussi entré dans le capital de l'énergéticien, à hauteur de 30%, assortis d'obligations convertibles « jusqu'à 7,7 milliards d'euros ».

En septembre, Olaf Scholtz avait annoncé que le gouvernement aller racheter 99% des parts du groupe pour un prix unitaire de 1,70 euro l'action.

Au final, pour financer ce sauvetage et plafonner les prix du gaz et de l'électricité, Berlin a débloqué une enveloppe géante de 200 milliards d'euros, financée par l'emprunt et par une taxe sur les superprofits des énergéticiens.

Le plan de sauvetage n'est cependant pas encore acté, et fera l'objet d'un vote de l'assemblée générale du groupe, qui doit se réunir lors d'une session extraordinaire le 19 décembre. Mais ce vote ne devrait être qu'une formalité puisque le Finlandais Fortum, aujourd'hui actionnaire majoritaire du géant gazier, s'est déjà prononcé pour la proposition de nationalisation d'Uniper par le gouvernement allemand.

Commentaire 1
à écrit le 24/11/2022 à 1:12
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Vive le socialisme (a l'allemande).

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