Un nationaliste autrichien rêve d’annexer une région italienne

Le chef de file du FPÖ, Heinz-Christian Strache, veut organiser un référendum sur l’unité du Tyrol autrichien et du Trentin Haut-Adige italien. Un article d’EurActiv Allemagne.
Heinz-Christian Strache, leader du FPÖ (Parti pour la liberté), parti autrichien d'extrême droite, à Linz, le 1er mai 2016.

Le 8 avril, deux semaines après le premier tour des élections présidentielles autrichienne, les habitants du Trentin-Haut-Adige, une région autonome italienne aussi appelée Trentin-Tyrol du Sud et qui a appartenu à l'Autriche, s'exprimeront lors d'élections locales. Le parti pour la liberté autrichien (FPÖ) a une branche dans cette région, où l'autrichien est la deuxième langue officielle, et compte bien jouer la carte du nationaliste.

Dans un entretien accordé au quotidien italien La Repubblica, Heinz-Christian Strache, qui dirige le parti, a ajouté une couche à la campagne en cours :

« Je veux guérir les blessures existantes et donner au Tyrol l'occasion de se réunifier ».

Les habitants de la région devraient pouvoir appliquer leur droit d'autodétermination et décider librement de leur avenir, défend-il.

Campagne présidentielle

Cette proposition donne une nouvelle dimension à la campagne présidentielle en cours. Norbert Hofer, le candidat du FPÖ qui a mené le premier tour, a d'ores et déjà assuré être en faveur de la démocratie directe et des référendums. Son slogan, « la loi vient du peuple », confirme cette tendance.

     | Lire : L'extrême droite autrichienne en tête au premier tour de la présidentielle

Si l'idée de Heinz-Christian Strache n'a pas encore entraîné de réaction officielle de ses pairs, elle a déjà été catégoriquement refusée par d'autres. Reinhold Messner, alpiniste connu du Trentin-Haut-Adige, a qualifié sa déclaration d'« insensée »:

« Quiconque lance cet appel n'a rien appris de 1937 et de la tragédie du Tyrol du Sud » et veut uniquement « détruire la paix », a-t-il ajouté.

Ingrid Felipe (Verts), vice-gouverneur de la région, partage cet avis:

« Dans l'eurorégion Tyrol-Haut-Adige-Trentin, l'idée européenne de cohabitation et de marché commun sans frontière est une réalité. Avec son solide statut autonome et sa promotion des valeurs européenne, le Trentin-Haut-Adige est un modèle de réussite et ne devrait pas devenir la cible des agitateurs nationalistes », a-t-elle déclaré sans ambages.

Référendum

« Il ne reste à présent plus qu'à Heinz-Christian Strache d'exiger un référendum sur l'accès de l'Autriche à l'Adriatique », moque un lecteur de l'interview du politicien dans La Republicca.

Toute tentative de « rendre Bolzano germanique » semble cependant perdue d'avance, puisque le dernier recensement indique qu'environ trois-quarts de la population sont à présent italophones, avec seulement 25% de germanophones.

     | Lire : Le projet de mur « anti-migrant » en Autriche ravive les tensions avec l'Italie

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Par Herbert Vytiska, à Vienne, EurActiv.de (traduit par Manon Flausch)

(Article publié le lundi 9 mai 2016 sur Euractiv.fr)

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Commentaires 5
à écrit le 12/05/2016 à 15:46
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Seulement 25 % de germanophones ? J en doute fort, C est plutôt le contraire. Cette region vit principalement du tourisme et la grande majorité viennent d Allemagne. Il est peu probable d avoir un bon job a Bolzen si on ne parle pas allemand. Un ...

à écrit le 11/05/2016 à 11:09
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Amusant de voir ressurgir de vieilles histoires. Le dernier argument diat que le "Bolzano germanique" n'était plus possible car il n'y aviat que 25% de germanophone est bizarre. Bolzano est bien devenue italienne avec une écrasante majorité de germa...

à écrit le 11/05/2016 à 3:02
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L'époque est aux malbouls, USA, Philippines, C.N, Russie, France, Allemagne et il doit surement y en avoir pas mal d'autres en place ou en passe de l'etre..

à écrit le 10/05/2016 à 16:08
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Décidément cette Europe rend fou...

à écrit le 10/05/2016 à 15:55
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c'est du nationalisme régional et ce n'est pas nouveau: les allemands, par ex, sont pour une Europe des régions, plutôt que des nations. Effectivement les régions sont parfois transfrontalières et finalement parfois moins artificielles que celles que...

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