Monnaie numérique de banque centrale : la BCE passe à une étape plus concrète

L'Eurosystème au sein de la Banque centrale européenne (BCE) va s'appuyer sur un nouveau groupe de « contact », composé d'experts, qui sera chargé de « favoriser le dialogue et l'échange d'informations avec l'industrie », notamment avec les acteurs bancaires. En ligne de mire, la gestion de leurs transactions à l'aide d'une monnaie numérique de banque centrale.
Jeanne Dussueil
(Crédits : Ralph Orlowski)

La Banque centrale européenne (BCE) poursuit son chantier en matière de monnaie numérique. Après avoir suggéré en début d'année que l'une des pistes serait de proposer un euro numérique à tous les citoyens de l'Union européenne afin de faciliter leurs échanges, l'Eurosystème a annoncé vendredi 28 avril la mise en place d'un « groupe de contact dédié au marché » composé d'experts chargé de défricher les modalités d'une monnaie de gros. Autrement dit, il s'agit d'accélérer la mise en œuvre d'une monnaie numérique de banque centrale capable de gérer des transactions qui impliquent de gros montants entre établissements financiers, ou transfrontalières.

L'Eurosystème précise dans son communiqué mener une « exploration de solutions potentielles pour le règlement en monnaie de banque centrale des transactions financières de gros enregistrées sur des plateformes de technologie de registre distribué (DLT) ». Il s'agit plus précisément d'« étudier les modalités de règlement en monnaie de banque centrale des transactions financières de gros » Les technologies DLT (distributed ledger technology) sont l'équivalent d'un grand registre de compte numérique. Elles diffèrent des technologies blockchain qui, tout en étant un registre partagé, doivent gérer un consensus avant de valider une transaction.

« L'objectif de cette initiative est de consolider et de développer les travaux en cours des banques centrales de l'Eurosystème dans ce domaine, et de comprendre comment différentes solutions pourraient faciliter l'interaction entre les services TARGET (Trans-European Automated Real-time Gross Settlement Express Transfer NDLR) et les plates-formes DLT », détaille le communiqué de l'institution européenne.

Une monnaie numérique pour les transactions des banques

Comme d'autres banques centrales à travers le monde, dont la Réserve fédérale américaine, la BCE tente de combler son retard en matière de crypto-actifs. Pour elle, il s'agit de « faire en sorte que les évolutions de la monnaie de banque centrale suivent le rythme de l'innovation numérique dans le domaine des paiements de gros et de détail et y contribuent, et que la monnaie de banque centrale demeure un point d'ancrage monétaire qui soutient la stabilité, l'intégration et l'efficacité du système financier et du système de paiement européens », réaffirme-t-elle dans son communiqué.

Or, ce pouvoir monétaire est depuis la création du Bitcoin en 2009 challengé par une multitude de nouveaux actifs numériques qui entendent s'échanger de manière transparente et sécurisée, sans passer par une autorité intermédiaire. La révolution des crypto-actifs s'appuie sur le protocole de la blockchain, la plus connue étant celle du Bitcoin, suivie par l'Ethereum. Les banques centrales veulent donc y répondre avec des monnaies numériques de banques centrales (MNBC).

Aussi, la BCE est-elle tenue par le devoir de « neutralité technologique », rappelle à La Tribune Franck Guiader, directeur de Gide 255 et expert des technologies de la finance numérique. « Les MDBC ne seront pas forcément émises depuis un protocole blockchain et ne fonctionneront peut-être pas sur le même langage technologique que les cryptoactifs au sens de MiCA (la réglementation adoptée ce mois d'avril 2023 NDLR) », observe l'expert.

« Les expérimentations en cours au niveau des banques centrales ont jusqu'à présent cherché à trouver des cas d'usage en priorité dans le BtoB où le traitement des flux cash pouvaient nécessiter l'intervention d'une nouvelle forme de la monnaie », ajoute-t-il.

« Nous disposons déjà d'une CBDC de gros - une infrastructure numérique qui permet aux banques d'effectuer des paiements interbancaires », a d'ailleurs déclaré Fabio Panetta, membre du board de la BCE, citant le système de la BCE connu sous le nom de TARGET2, rappelle Coindesk.

L'idée est cette fois d'avancer avec les acteurs du secteur. Avec son nouveau groupe de travail, l'Euroystème cherche d'abord à se rapprocher des établissements financiers potentiellement intéressés par sa monnaie numérique de gros. « Des initiatives privées ont commencé à naître par exemple au sein de certaines banques (ex: Société Générale et la création de leur plateforme "Forge" et de son stablecoin "Coinvertible -EURCV") qui ont développé des infrastructures blockchain pour le traitement de nouveaux services en blockchain », explique Franck Guiader.

De leurs côtés, les grandes banques mènent des travaux sur des monnaies numériques dites stables ou stablecoins. Un nouvel actif qui pourrait s'interfacer avec une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) pour régler certains paiements de gros. « C'est donc sans doute au sein de grande banques que des liens entre MNBC et stablecoins devront se faire en priorité, notamment pour la gestion actif/passif et l'évolution de leurs services de cash management », conclut l'expert.

Jeanne Dussueil

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Commentaire 1
à écrit le 28/04/2023 à 20:10
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Les banques construisent ce qui va être les plus horribles crimes des années avenir ceci sans aucun contrôle, pire, avec l'aval des lapins crétins qui nous gouvernent. Les gens n'ont pas idée du danger pour eux et leurs familles du danger de l'argen...

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