
Certes, l'abstention a atteint un nouveau record, certes, les jeunes de moins de 35 ans se sont beaucoup moins déplacés que celles et ceux qui se sont rendus dans les bureaux de vote, mais les résultats du premier tour des élections régionales n'ont pas été ceux que les responsables politiques et que les instituts de sondage nous avaient prédits.
L'impasse de la nationalisation du scrutin
Une élection n'est jamais écrite à l'avance et il faut toujours attendre l'expression des Français, a-t-on coutume de dire. La soirée du 20 juin 2021 a montré que la nationalisation du scrutin était une impasse. Dans toutes les régions où le Rassemblement national était censé virer en tête, il est arrivé deuxième derrière le président sortant.
Dans les Hauts-de-France, Xavier Bertrand, déjà candidat officiel à l'élection présidentielle, était l'homme à abattre tant du côté du RN que de la République en marche qui avait dépêché sur place cinq ministres et secrétaires d'Etat. Sauf que le score obtenu par le sortant a déjoué tous les pronostics et que la liste soutenue par l'exécutif a même dû se retirer, faute d'avoir atteint le palier des 10% des suffrage exprimés.
Idem en Île-de-France où Valérie Pécresse, candidate officieuse au scrutin de 2022, concentre aussi bien les flèches du Rassemblement national que celles du gouvernement qui, là aussi, a cinq représentants. La présidente (Libres!) du conseil régional n'a pas encore gagné mais n'a pas encore perdu non plus. Arrivé deuxième, le RN profite de la division de la gauche mais a obtenu moins de voix qu'en décembre 2015, alors que le parti présidentiel, qui finit en quatrième position, se maintient au second tour, sans réserve de voix. Désormais à la tête d'une union de gauche et d'extrême-gauche, l'écologiste Julien Bayou rêve de coiffer au poteau la patronne du conseil régional, mais l'arithmétique et la politique ne riment pas toujours pas ensemble.
Sans parler de la région Sud, où l'actuel président Renaud Muselier, au cœur d'un micmac LR-LREM qui a fait beaucoup de bruit médiatico-politique, et le transfuge des Républicains Thierry Mariani, restent au coude-à-coude en attendant le résultat final du ministère de l'Intérieur.
Des élus qui ont "fait le job"
Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Renaud Muselier, trois exemples de présidents sortants qui ont en outre "fait le job" depuis le début de la crise de la Covid-19. Les trois ont joué à fond leur rôle de capitaine du développement économique, à coup de plans de relance locaux et d'aides en cascade aux entreprises.
Le diagnostic est le même dans les autres régions. Ces patrons de collectivités parfois aussi grandes qu'un pays européen voisin ont réussi à imposer leur visage dans l'espace public local et national, c'est-à-dire sur le terrain et dans les médias. A rebours du "nouveau monde", l'ancien monde régional a montré que l'occupation de l'espace conjuguée à l'efficacité de l'action politique restait la meilleure recette pour remporter l'adhésion de ses administrés.
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