La hausse des taux continue de stresser les marchés

Les investisseurs anticipent désormais une nouvelle série de hausses des taux aux Etats-Unis et en zone euro et excluent toute baisse en 2023. Un changement d’opinion qui a surtout affecté les marchés obligataires. Les difficultés d’une petite banque californienne a cependant ajouté du stress sur les marchés actions, notamment sur le secteur bancaire qui avait beaucoup monté ces derniers mois.
Après avoir débuté la semaine sur un plus haut historique à 7.400 points, le CAC 40 termine dans le rouge mais se maintient au-dessus des 7.200 points.
Après avoir débuté la semaine sur un plus haut historique à 7.400 points, le CAC 40 termine dans le rouge mais se maintient au-dessus des 7.200 points. (Crédits : Benoit Tessier)

Les marchés restent ballotés au gré des indicateurs économiques, inflation et marché de l'emploi aux Etats-Unis en premier lieu, et des anticipations sur les prochaines hausses de taux des banques centrales. Prochain rendez-vous, la réunion de la Réserve fédérale (fed) du 22 mars qui devrait déboucher sur une hausse de 50 points de base des taux directeurs, contre 25 points de base initialement anticipés. Du coup, la Banque centrale européenne ne pourrait non plus faire moins que 50 points de base lors de sa prochaine réunion, après avoir déjà augmenté ses taux de 50 points de base en février.

La surprenante résistance des économies occidentales et le niveau toujours élevé de l'inflation « cœur » ne laissent guère le choix aux banques centrales, Fed et Banque centrale européenne, que de poursuivre leur stratégie dure de lutte contre l'inflation.

Exit donc les espoirs d'une baisse des taux aux Etats-Unis au second semestre. Le message de Jerome Powell, le patron de la Fed, est clair : les taux seront plus élevés que prévu, même s'il se refuse à faire de la « forward guidance ». Du coup, les taux américains à deux et cinq ans ont bondi dans la semaine alors que les taux à 10 ans sont restés presque inchangés. Ce qui a du coup accentué l'inversion de la courbe de taux. « Aujourd'hui, c'est plutôt les banques centrales qui tentent de calmer les anticipations des marchés », s'amuse un gérant obligataire. En attendant, les marchés obligataires ont effacé la totalité de leurs gains de début d'année.

Inquiétudes sur le secteur bancaire

Sur les marchés actions, le mouvement d'inquiétudes suscité par les difficultés d'une banque californienne, Silicon Valley Bank (SVB), qui a provoqué un recul des valeurs bancaires, reste avant tout une histoire américaine. Un bon chiffre sur l'emploi américain a d'ailleurs rajouté au stress de la hausse des taux, devant ralentir la demande, sur les marchés actions américains qui clôturent leur pire semaine de l'année.

En France, l'indice CAC 40 termine également la semaine largement dans le rouge, après avoir touché un plus haut historique lundi à 7.400 points. Mais l'indice parisien demeure à des niveaux élevés, autour de 7.200 points, ce qui reste une performance.

Lire aussiPanique à la Silicon Valley : la banque des startups SVB attend son chevalier blanc

Les fragilités de quelques établissements bancaires américains - une poignée serait actuellement passée en revue par les régulateurs, selon Janet Yellen, secrétaire d'Etat au Trésor - ne doit pas masquer les solidités des résultats et des bilans bancaires, notamment en Europe. Si BNP Paribas perd près de 7% sur la semaine, le titre a néanmoins gagné près de 20 % sur les six derniers mois. Le même constat pourrait être fait pour les principales banques européennes, avec un indice sectoriel Stoxx 600 Banks en hausse de 18 % depuis janvier.

Atout Europe

Le fait est que les indices boursiers ont profité des bons résultats des entreprises, surtout en Europe. Les entreprises apparaissent même comme les grandes gagnantes des crises qui ne sont succédées depuis 2020 (Covid-19, inflation) en sachant préserver leurs marges, même si ce pari sera sans doute plus difficile à tenir en 2023. « Peu d'entreprises ont révisé à la baisse leurs objectifs pour 2023 », note cependant un gérant actions.

Malgré les tensions suscitées par des taux durablement plus élevés, l'Europe devient à nouveau attractive pour les investisseurs internationaux, avec des collectes positives sur les fonds actions européennes. Une première depuis 2009. « Nous commençons à observer des retraits sur les marchés américains alors que les flux s'étaient largement concentrés sur les Etats-Unis depuis la crise sanitaire », souligne un économiste de marché.

Lire aussiEtats-Unis : la Fed durcit le ton, et anticipe une hausse de son taux supérieure à 5,1%

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Commentaires 7
à écrit le 11/03/2023 à 6:56
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Quand on pense à tous ces hommes et femmes politiques notamment de gauche qui disaient qu’il fallait financer à crédit nos déficits car les taux étaient bas ou négatifs ce sont les mêmes qui avaient souscrits pour leurs collectivités des crédits toxi...

le 11/03/2023 à 20:55
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Il n'y a pas de leçon à retenir : le politique est court termiste puisqu'il a 1 chance sur 2 de se faire ré-élire. S'il est réélu, c'est souvent à coup de grosse dépenses sociales (ravalement d'immeubles, aménagements programmés pour les élections, f...

le 13/03/2023 à 10:45
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A bon, il me semble que cette politique est plutôt de droite : les 2 derniers à avoir baissé réellement le déficit sont HOLLANDE et JOSPIN. Et HOLLANDE, alors qu'il y avait une récession en Europe... MACRON et SARKOZY avait réaugmenté le déficit a...

à écrit le 11/03/2023 à 0:10
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Vraiment hâte d'observer la mise en application de la garantie du pipeau (6,11 Mds au 31-déc-2021 selon FGDR) en France dont le fond représente moins de 1 % des dépôts bancaires des français (2 837 Mds au 31-déc-2022 selon BdF). A noter que la ...

le 13/03/2023 à 6:03
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Si vous vous informiez sérieusement au lieu de faire des jeux de mots médiocres, vous sauriez que ce qui est prévu est que ni la faillite de SVB ni la fermeture volontaire de Signature Bank ne doivent entraîner de pertes pour les déposants et les con...

le 13/03/2023 à 13:55
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@Al Je vous retourne le conseil car il est prévu dans la législation américaine de tondre tous les clients aux dépôts supérieurs à 250 000 USD si l'actif net de la banque est déficitaire. Le communiqué se veut évidemment rassurant pour calmer...

à écrit le 10/03/2023 à 23:04
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La financiarisation de toutes les activités sont schizophrènes et les valeurs accordées aux s gifs sont souvent basees sur des. Projections et du vent ? De manière générale le monde occidentale et la France en particulier externalise les coûts sur le...

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