
Les marchés restent ballotés au gré des indicateurs économiques, inflation et marché de l'emploi aux Etats-Unis en premier lieu, et des anticipations sur les prochaines hausses de taux des banques centrales. Prochain rendez-vous, la réunion de la Réserve fédérale (fed) du 22 mars qui devrait déboucher sur une hausse de 50 points de base des taux directeurs, contre 25 points de base initialement anticipés. Du coup, la Banque centrale européenne ne pourrait non plus faire moins que 50 points de base lors de sa prochaine réunion, après avoir déjà augmenté ses taux de 50 points de base en février.
La surprenante résistance des économies occidentales et le niveau toujours élevé de l'inflation « cœur » ne laissent guère le choix aux banques centrales, Fed et Banque centrale européenne, que de poursuivre leur stratégie dure de lutte contre l'inflation.
Exit donc les espoirs d'une baisse des taux aux Etats-Unis au second semestre. Le message de Jerome Powell, le patron de la Fed, est clair : les taux seront plus élevés que prévu, même s'il se refuse à faire de la « forward guidance ». Du coup, les taux américains à deux et cinq ans ont bondi dans la semaine alors que les taux à 10 ans sont restés presque inchangés. Ce qui a du coup accentué l'inversion de la courbe de taux. « Aujourd'hui, c'est plutôt les banques centrales qui tentent de calmer les anticipations des marchés », s'amuse un gérant obligataire. En attendant, les marchés obligataires ont effacé la totalité de leurs gains de début d'année.
Inquiétudes sur le secteur bancaire
Sur les marchés actions, le mouvement d'inquiétudes suscité par les difficultés d'une banque californienne, Silicon Valley Bank (SVB), qui a provoqué un recul des valeurs bancaires, reste avant tout une histoire américaine. Un bon chiffre sur l'emploi américain a d'ailleurs rajouté au stress de la hausse des taux, devant ralentir la demande, sur les marchés actions américains qui clôturent leur pire semaine de l'année.
En France, l'indice CAC 40 termine également la semaine largement dans le rouge, après avoir touché un plus haut historique lundi à 7.400 points. Mais l'indice parisien demeure à des niveaux élevés, autour de 7.200 points, ce qui reste une performance.
Les fragilités de quelques établissements bancaires américains - une poignée serait actuellement passée en revue par les régulateurs, selon Janet Yellen, secrétaire d'Etat au Trésor - ne doit pas masquer les solidités des résultats et des bilans bancaires, notamment en Europe. Si BNP Paribas perd près de 7% sur la semaine, le titre a néanmoins gagné près de 20 % sur les six derniers mois. Le même constat pourrait être fait pour les principales banques européennes, avec un indice sectoriel Stoxx 600 Banks en hausse de 18 % depuis janvier.
Atout Europe
Le fait est que les indices boursiers ont profité des bons résultats des entreprises, surtout en Europe. Les entreprises apparaissent même comme les grandes gagnantes des crises qui ne sont succédées depuis 2020 (Covid-19, inflation) en sachant préserver leurs marges, même si ce pari sera sans doute plus difficile à tenir en 2023. « Peu d'entreprises ont révisé à la baisse leurs objectifs pour 2023 », note cependant un gérant actions.
Malgré les tensions suscitées par des taux durablement plus élevés, l'Europe devient à nouveau attractive pour les investisseurs internationaux, avec des collectes positives sur les fonds actions européennes. Une première depuis 2009. « Nous commençons à observer des retraits sur les marchés américains alors que les flux s'étaient largement concentrés sur les Etats-Unis depuis la crise sanitaire », souligne un économiste de marché.
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