Procès Kerviel : "Je ne faisais pas ce métier pour de l'argent"

La cinquième journée du procès en appel de Jérôme Kerviel a commencé ce mercredi 13 juin. La présidente de la Cour, qui n'a jusque là pas ménagé l'ancien trader, condamné le 5 octobre 2010 à cinq ans de prison, dont trois fermes, ainsi qu'à 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts, entend aujourd'hui les premiers témoins.
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Jérome Kerviel est sous le coup de trois chefs d'accusation : abus de confiance, introduction frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé, faux et usage de faux. Son procès en appel a commencé lundi 4 juin. Suivez en direct la cinquième journée d'audience couverte par notre journaliste Christine Lejoux. Retrouvez le compte-rendu de la première journée d'audience, le compte-rendu de la deuxième journée d'audience, le compte-rendu de la troisième journée d'audience et le compte-rendu de la quatrième journée d'audience.

Mercredi 13 juin

 10h25 "Je ne faisais pas ce métier pour de l'argent"

 Maître Jean Reinhart, autre avocat de la Société Générale : Votre livre [L?engrenage, paru en 2010 ; Ndlr], que je relisais hier soir, est-il votre vérité ?
JK : Oui, je ne changerais pas un seul mot.
Quel est votre état d?esprit entre le 3 et le 18 janvier 2008 ?
J?étais dans une spirale, un engrenage.
Mais, quand on dégage un bénéfice de 1,4 milliard, on se sent fort?
J?étais content mais je ne me sentais pas puissant.
Le 18 janvier, c?est une journée un peu délicate, pourquoi ne vous arrêtez-vous pas alors que vous sentez que vous allez être lâché par vos supérieurs ?
Parce que le marché bougeait beaucoup et que j?étais dans le feu de l?action.
Maître Jean Veil, avocat de la Société Générale : M. Kerviel, vous avez dit ne pas avoir pris d?argent, dans cette histoire. Vous confirmez ?
Oui.
Etes-vous d?accord avec le fait que vous avez sollicité un bonus de 600.000 euros pour 2007 ?
Effectivement. On est obligé d?annoncer un chiffre lorsque votre manager vous demande « combien tu veux ? » lors de l?entretien de fin d?année. Mais je n?ai jamais touché cet argent.
Mireille Filippini : certains de vos collègues ont dit que vous n?étiez pas content du bonus que vous alliez toucher, 300.000 euros au lieu des 600.000 que vous aviez demandés. C?est vrai que c?est minable, 300.000 euros par rapport au 1,4 milliard que vous aviez gagné en 2007? Est-ce pour cela que vous avez continué à prendre d?importantes positions sur les marchés, en janvier 2008, pour tenter de gagner un bonus plus élevé l?année suivante ?
C?est faux, je n?étais pas mécontent de mon bonus. Et je ne faisais pas ce métier pour l?argent. Ce n?est pas comme cela que mes parents m?ont éduqué.
Qu?est-ce qui vous intéressait dans ce métier, alors ?
C?était techniquement intéressant, très actif. La finance et l?économie m?intéressaient. C?était très actif, très prenant. C?était un métier stressant mais qui me passionnait.

David Koubbi, avocat de Jérôme Kerviel : J?ai le sentiment que, pendant un certain nombre d?années, vous avez dû prouver que vous étiez innocent. Partagez-vous cela ?
Oui.
Vous savez que c?est à l?accusation de prouver votre culpabilité ?
Mireille Filippini : Maître, c?est une insulte à la cour, vous énoncez des évidences ! Les avocats et magistrats ici présents ont quelques heures de vol !
Me Koubbi : Madame la Présidente, je trouve qu?il y a un déséquilibre car je ne vois passer aucune question mettant en difficulté la Société Générale.
L?Avocat général : rappelez-nous de quoi votre client est accusé ?!
D?une fadaise !
Mireille Filippini : vous arrêtez, maintenant ! La cour va suspendre. J?espère que les esprits seront calmés à 11h15.

Maître François Martineau, l?un des avocats de la Société Générale: Monsieur Kerviel, compensiez-vous vos pertes latentes de janvier 2008 avec votre résultat de 1,4 milliard d?euros engrangé en 2007 ?
Jérôme Kerviel : Je ne vois pas où vous voulez en venir.
Me Martineau : M. Kerviel, pilotiez-vous vos prises de positions acheteuses de janvier 2008 en fonction du 1,4 milliard que vous aviez gagné en 2007 ?
JK : Si votre question est de savoir si je cherchais à perdre le 1,4 milliard [qui posait problème à la Société Générale en déséquilibrant son ratio de fonds propres rapportés aux encours de risque ; Ndlr], la réponse est clairement non, cela n?aurait eu aucun sens.

... Retrouvez l'intégralité de cette cinquième journée d'audience

 

 

Et retrouvez notre dossier spécial sur l'affaire Kerviel, les analyses de Valérie Segond et de François Lenglet après le verdict de 2010, ce que sont devenus les protagonistes de l'affaire, les plaintes déposées par Me David Koubbi (avocat de Jérôme Kerviel) et par Me Jean Veil (avocat de Société Générale), le témoignage de l'ancienne conseillère en communication de Jérôme Kerviel, et le contexte politique dans lequel s'inscrit le procès.

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Commentaires 11
à écrit le 13/06/2012 à 15:52
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Pour comprendre JK ,il faut comprendre le monde des geeks ,des joueurs en ligne,un monde à part ou tout est vraisemblable en même temps que virtuel, l'argent gagné est un challenge dont on n'a sans doute qu'un usage relatif ,belle voiture ,appart ,ma...

à écrit le 13/06/2012 à 14:17
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Avec de tels dommages & intérêts, il aura le choix de faire quoi... trader pour rembourser ?

à écrit le 13/06/2012 à 13:58
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Si il a effectivement fait gagner 1.4 milliards d'euros en 2007 et que cette somme est passée dans son reporting (P&L) alors effectivement ses superieurs devaient etre au courant. Pour gagner une telle somme en un an il faut forcement deployer de tre...

à écrit le 13/06/2012 à 13:44
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Un état d'esprit parfaitement expliqué dans le film Wall Street 2, où Gordon Gekko explique vers la fin que le but d'amasser de l'argent est simplement de continuer la partie, c'est un jeu. Regardez les Gamers dans les jeux vidéos, certains ne se no...

à écrit le 13/06/2012 à 13:40
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Que monsieur Kerviel ait fait son travail sur les ordres de la société générale qui savait ce qu'il faisait en tout état de cause ....D'accord Mais qu'il dise que ce choix de métier n?était pas motivé par le gain là on n'y croit pas ...faut pas abus...

à écrit le 13/06/2012 à 13:28
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Oh ,le menteur ! ne travaille -t-il donc que bénévolement ? Il peut vivre de ne rien faire alors ou si , du bénévolat !

à écrit le 13/06/2012 à 12:55
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Quand je disais que les talents ne travaillent pas pour l'argent, et que si l'on réduisait l'écart entre les salaires, il y aurait toujours des passionnés pour faire avancer le monde. On en a déjà trouvé un ;).

à écrit le 13/06/2012 à 12:38
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parfaitement d'accord. J'entends partout "il ne s'est pas enrichi personnellement" ... enfin et les primes qu'il allait toucher, je ne pense pas qu'il en aurait fait dont à des associtaions carritatives ......

à écrit le 13/06/2012 à 12:30
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c'est le premier trader qui ft de l'abnegation! on a trouve le jesus ' sur produits derives' !!!!!!!! vache, sortir des trucs comme ca c'est en avoir dans la culotte !!!

à écrit le 13/06/2012 à 12:07
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Un traider qui dit qu'il "ne fait pas ça pour l'argent", C'est grotesque, seuls les naïfs peuvent avaler une pareille assertion. Le principe même des primes est un encouragement au gain. C'est parfaitement humain.

à écrit le 13/06/2012 à 11:46
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Il ne faisait pas cela pour l'argent... Mais pour quoi alors? Pour se foutre de la gueule des autres, pfff !!

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