Le projet de scission d'EY patine

EY repousse la séparation de ses activités d'audit et de conseil, mais assure que le projet « Everest » n'est pas enterré. La répartition des activités entre audit et conseil n'est pas tranchée, tout comme les modalités de l'introduction en Bourse de la branche conseil.
Le siège français d'EY dans le quartier de La Défense, à Paris.
Le siège français d'EY dans le quartier de La Défense, à Paris. (Crédits : Reuters)

L'opération « Everest » aura-t-elle lieu en 2023 ? Le projet de scission des activités d'audit et de conseil au sein du géant EY ne progresse pas aussi vite qu'annoncé. Mercredi, le quotidien économique Financial Times (FT) affirmait même que le plan de scission était sur « pause » en raison « d'un différend houleux sur la part de ses activités fiscales qui devrait rester du côté de l'audit du cabinet ».

Lire aussiEY ouvre le bal des scissions dans l'audit et le conseil

À la suite de l'article du Financial Times, EY a reconnu qu'il lui fallait encore travailler sur « la forme finale de la transaction », mais a confirmé que la scission était encore à l'ordre du jour. « Cette transaction est complexe et constituera la feuille de route pour la refonte de la profession, il est donc important de bien faire les choses », a poursuivi EY dans sa déclaration, assurant « rester attaché à la logique stratégique qui sous-tend » ce projet baptisé « Everest ». « Un accord peut et doit être conclu » avec les 13.000 associés qui devront approuver par un vote la séparation de l'audit et du conseil, a insisté EY.

Éviter les conflits d'intérêt et attirer plus de contrats

Après avoir été un bruit de couloir pendant des années, la scission d'EY a été officialisée par sa direction en septembre 2022. Cela doit lui permettre d'obtenir davantage de contrats dans les branches respectives de l'audit et du conseil sans se soucier des potentiels conflits d'intérêts qui émergent quand les deux activités sont rassemblées dans une même structure.

Lire aussiEY, Deloitte..., pourquoi les poids lourds du conseil amorcent la scission de leurs activités

EY sous pression

De récents scandales ont mis EY sous la pression des autorités et l'ont poussé à sauter le pas. En 2020, la pépite des fintech allemandes Wirecard a fait brutalement faillite après la révélation de 2 milliards d'euros d'actifs fictifs dans ses comptes. Son auditeur EY les avait validés sans déceler la manipulation financière.

Une affaire similaire met en cause EY au Royaume-Uni après un audit défaillant du voyagiste Thomas Cook, qui a aussi fermé ses portes.

Si l'opération de scission peut paraître logique, découper un mastodonte avec plus de 300.000 employés présents partout dans le monde n'en constitue pas moins un chantier colossal.

En interne, le sujet occupe les conversations et surtout les journées de travail des 2.000 employés chargés, selon le Financial Times, de plancher à temps plein sur « Everest ».

Des questions en suspens

Le projet achoppe pour l'instant sur la manière dont les activités d'EY dans la fiscalité vont être partagées entre les entités conseil et audit. D'autres questions demeurent en suspens : comment seront réorganisées les activités pays par pays ? Comment les associés et les salariés bénéficieront-ils de l'entrée en Bourse de la branche conseil évaluée à plusieurs dizaines de milliards d'euros ?

La direction temporise face à ces questions. Ces tergiversations peuvent aussi s'expliquer par les conditions moins favorables sur les marchés financiers. Une introduction en Bourse de la branche conseil paraît aujourd'hui moins intéressante qu'il y a quelques mois. En attendant, le vote d'approbation des associés est repoussé pour gagner en amont leur soutien. Initialement prévu pour fin 2022 avant d'être repoussé à début 2023, il devrait avoir lieu en avril ou mai, au plus tôt.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.