150.000 emplois sauvés l'an dernier grâce au Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI)

Le Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri), qui dépend de Bercy et aide les entreprises en difficulté de plus de 400 salariés, a traité plus de 80 dossiers l'an dernier. Des situations essentiellement liées à la crise économique déclenchée par la pandémie de Covid. Mais le comité s'attend à voir de nouveaux cas pointer, du fait cette fois de l'inflation.
Fanny Guinochet
À Bercy, le Ciri vole au secours des entreprises en difficulté.
À Bercy, le Ciri vole au secours des entreprises en difficulté. (Crédits : Reuters)

C'est un petit commando qui intervient de façon confidentielle quand la situation des entreprises se dégrade. Une petite équipe d'urgentistes économiques qui mène un travail de l'ombre, à l'amiable, avec les dirigeants, les banquiers, les investisseurs... Son objectif : trouver des solutions pour éviter que la société ne mette la clef sous la porte, et supprime des emplois.

Autant dire que le Comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri), qui aide les sociétés en difficulté de plus de 400 salariés, n'a pas chômé ces dernières années. Il a ainsi été saisi de 34 nouveaux dossiers en 2021, contre 70 en 2020 au début de la crise sanitaire, selon son rapport annuel publié ce mardi.

Et, au total, le Ciri a traité l'an passé 82 dossiers représentant plus de 150.000 emplois, notamment en raison de "l'allongement de la durée des procédures amiables, décidé durant la crise sanitaire" ainsi que de "la complexité de certains dossiers", précise encore le rapport.

Parfois, malgré les efforts, il arrive qu'un dossier bascule en redressement judiciaire avec un plan de cession : ce fut le cas d'Office Depot, spécialiste du matériel de bureau, qui n'a pas pu être sauvé. Plus de 900 salariés ont ainsi été licenciés.

Les dossiers de l'an dernier étaient en lien avec la crise Covid

Et après le Covid, l'activité du Ciri reste supérieure à celle de l'avant-crise. En 2019, le comité était intervenu auprès de 64 entreprises. Sans surprise, l'an dernier, le comité est intervenu dans les secteurs fragilisés par la crise sanitaire : le tourisme, le transport aérien et le commerce de détail, ou encore les services.

Ainsi, le comité, qui dépend de la direction du Trésor à Bercy, a-t-il, par exemple, prodigué ses services à Figeac Aéro, sous-traitant direct d'Airbus, qui après la pandémie, avait vu ses ventes plonger. Levée de nouveaux fonds, négociation avec les créanciers, restructuration de la dette, aménagement du prêt garanti par l'État, le PGE... Le Ciri a permis a cette entreprise de 1.700 emplois en France ( et 2.500 dans le monde) de sortir la tête de l'eau.

Il a aussi joué les "pompiers" auprès du groupe de tourisme Pierre et Vacances, en l'aidant à trouver de nouveaux investisseurs et à se recapitaliser.

Autre dossier important, le traiteur Potel & Chabot, qui, avec la pandémie et l'effondrement de l'activité événementielle, est passé tout près du dépôt de bilan.

Les dossiers à venir sont en lien avec l'inflation

En revanche, la deuxième partie de l'an dernier, ainsi que ce début 2022, sont plutôt marqués par l'augmentation des saisines de dossiers industriels.

Selon le rapport,  les entreprises sont confrontées "aux problèmes d'approvisionnement de composants électroniques et à l'inflation du coût de l'énergie et des matières premières".

Des difficultés qu'elles connaissaient depuis le début de la guerre en Ukraine, mais qui ont tendance à s'aggraver. Les groupes les plus exposés sont ceux qui prennent de plein fouet la hausse des "intrants" (énergie, bois, verre, acier, etc.).

Alors que l'activité économique ralentit, que la croissance se tasse, le Ciri ne masque pas sa prudence  pour les mois à venir :

"Nous n'enregistrons pas d'accélération des saisies, mais nous restons très mobilisés avec l'inflation et la remontée des taux d'intérêts", explique à la Tribune, Cédric Garcin, le secrétaire général du Ciri.

Les craintes portent sur une vulnérabilité des sociétés à rembourser leurs crédits, ou à en négocier de nouveaux.  Alors qu'il fête ses 40 ans cette année, le Ciri se dit en pleinement en alerte.

Fanny Guinochet

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Commentaires 2
à écrit le 22/06/2022 à 20:21
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Quand quelque chose fonctionne, il faut le dire. Pour le cir, c'est le cas ! Et c'est une bonne nouvelle. D'abord pour les entreprises, les salariés et les compétences concernés. Pour leurs clients et leurs fournisseurs, aussi. Au-delà...

à écrit le 21/06/2022 à 16:22
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Tout va bien Mme la marquise.La part de l'industrie dans le PIB en France diminue comme une peau de chagrin et donc le déficit commercial, car un pays qui se désindustrialise n'a plus d'avenir. A l'inverse un pays qui planifie à long terme et qui a ...

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