L'hélicoptère de combat français Tigre va embarquer le missile air-sol tactique du futur (MAST-F ou encore MHT) de MBDA, comme l'avait récemment révélé La Tribune. C'est la ministre des Armées Florence Parly qui l'a annoncée vendredi chez MBDA à Bourges. "Pour se maintenir au meilleur niveau opérationnel, le Tigre doit pouvoir être engagé dans les conditions les plus dures, frapper plus loin, et ce en toutes circonstances, que la cible soit visible ou non, immobile ou en mouvement, a expliqué Florence Parly. Un missile quasi-infaillible, c'est ce que nous voulons pour la rénovation du Tigre. Et j'ai le plaisir d'annoncer aujourd'hui que pour répondre à ce besoin opérationnel essentiel, nous avons choisi de retenir le projet de MBDA, le missile MHT". Le MHT remplacera notamment le missile Hellfire 2, qui équipe actuellement les Tigre de l'armée française.
Le Tigre pourra emporter en configuration de combat jusqu'à huit missiles MHT, qui dispose d'une capacité de neutralisation très précise de combattants, de cibles blindées et d'infrastructures, de jour comme de nuit jusqu'à 8.000 mètres. Outre les hélicoptères, ce missile de type "tir et oubli" peut également armer des drones et des véhicules terrestres. Cette capacité "tir et oubli" rend le MHT apte au combat collaboratif, autorisant en particulier le tireur à engager une cible hors de sa vue directe sur des coordonnées fournies par un autre acteur du champ de bataille, d'achever le guidage final sur l'objectif voire d'adapter la frappe sur un objectif d'opportunité.
700 millions dans le carnet de commandes de MBDA
Cette nouvelle commande pour MBDA portera sur le développement et dans un premier temps, la production de 500 missiles. Le ministère des Armées a également commandé des simulateurs de tir et des maquettes de manipulation pour l'entraînement. Évaluée à 700 millions d'euros, cette commande doit être signée "d'ici à la fin de cette année", avec pour objectif une qualification du missile MHT (Missile Haut de Trame) en 2026 et des livraisons à compter de 2028.
Outre MBDA, ce contrat bénéficiera également à Safran, qui conçoit l'autodirecteur, à Thales qui met au point la liaison de données et à Roxel pour les propulseurs. Ce programme permettra de pérenniser 600 emplois au total : 350 emplois à temps plein dès l'année prochaine, et ce jusqu'en 2027, puis 250 à partir de 2024 pour la phase de production.
Un produit 100% "Made in France"
Pour développer, produire et utiliser ce missile, "nous n'aurons besoin de personne", a affirmé la ministre. Et surtout pas de l'Allemagne, qui a quitté en 2018 ce programme après avoir pourtant promis en juillet 2017 de monter à bord. Avec le MHT, "plus que jamais", la France fait donc le choix de consolider et de développer les compétences de sa base industrielle et technologique de défense (BITD). "Garantir notre souveraineté industrielle et technologique est un défi permanent et complexe", a rappelé Florence Parly. L'option proposée par MBDA France a été préférée au missile américain JAGM et au Brimstone, développé par MBDA au Royaume-Uni. Le refus de Londres, puis celui de Washington, d'exporter le missile air-air Meteor en Égypte a certainement compté dans la décision de Paris de se libérer de cette contrainte.
C'est dans le cadre de la stratégie "ITAR free" que le ministère a demandé à MBDA de développer le missile air-air MICA-NG en prenant en compte la contrainte ITAR (International traffics in arms regulation). Cette réglementation donne à Washington le droit de s'opposer à une exportation si des composants et des équipements américains équipent un système d'arme français ou européen. "L'autorité de conception du MHT/MLP étant 100 % européenne, ce programme contribuera pleinement aux objectifs d'autonomie stratégique que se sont fixées la France et l'Union européenne", a précisé le PDG de MBDA, Eric Béranger. Estampillé donc "ITAR free", le MHT sera proposé sans contrainte à l'exportation.
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