Avec le belge CNP, la pépite spatiale CLS vise une croissance de 8% à 9% par an entre 2019 et 2023

Depuis le 30 janvier, la société d'investissement belge du Groupe Frère est l'actionnaire de CLS. Le CNES et CNP se sont engagés à rester sur le long terme pour accompagner CLS.
Michel Cabirol
Le principe de gouvernance permet de fonctionner sur un mode de consensus entre le CNES et CNP, estime le directeur financier du centre national d'études spatiales Antoine Seillan.
"Le principe de gouvernance permet de fonctionner sur un mode de consensus" entre le CNES et CNP, estime le directeur financier du centre national d'études spatiales Antoine Seillan. (Crédits : CLS)

La société d'investissement du Groupe Frère, la Compagnie Nationale à Portefeuille (CNP) a pris le 30 janvier dernier le contrôle de CLS (Collecte Localisation Satellites) en prenant 66% du capital de la pépite toulousaine. Elle a racheté les participations d'Ardian (32%) et de l'Ifremer, l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (14%), ainsi qu'une partie de celle du CNES, qui passe de 54% à 34%. Une transaction évaluée à 400 millions d'euros, qui offre un formidable jackpot aux trois vendeurs. Le CNES et l'Ifremer ont réinvesti une partie du montant dans Kinéis, la spin-off de CLS.

Un pacte d'actionnaires équilibré

"Le pacte d'actionnaires est très équilibré", a assuré à La Tribune le directeur financier du CNES Antoine Seillan. Dans le cadre de la gouvernance de la PME toulousaine, CNP aura trois représentants au conseil de surveillance tandis que le CNES en aura deux. "Ce principe de gouvernance nous permet de fonctionner sur un mode de consensus, a-t-il souligné. Toutes les décisions sont prises en commun".

Les engagements de CNP, pris au titre de la procédure IEF (investissements étrangers en France), sont censés protéger les intérêts français. C'est le cas, a assuré Antoine Seillan, qui n'a pas souhaité en revanche préciser quels sont ces engagements, qui sont "confidentiels". Il a par ailleurs affirmé que "le CNES s'est engagé à rester aux côtés de CLS dans les années à venir". Tout comme CNP, qui devrait être un partenaire de long terme, au-delà de cinq ans.

 CNP a acheté le plan à moyen terme de CLS

La société d'investissement belge "a adhéré à la feuille de route" de CLS, a également souligné le directeur financier du CNES. Le centre national et CNP sont notamment tombés d'accord pour développer le département océanographie et altimétrie de CLS. Plus globalement, CNP a acheté le plan à moyen terme (PMT) 2019-2023 de CLS et "notre projet", a fait valoir le président du directoire de CLS, Christophe Vassal. Ce plan prévoit une hausse de 8% à 9% par an de croissance du chiffre d'affaires de la pépite toulousaine. Christophe Vassal vise en 2023 un chiffre d'affaires compris entre 180 millions et 185 millions d'euros. "Nous allons délivrer le plan sur lequel CNP a adhéré", a assuré le patron de CLS.

En 2019, CLS a réalisé 135 millions d'euros de chiffre d'affaires (contre 138 millions espérés) pour 720 salariés et dégage en moyenne une rentabilité de 10% à 12% pour son Ebit et de 15% à 20% pour son Ebitda. Pour atteindre l'objectif du PMT, CLS compte par exemple développer son activité liée à la gestion durable de la pêche. Le marché est encore très vaste : si les 60.000 bateaux de la pêche industrielle sont pour la plupart équipés, les deux millions de petits bateaux artisanaux des pays côtiers le sont très peu. Ce marché des services maritimes est en croissance de 11% à 12% par an. Celui sur la surveillance du climat et de l'environnement est également en croissance. Notamment en Asie du Sud-Est.

Des acquisitions en bonus

"C'est un plan ambitieux qui n'intègre pas d'acquisitions, précise Christophe Vassal, interrogé par La Tribune. Ce qui ne veut pas dire que CLS ne fera pas l'impasse sur des opportunités de croissance externe. D'autant que la PME a réalisé cinq acquisitions lors des six dernières années, dont la société SIRS spécialiste de la production de données géographiques à partir d'images optiques ou aériennes. Le président du directoire de CLS souhaite développer CLS aux Etats-Unis sur la côte Ouest où il a déjà des pistes, notamment à Seattle, ainsi qu'en Asie du Sud-Est, où la PME souhaite renforcer son implantation de Djakarta en Indonésie (50 salariés).

En outre, CLS souhaite poursuivre le développement des services, basés sur les technologies du Big data et de l'IA (Intelligence artificielle). Ainsi, CLS veut développer son data lab en recrutant 30 jeunes data scientist d'ici à 2023 (soit cinq par an) pour gérer d'énormes masses de données que comptent capturer la PME toulousaine, et, surtout in fine, faire croître des services à forte valeur ajoutée.

Michel Cabirol

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