New Space : Kinéis séduit des industriels, des banquiers, le CNES et lève 100 millions d'euros

La startup du New Space a réussi à lever 100 millions d'euros pour financer une constellation de 25 nanosatellites "Made in France" et de 20 stations au sol destinées à l'internet des objets (IoT), dont le célèbre système Argos.
Michel Cabirol
L'ensemble de la constellation Kinéis sera lancé avant la fin de 2022
L'ensemble de la constellation Kinéis sera lancé avant la fin de 2022 (Crédits : Hemeria)

100 millions d'euros. C'est la somme inédite, voire historique, qu'a réussi à lever Kinéis pour financer une constellation de 25 nanosatellites "Made in France" et de 20 stations au sol destinées à l'internet des objets (IoT), dont le célèbre système Argos. La vente de CLS (Collecte Localisation Satellites) par le fonds Ardian à la Compagnie Nationale à Portefeuille (CNP), société d'investissement du Groupe Frère, a permis de réaliser en grande partie cette levée de fonds. Le produit de cette transaction, estimée à 400 millions d'euros, a notamment été en partie réinvesti par le CNES, 26%) et l'Ifremer (4%) dans la startup du New Space. Le CNES est désormais actionnaire de CLS (34%) et de Kinéis.

"Avec Kinéis, le NewSpace français devient une réalité", estimé le président du CNES Jean-Yves Le Gall dans un communiqué commun de ensemble des investisseurs.

Qui monte à bord de Kinéis ? CLS bien évidemment, qui garde un œil sur son "bébé" - une spin-off en 2019 - en restant à bord (32%), via la valorisation de ses premiers travaux sur Kinéis. Le CNES a souhaité participer de façon significative en prenant 26% de Kinéis ainsi que Bpifrance (20%), via le fonds Sociétés de Projets Industriels (SPI), financé par le Programme d'investissements d'avenir et la Banque Européenne d'Investissement. "C'est une formule originale. Nous passons d'une subvention classique à un investissement à risques, explique à La Tribune le directeur financier du CNES, Antoine Seillan. Kinéis est un cas d'apprentissage". Enfin, l'Ifremer, Thales, la SSII toulousaine CELAD, BNP Paribas Développement, Hemeria et quelques autres ont aussi pris des tickets compris entre 1% et 4%.

Une constellation lancée avant la fin 2022

Les premiers satellites, lancés par grappe de cinq (150 kg au total), devraient être sur un pas de tir à l'été 2022 pour rejoindre le démonstrateur Angels déjà en orbite depuis le 18 décembre dernier et qui fonctionne très bien - il a détecté son premier bateau de pêche japonais en janvier. Puis, les tirs devront se succéder à cadence rapide pour lancer avant la fin de 2022 toute la constellation, qui a une durée de vie de huit ans. C'est d'ailleurs en 2020 que Kinéis décidera sur quel lanceur la constellation montera à bord.

"Avec les fonds nécessaires au lancement de notre constellation, nous avons maintenant l'esprit libre pour nous concentrer entièrement sur la fabrication des satellites et le déploiement commercial", a souligné dans le communiqué le président de Kinéis Alexandre Tisserant.

Le calendrier est ambitieux. Après une phase d'ingénierie en 2020, la production des nanosatellites devrait débuter en 2021 dans les salles blanches d'Hemeria, responsable des plateformes et de l'intégration satellite, tandis que les stations au sol seront réalisées à Toulouse par Thales Alenia Space, l'architecte du système et responsable du développement des charges utiles avec la société Syrlinks, des stations sols et du centre de mission, explique à La Tribune Alexandre Tisserant. Pour suivre les balises Argos et autres objets (avions, bateaux...), Kinéis a prévu une revisite des nanosatellites toutes les 15 minutes afin de fournir une connectivité spatiale universelle. En revanche, la startup a estimé qu'une revisite en temps réel n'était pas nécessaire.

Un enjeu commercial de taille

L'enjeu commercial pour Kinéis est de taille. Car à l'horizon 2030, le nombre d'objets connectés dans le monde dépassera les 30 milliards. Et la startup veut sa part du gâteau. Avec d'ailleurs un temps d'avance sur la concurrence, Kinéis tient également ses promesses commerciales en signant de nombreux  partenariats stratégiques avec Bouygues Telecom, Suez, la Wize Alliance ou encore la société Arribada. En huit mois d'existence, il a rempli son carnet de commandes. Fournisseur de connectivité globale, Kinéis, qui dispose déjà de huit charges utiles sur des satellites opérationnels, devient le premier acteur de connectivité spatiale IoT à financer son développement, de la construction de sa constellation au lancement de ses 25 nanosatellites.

Michel Cabirol

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