
Pour redresser la barre de Latécoère, entreprise historique de l'aéronautique française en difficulté, Searchlight Capital Partners, son actionnaire principal, « serait prêt à injecter à nouveau 100 millions d'euros, en plus des 420 millions déjà investis », selon Les Echos, qui citent des « sources » non-identifiées dans un article publié ce lundi 24 avril. Mais le fonds d'investissement américain y attache une condition : « que les banques qui ont accordé les PGE, et donc l'État qui les couvre à 90%, acceptent d'effacer la dette », assure le quotidien économique.
Contacté par l'AFP, Latécoère a indiqué « être en discussions avec ses parties prenantes, y compris ses prêteurs, en vue d'améliorer sa structure capitalistique et afin de mieux se positionner pour l'avenir », comme annoncé lors de ses résultats annuels publiés le 25 mars. « Latécoère communiquera ultérieurement en fonction de l'avancée de ces discussions », a ajouté l'entreprise.
De son côté, le ministère de l'Industrie n'a pas réagi dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP ce lundi matin.
Les ventes grimpent, mais la perte se creuse
Latécoère, qui fournit des aérostructures (portes et pièces de fuselage) et câblages électriques à des clients comme Airbus et Boeing, a été touché de plein fouet ces dernières années, comme tout le secteur aéronautique, par la crise du Covid-19. Mais alors que la filière a connu une reprise vigoureuse, le groupe a encore creusé sa perte en 2022, à 127 millions d'euros, contre 111 millions en 2021.
L'aggravation de la perte en 2022 s'explique principalement par la vente au groupe Bombardier, prévue au deuxième trimestre de cette année, de l'activité « Câblage électrique et Systèmes d'Interconnexion » au Mexique. Celle-ci a occasionné une dépréciation d'actifs. En revanche, sur les activités « poursuivies » à savoir hors cessions en cours, la perte nette s'est réduite à 86,7 millions d'euros, contre 108,6 millions en 2021.
Son chiffre d'affaires a bondi de 39% à 468 millions d'euros. Cette hausse est liée à l'augmentation des cadences de production, sur les programmes A320 et Embraer, à des acquisitions, et à des effets de change favorables.
Une délocalisation qui ne passe pas
Latécoère, nom prestigieux de la construction aéronautique depuis 1917, est aussi dans l'actualité depuis qu'il a annoncé, il y a quatre mois, prévoir de délocaliser en République tchèque et au Mexique les activités d'un de ses sites toulousains. La direction du groupe a signé la semaine dernière un accord avec les syndicats majoritaires, comprenant des indemnités supralégales et des mesures d'accompagnement des salariés concernés par la réorganisation. Certaines activités, qui devaient à l'origine être transférées à l'étranger, seront aussi maintenues au sein de l'usine toulousaine.
Reste que ces mesures sont jugées insuffisantes par une partie des salariés. Ces derniers ont décidé de poursuivre la grève entamée depuis plus d'une semaine et dont la production alimente les autres sites du groupe aéronautique. Latécoère employait 4.764 personnes dans le monde fin 2021, dont 1.385 en France où, début 2021, il avait annoncé la suppression de 246 postes dans le cadre d'un plan social.
(Avec AFP)
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