Alors que les Etats-Unis ont torpillé un énorme contrat de sous-marins entre l'Australie et la France, un échange téléphonique aura lieu "dans les tout prochains jours" entre Emmanuel Macron et son homologue américain, Joe Biden. C'est ce qu'a assuré dimanche le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, invité de la chaîne BFM TV.
"On veut des explications sur ce qui s'apparente à une rupture de confiance majeure, [...] et savoir comment ils entendent sortir de ce contrat", avec des "compensations" à la clé, a-t-il précisé.
Pour cause, la situation est "grave", a affirmé hier le ministre français des Affaires Etrangères, Jean-Yves le Drian, après que Paris a rappelé les ambassadeurs de France à Canberra et à Washington, dans un geste sans précédent. En effet, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Australie ont confirmé mercredi la constitution d'un nouveau partenariat de sécurité et de défense dans le cadre duquel Washington et Londres vont aider l'Australie à se doter de sous-marins à propulsion nucléaire. Entraînant la résiliation du "contrat du siècle" franco-australien, signé en 2016, d'achat de 12 sous-marins à propulsion diesel, pour un montant de 56 milliards d'euros.
"Absence de cohérence"
Si la France est amère, les Américains, eux, semblent vouloir calmer le jeu, malgré ce "coup dans le dos" porté à leur allié européen. "La France demeure un partenaire-clef dans la zone indo-pacifique", a ainsi assuré mercredi Joe Biden. Et le porte-parole du département d'Etat américain, Ned Price, de rappeler samedi l'importance de la relation franco-américaine. "La France est un partenaire vital et notre plus ancien allié, et nous estimons que notre relation est extrêmement précieuse" a-t-il assuré... Ce qui ne console pas du tout Paris.
"Le choix américain qui conduit à écarter un allié et un partenaire européen comme la France d'un partenariat structurant avec l'Australie, au moment où nous faisons face à des défis sans précédent dans la région Indopacifique, que ce soit sur nos valeurs ou sur le respect d'un multilatéralisme fondé sur la règle de droit, marque une absence de cohérence que la France ne peut que constater et regretter", ont expliqué les ministères français des Affaires étrangères et des Armées, Jean-Yves Le Drian et Florence Parly dans un communiqué commun publié dans la nuit de mercredi à jeudi.
Pas de rappel de l'ambassadrice de France au Royaume-Uni
Pour sa part, la nouvelle ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss, a défendu dimanche l'approche de Londres, qui entend "faire preuve de fermeté dans la défense de [ses] intérêts", écrit-elle dans une tribune publiée dans le Telegraph dimanche. Sans évoquer une seule fois les tensions avec l'Hexagone.
Si Jean-Yves Le Drian, a rappelé les ambassadeurs de France aux États-Unis et en Australie pour consultations, ce n'est pas le cas de l'ambassadrice basée à Londres. A en croire une source diplomatique française citée par Reuters, la raison est que le Royaume-Uni a accompagné "de manière opportuniste" la manoeuvre qui a conclu à l'annulation d'un contrat de sous-marins entre l'Australie et la France.
"On connaît leur opportunisme permanent", a ainsi ironisé Jean-Yves le Drian sur le plateau de France 2 hier soir, qualifiant le pays de "cinquième roue du carrosse".
Paris semble en effet considérer que le premier fautif reste l'Australie, qui a rompu sans préavis un contrat historique cinq ans après sa signature, même si Canberra s'en défend. Les Etats-Unis ont également joué un rôle crucial dans l'opération, en acceptant de partager leur technologie nucléaire.
(avec agences)
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