Le Salon de l'Agriculture se mue en pépinière de projets "éco-innovants"

Du 21 février au 1er mars, créateurs de start-up et chercheurs seront aussi les vedettes du Salon de l'Agriculture. Sur leurs épaules, l'avenir d'un secteur agroalimentaire sur lequel pèsent embargo russe, guerre des prix entre distributeurs, fin des quotas alimentaire et défi environnemental. Et qui se divise sur la notion d'agro-écologie.
Marina Torre
François Hollande est attendu dès samedi pour inaugurer le 52 Salon de l'Agriculture, porte de Versailles à Paris.

Drones, applications mobiles et biotech cohabitent avec veaux, vaches et cochons. L'innovation technologique a désormais la place d'honneur dans les étables et prés éphémères dressés porte de Versailles à Paris pour le Salon international de l'agriculture et dans les hangars de Villepinte où s'expose parallèlement le matériel d'exploitation. La faune "tech" et scientifique  aura à nouveau ses vedettes lors la 32e édition du Salon qui devrait être inaugurée samedi 21 février par le Président de la République.

Vedettes qui, selon le voeu des organisateurs et du gouvernement, devront promouvoir un modèle environnemental durable. Cette préoccupation se trouvait déjà au coeur de précédentes éditions, comme en 2011, lors de la parution d'un décret ouvrant la possibilité de commercialiser le méthane, ou plus récemment en 2014 lorsque l'Inra présentait par exemple des robots et caméras 3D visant à mesurer sous les animaux sous toutes les coutures puis établir la ration idéale pour chacun d'eux. Mais cette année l'éco-innovation tient particulièrement le devant de la scène.

Une vitrine avant COP21

En effet, à quelques mois de la Conférence des nations unies sur le climat (COP21) organisé par Paris, le salon doit servir de vitrine internationale à la recherche "made in France" dans le domaine agroalimentaire. Juste avant son ouverture, le gouvernement accueille le 20 février des responsables étrangers de l'Agriculture, notamment en provenance du Brésil et du Maroc pour évoquer émissions de gaz à effet de serre, efficience des ressources, méthanisation ou encore gestion de l'eau. Avec toujours ce défi en tête: comment assurer la subsistance pour tous, même dans les pays en développement, tout en préservant l'environnement ?

L'Inra tentera d'y répondre face au public du SIA à travers des sessions de conférence sur l'usage des sols, la santé des plantes ou le recyclage de certains déchets végétaux en matériaux industriels. Les 22 et 25 février, il sera par exemple question de recycler de la paille de blé en plastiques, parfums et cosmétiques. De son côté le Cirad présentera les 12 lauréats de son appel à projet "Challenge Climat". Des projets internationaux comme le développement de l'hanza, une plante nutritive au Niger ou des instruments de financement de programmes d'amélioration de la performance énergétique d'exploitations au Maroc.

 L'Agro-écologie divise

En matière d'environnement, les idées pullulent, les divisions aussi. Le débat se cristallise sur la notion "d'agroécologie" vantée par Bercy et soutenue par certaines associations de défense de l'environnement. Dans les grandes lignes, elle consiste à repenser les pratiques de production et de culture afin, entre autres, de réduire l'impact écologique, par exemple en diminuant la quantité "d'intrants" et en alternant les cultures afin de tirer au mieux partie du sol sans l'épuiser.

Côté agriculteurs, le terme fait tiquer. Xavier Beulin, le président de la FNSEA a ainsi fait part de ses inquiétudes à ce sujet lors d'une conférence le 18 février:

"J'ai le sentiment aujourd'hui tout le monde n'y met pas les mêmes intentions, les mêmes ambitions. j'entends parfois quelques propos qui me font peur parce que c'est plutôt synonyme de décroissance, d'un certain retour en arrière".

Le responsable du principal syndicat d'agriculteurs français pointe en particulier "un aspect coercitif de la réglementation" dans le cadre du "verdissement de la politique agricole commune". Ce mercredi, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a dévoilé en Conseil des ministres un projet de "simplification" des réglementions environnementales, avec par exemple le relèvement du seuil à partir duquel une autorisation est requise pour un élevage de volailles (de 30.000 à 40.000).

mission pour Jeune pousse

Les formes que devra prendre l'innovation divisent. Elle apparaît néanmoins cruciale alors que la fin des quotas sur la lait et le sucre ainsi que l'embargo russe pèsent sur les revenus des producteurs. Dans le même temps, la concurrence entre grandes enseignes pour afficher des prix bas alimente une déflation qui risque de se poursuivre. Les négociations commerciales censées s'achever fin février n'augurent en effet aucune amélioration sur ce plan.

D'où le triple intérêt, surtout pour les producteurs de promouvoir par exemple des innovations en matière de "circuits courts". Ce sera la mission du concours la "Start-up est dans le pré" organisé avec Tech'Elevage, Montpellier SupAgro et les chambres d'agriculture.  Une vingtaine de projets innovants ciblant l'agriculture passeront d'abord par la sélection de "l'abattoir" - un premier jury de professionnels - samedi, avant une présentation des restants devant le public le 22 février. "A tous les porteurs de projets, je rappelle que la planète est leur premier actionnaire", affirme Pierre Alzingre, fondateur de cette compétition soutenue notamment par le ministère du Numérique. Cette année le site de crowdfunding Mimosa, spécialisé dans l'agriculture sera de la partie. Peut-être récompensera-t-il Happywine, une application visant à mettre en relation producteurs de vin et consommateurs ou bien le "mini-jardin urbain avec composteur intégré" de Transfarmer.

Marina Torre

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Commentaire 1
à écrit le 23/02/2015 à 11:50
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l'innovation ne doit pas être confisquée par ceux qui nous ont conduits là ou nous sommes!!! L'inra se targue d’étude de sols alors qu'elle a passé 40 ans à l'ignorer et à combattre les "nuisibles" . Elle découvre aujourd'hui ce qu'elle doit faire pa...

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