Lactalis sera lourdement sanctionnée en cas de "fraude" assure Benjamin Griveaux

Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a déclaré, ce mercredi, que l'entreprise Lactalis serait "sévèrement sanctionnée" si elle a fraudé faisant référence aux informations publiées, ce mercredi, dans le "Canard enchaîné" selon lesquelles l'entreprise aurait continué à vendre 8.000 tonnes de lait en poudre potentiellement suspect sortant de l'usine de Craon (Mayenne) d'où provenait du lait infantile contaminé responsable de l'intoxication de plusieurs nourrissons l'année dernière.
Le groupe Lactalis se trouve à nouveau mis en cause après les révélations du Canard enchaîné.
Le groupe Lactalis se trouve à nouveau mis en cause après les révélations du "Canard enchaîné". (Crédits : Stephane Mahe)

Les réactions se multiplient sur l'éventuel nouveau scandale qui touche le groupe Lactalis. Dans Le Canard enchaîné daté de ce mercredi 24 octobre, l'entreprise est accusée d'avoir continué à vendre 8.000 tonnes de lait en poudre potentiellement suspect produits dans l'usine de Craon (Mayenne) d'où provenait du lait infantile contaminé responsable de l'intoxication de plusieurs nourrissons l'année dernière. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux s'est exprimé ce mercredi après-midi au sujet des informations divulguées par l'hebdomadaire satirique. Il a prévenu le groupe laitier des conséquences qu'il encourait si les affirmations contenues dans le Canard enchaîné s'avéraient tangibles :

"Si jamais Lactalis a essayé de frauder par rapport aux consignes qui lui avaient été données, alors évidemment elle doit être condamnée et c'est l'enquête qui permettra de déterminer sa responsabilité", a expliqué M. Griveaux lors de son compte-rendu du Conseil des ministres cet après-midi.

De son côté, l'entreprise spécialisée dans l'agroalimentaire a fait savoir, ce mercredi matin dans un communiqué, qu'elle rejettait en bloc les accusations portées contre elle dans les colonnes du Canard enchaîné de ce mercredi 24 octobre. D'après l'hebdomadaire, qui s'est appuyé sur des "documents fournis par la préfecture de Mayenne" récemment rendus publics, Lactalis aurait continué à vendre 8.000 tonnes de lait en poudre en provenance de l'usine de Craon (Mayenne), épicentre d'une contamination de dizaines d'enfants à la salmonelle en fin d'année dernière.

"Les insinuations de possible contamination de ces poudres adulte sont infondées et basées sur des hypothèses non justifiées", a répondu le groupe mis en cause. "Jamais le Groupe Lactalis n'aurait pu mettre sur le marché des produits qu'il savait contaminés [...] et condamne fermement ces accusations visant à nuire à sa réputation et à la qualité de ses produits", ajoute l'entreprise. Selon le fabricant, les 8.000 tonnes de poudres pour adultes en question ont été produites dans une tour de séchage épargnée par la contamination et "conditionnées sur un circuit d'ensachage indépendant". Cette production était cette fois destinée à des préparations industrielles comme des flans ou des glaces. Lactalis assure que le phénomène de contamination a "toujours été limité à la tour 1" de l'usine qui a été depuis définitivement fermée. La production de lait infantile a, par ailleurs, repris début juillet dans la tour 2.

"De nouvelles découvertes pour le moins inquiétantes"

Un son de cloche dissonant par rapport aux informations publiées dans le Canard enchaîné de ce mercredi. "La décision de laisser consommer les 8.000 tonnes de poudre nous a surpris, parce qu'à l'époque on ne savait pas si la tour produisant le lait pour les adultes était elle aussi contaminée. C'était prendre un risque inutile pour la santé publique", a notamment confié au journal un fonctionnaire de la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) qui a requis l'anonymat.

"Il y a une procédure judiciaire en cours par rapport aux faits qui concernaient le lait infantile. Si jamais Lactalis a essayé de frauder par rapport aux consignes qui lui avaient été données, évidemment elle doit être condamnée", a réagi le ministre de la Transition écologique François de Rugy, interrogé sur LCI.

L'Association des familles victimes du lait contaminé à la salmonelle (AFVLCS) qui a également eu accès à ces dossiers, a dénoncé "de nouvelles découvertes pour le moins inquiétantes""Alors que tous les produits infantiles fabriqués à l'usine de Craon depuis avril 2017 ont été retirés et rappelés de la vente, suspectés d'être contaminés aux salmonelles, la poudre de lait fabriquée dans la même usine à la même période et destinée aux préparations industrielles (glaces, pâtisseries etc) a été écoulée sans encombre et sans que quiconque chez Lactalis ne vienne à s'interroger sur sa salubrité", a assuré l'association dans un communiqué.

53 nourrissons touchés

"Pourquoi les services de l'État se sont-ils limités aux produits infantiles ? Pourquoi Lactalis n'a-t-il pas procédé comme pour les produits infantiles aux retraits/rappels de ces produits potentiellement contaminés aux salmonelles ?", s'interroge le président de l'AFVLCS, Quentin Guillemain, dans le même texte. Au total, 53 nourrissons identifiés ont été atteints de salmonellose en France fin 2017 après avoir consommé un produit pour enfant produit dans cette usine, un scandale sanitaire dont la gestion a été pilotée au plus haut niveau de l'État. Lactalis a été contraint de rappeler en janvier l'ensemble de la production de lait infantile de cette usine, distribuée dans 83 pays, après la découverte de cette contamination.

Après plus de neuf mois d'une vaste enquête préliminaire, le pôle santé publique du parquet de Paris avait ouvert début octobre une information judiciaire contre X pour "tromperie sur les qualités substantielles des marchandises", "blessures involontaires ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à trois mois" et "inexécution par un exploitant du secteur alimentaire de procédures de retrait ou de rappel d'un produit préjudiciable à la santé".

(Avec AFP et Reuters)

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