Les prix du riz s'envolent à un niveau jamais observé depuis quinze ans

Les prix du riz ont progressé de 9,8% sur un mois en août, selon les chiffres de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Une flambée des coûts qui s'explique par la décision de l'Inde, qui assure 40% du commerce mondial du riz, d'interdire les exportations de la céréale afin de la réserver à sa population.
Avec la Chine et l'Inde, le Vietnam fait également partie des principaux producteurs de riz au monde (Photo d'illustration).
Avec la Chine et l'Inde, le Vietnam fait également partie des principaux producteurs de riz au monde (Photo d'illustration). (Crédits : KHAM)

Alors que les prix alimentaires mondiaux ont légèrement reculé en août (-2,1% par rapport à juillet), ceux du riz, eux, continuent leur ascension. Ils ont même atteint, en août, leur plus haut niveau en 15 ans avec une hausse de 9,8% sur un mois, selon les chiffres publiés par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), ce vendredi 8 septembre.

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Cette hausse des prix s'explique principalement par la décision de l'Inde le 21 juillet dernier d'interdire les exportations de riz blanc non basmati. Or, elles représentent environ le quart de ses exportations habituelles de riz. Objectif affiché, conserver suffisamment de ce produit pour ses habitants. Pourtant, les réserves de riz dans le monde sont abondantes. La FAO estime, en effet, qu'« il est toujours prévu que les stocks mondiaux de riz à la clôture des campagnes de commercialisation de 2023-2024 atteignent leur plus haut niveau jamais enregistré » après une hausse de 1,4% par rapport à 2022-2023.

La Chine et l'Inde dominent le marché

Or, près des trois-quarts de ce volume devraient être détenus par la Chine et l'Inde. L'Inde assure d'ailleurs 40% du commerce mondial du riz et vend des quantités de brisures de riz à l'Afrique, notamment au Sénégal, au Nigeria, à la Côte d'Ivoire ou au Bénin, ainsi qu'en Asie (Pakistan, Philippines) et au Moyen-Orient (Turquie, Syrie). Le Vietnam fait également partie des principaux producteurs de riz au monde.

L'Inde n'est pas le seul pays à avoir adopté des restrictions, pointe l'agence onusienne. Elle assure que de nombreux Etats et acteurs ont choisi de « conserver des stocks », de « renégocier des contrats », voire « d'arrêter de faire des offres de prix ».

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En conséquence, les prix mondiaux du riz grimpent. D'autant qu'ils étaient déjà fin juillet « en hausse de 30% sur un an », avait souligné à l'AFP Patricio Mendez del Villar, spécialiste du riz et économiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). En attendant les nouvelles récoltes, face aux « incertitudes quant à la durée de l'interdiction » décidée par l'Inde et aux « craintes que les restrictions à l'exportation soient étendues à d'autres types de riz », le marché mondial du riz s'est tendu, a encore souligné la FAO. Sans compter qu'une autre inquiétude pèse sur la production de cette céréale : le phénomène climatique El Niño qui pourrait influer sur les rendements des rizières.

Les Philippines passent un contrat avec le Vietnam

Inquiets à l'idée de manquer de riz, certains Etats tentent donc de garantir leur approvisionnement à l'instar des Philippines où il sert d'aliment de base pour sa population de plus de 110 millions d'habitants. L'archipel a importé 1,5 million de tonnes de riz en provenance du Vietnam de janvier à mai 2023, soit 42% du riz exporté par Hanoï sur cette période-là, selon Manille.

C'est donc sans surprise avec le Vietnam que les Philippines ont signé, jeudi, un accord pour sécuriser pour cinq ans leurs importations de riz. « Les deux parties se sont mises d'accord pour discuter et signer bientôt un accord inter-gouvernemental de coopération sur le commerce du riz », avait indiqué Hanoï dans un communiqué.

« L'accord sur cinq ans sur l'importation de riz devrait stabiliser l'approvisionnement et les prix aux Philippines », a souligné Manille dans un autre communiqué.

Plus tôt en septembre, le président philippin, Ferdinand Marcos Jr, a également annoncé le plafonnement du prix du riz pour lutter contre l'inflation due selon lui aux « courtiers opportunistes » et à une « collusion des cartels de l'industrie ».

(Avec AFP)

Commentaires 9
à écrit le 09/09/2023 à 15:53
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Bonjour, comment la spéculation sur le riz et les matières premières risque de ruiner les pays pauvres.... S'est moche , mais ils est difficile de changer la nature de l'homme , de droite de gauche , capitalisme ou communistes, ils reste toujours au...

à écrit le 09/09/2023 à 10:36
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Qu'attendent nos Beaucerons pour se lancer dans la riziculture? Pour le blé, ils ne peuvent concurrencer la Russie. A moins que les Solognots....

à écrit le 09/09/2023 à 6:40
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Plus il y a de fous et moins il y a de riz

à écrit le 08/09/2023 à 22:52
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Vu la toxicité du riz indien (cf. taux de pesticides) au côté du riz japonais irrigué d'eau radioactive issue de Fukushima (cf. cycle de l'eau), l'interdiction d'exportation ne sert en réalité qu'à dissimuler l'absence de clients pour un suicide c...

à écrit le 08/09/2023 à 18:48
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On se demande bien ce qui n'augmente pas d'abord et avant tout.

à écrit le 08/09/2023 à 16:00
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Ben oui les enfants, quand toutes les chaînes d'approvisionnement et de production sont à présent (sérieusement) bouleversées à l'aune de la "troisième guerre mondiale économique", cette suite demeure par conséquent logique sur l'échiquier géopolitiq...

à écrit le 08/09/2023 à 15:31
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Ca devait arriver un jour où l'autre, à force d'avoir une population mondiale qui augmente constamment. On peut toujours se mettre la tête dans le sable en disant "les stocks sont au plus haut", mais la réalité est là

le 08/09/2023 à 16:03
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Lisez ou relisez l'article , la volonté des pays producteurs est de traiter directement avec les pays acheteurs en passant des marchés sur plusieurs années afin d'éviter d'alimenter la spéculations des courtiers et autres spéculateurs .La finance mon...

le 08/09/2023 à 16:19
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@ldx."La finance mondiale est bien plus néfaste à la planète que l'augmentation de la population". C'est évident! Et j'en sais quelque chose.

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