Les salariés de Volkswagen remportent une victoire syndicale historique aux Etats-Unis

La représentation syndicale aux Etats-Unis est un combat de longue haleine, dans lequel l'United Auto Workers vient de remporter un round significatif. Après un vote des salariés, l'usine Volkswagen de Chattanooga est la première détenue par un constructeur étranger à choisir un syndicat pour les représenter.
Volkswagen est au cœur d'une avancée syndicale majeure aux Etats-Unis.
Volkswagen est au cœur d'une avancée syndicale majeure aux Etats-Unis. (Crédits : Fabian Bimmer)

Victoire historique pour le syndicat américain de l'automobile : les salariés du constructeur allemand Volkswagen dans le Tennessee ont voté à une large majorité pour que l'UAW (United Auto Workers) les représente. 73 % des 5.500 employés de l'usine de Chattanooga ont opté pour cette représentation syndicale, selon des résultats communiqués vendredi par Volkswagen. C'est une première parmi les usines automobiles étrangères du Sud des Etats-Unis.

Volkswagen, qui s'est engagé à une position de neutralité, a indiqué dan su n communiqué que le scrutin de trois jours, entamé mercredi, « s'est déroulé avec un vote démocratique, à bulletins secrets, surveillé par le National Labor Relations Board » (NLRB), l'agence fédérale en charge du droit du travail.

« Volkswagen remercie ses travailleurs de Chattanooga pour avoir voté », a ajouté le constructeur.

Les parties ont cinq jours pour faire part de leurs objections, selon le NLRB qui a ajouté : « l'employeur doit maintenant commencer à négocier de bonne foi avec le syndicat ».

Première pour un constructeur étranger

« Les travailleurs de Volkswagen viennent d'entrer dans l'histoire ! » a déclaré l'UAW dans un message sur X (ex-Twitter).

Le vote constitue une victoire de taille pour Shawn Fain, nouveau président de l'UAW depuis mars 2023, alors que le syndicat cherche à étendre sa présence. Jusqu'ici, il n'était jamais parvenu à s'implanter chez aucun des constructeurs automobiles non américains. Ceux-ci ont majoritairement élu domicile dans des Etats du Sud des Etats-Unis peu ouverts aux syndicats.

Deux tentatives de syndicalisation de l'usine de Chattanooga avaient déjà échoué au cours des dernières années. Mais le syndicat a récemment remporté d'importants succès. Cette victoire s'inscrit ainsi dans la foulée des avancées de l'automne chez les « Big 3 » - Ford, General Motors et Stellantis. L'UAW avait obtenu une augmentation moyenne du salaire de 25% sur quatre ans, des accords ratifiés en novembre après six semaines d'une grève inédite par sa durée.

Suite à ces accords, l'UAW a lancé en novembre une campagne de sensibilisation chez 13 constructeurs majoritairement implantés dans le Sud employant quelque 150.000 personnes au total.

Après ce premier scrutin à Chattanooga, le prochain est attendu du 13 au 17 mai dans une usine de l'Allemand Mercedes-Benz à Vance (Alabama) qui emploie 6.100 salariés.

La victoire de Chattanooga donne un élan supplémentaire à l'UAW qui a également évoqué une usine du Japonais Toyota dans le Missouri et une autre du Sud-Coréen Hyundai dans l'Alabama parmi celles concernées par sa campagne.

Joe Biden approuve ce vote, pas les Républicains

Candidat à sa réélection, le président Joe Biden, qui avait effectué en septembre 2023 une visite historique sur un piquet de grève de l'UAW dans le Michigan, a salué le résultat du scrutin. Pour lui, il démontre « une fois de plus que la classe moyenne a construit l'Amérique et que les syndicats continuent de construire et étendre la classe moyenne pour tous les travailleurs ».

Lors de précédents scrutins dont deux à Chattanooga, l'UAW avait auparavant échoué à s'implanter dans le Sud. Reste que le syndicat doit faire face au rejet de responsables politiques locaux. Une lettre ouverte du gouverneur du Tennessee, Bill Lee, co-signée par cinq autres gouverneurs de la région, tous républicains, l'a accusé de mettre en péril l'économie et l'emploi dans la région.

Parmi les signataires, le gouverneur de Géorgie Brian Kemp a assuré vendredi sur CNBC que les gouverneurs voulaient protéger le modèle local fondé sur « d'excellentes relations entre nos employeurs et leurs employés », accusant l'UAW de vouloir le « détruire ».

Un tournant syndical

M. Biden avait dénoncé cette lettre ouverte comme une initiative fondée sur de « fausses » assertions pour « saper le scrutin » chez Volkswagen.

Pour Stephen Silvia, auteur d'un ouvrage sur le pari sudiste de l'UAW (« The UAW's Southern Gamble »), ce scrutin constitue « un tournant » pour le syndicalisme et fait monter les enjeux pour celui prévu dans l'Alabama.

« Le Sud a misé sur un modèle de bas salaires et d'expression minimale des travailleurs » et ces derniers « aimeraient changer », explique-t-il. « Il va y avoir beaucoup plus d'intérêt politique, pas seulement en Alabama (mais aussi) à Washington ».

Avec agences

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Commentaires 3
à écrit le 20/04/2024 à 11:52
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Une bonne initiative il vaut mieux les surveiller de près les actionnaires allemands.

le 20/04/2024 à 12:34
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le déménagement de l usine au Mexique est prévu pour quand?

le 21/04/2024 à 11:00
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Un pays dans lequel on assassine des intellectuels et des étudiants ne peut qu'être attractif pour l'oligarchie allemande.

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