L'information fait l'effet d'une bombe. Vendredi dernier, le journal allemand Handelsblatt a indiqué que Volkswagen et Renault envisageaient de s'associer pour produire des petites citadines électriques à 20.000 euros. Les deux constructeurs européens pourraient développer une coopération autour d'une plateforme de production qui rendra les véhicules à batterie abordables pour le grand public, selon le journal Handelsblatt. Toujours selon cette même source, ils viseraient 200.000 à 250.000 véhicules par an. Selon l'agence Reuters ce lundi, les deux groupes discutent d'un partenariat concernant la Twingo.
Pour rappel, les deux constructeurs ont chacun annoncé des projets sur ce segment de marché. Renault entend en effet produire sa future Twingo électrique à 20.000 euros en 2026, tandis que Volkswagen compte lancer un modèle à 20.000 euros, potentiellement une ID.1, sans annoncer de date de lancement.
« Parmi les constructeurs européens, je ne vois pour Renault d'autres possibilités que Volkswagen pour un partenariat. Stellantis fait déjà des économies au sein de son groupe entre les marques, donc ils n'ont aucun intérêt à s'associer. », explique à La Tribune un analyste financier.
En effet, Stellantis a déjà un coup d'avance. Le groupe dirigé par Carlos Tavares prévoit une future Citroën C3 électrique à 20.000 euros pour 2025, un an avant la Twingo de Renault.
Si Volkswagen a assuré qu'« aucune décision n'a été prise », le groupe Renault, quant à lui, « confirme des discussions avec plusieurs constructeurs afin de partager les coûts de développement de sa future Twingo, dont Volkswagen », assurant au passage qu'« un partenariat est obligatoire pour être performant sur les véhicule électrique peu chers ».
Réduire les coûts de 30 % à 50 %
Car produire des voitures du segment A (les petites citadines) et dégager des marges s'avère difficile pour les constructeurs européens :
« Avec les normes européennes, il faut sans cesse rajouter des équipements et cela fait monter le prix du véhicule. Or, 1.000 euros sur une petite voiture à 25.000 euros ou sur un SUV à 40.000 euros, ce n'est pas la même chose. Dans le premier cas, c'est plus difficile à faire passer », a récemment expliqué Luca de Meo, dans une conférence accordée à l'Institut français des relations internationales (Ifri).
D'après l'analyste financier que nous avons interrogé, le partenariat entre Renault et Volkswagen pourrait permettre « de réduire les coûts de 30 % à 50 % », selon la hauteur de cette association. Les économies d'échelle seraient d'autant plus importantes si la production était organisée sur un site en commun.
Et là aussi, il faudra se mettre d'accord. Dans quelle usine produire ? Concernant la future Twingo de Renault, le constructeur français pourrait viser l'usine de Novo Mesto, en Slovénie où l'actuelle Twingo électrique est déjà en production jusqu'à l'année prochaine. Volkswagen, quant à lui, pourrait faire valoir d'autres arguments : utilisant la plate-forme MEB Small, sa future ID.2 électrique proposée à 25.000 euros sera quant à elle produite en Espagne à partir de 2025. Cette plateforme présente l'avantage de produire des véhicules peu chers, à traction, similaires aux voitures Renault.
La bataille contre les Chinois
Les discussions sur un tel partenariat ne surprennent pas côté financier. « Il y a cinq ans, j'aurai été plus prudent sur une alliance avec Volkswagen, mais aujourd'hui, ils ont encore plus de pression que Renault. Tout le monde a de l'intérêt à s'associer », affirme notre analyste. Car la menace des constructeurs chinois plane sur l'Europe, en particulier sur les petits véhicules où l'écosystème mature en Chine a permis des réductions drastiques des coûts. Dans l'ex-Empire du Milieu, certains modèles électriques se vendent en dessous des 5.000 euros !
Si l'on ne retrouve pas ces voitures sur le sol européen pour l'instant - les Chinois ayant préféré attaquer le marché avec de gros SUV - cela ne saurait tarder. Or, le marché des petites citadines, bien qu'ayant des marges faibles, est un marché de volume et reste très important pour les constructeurs européens.
Pour rappel, Renault et Volkswagen multiplient les économies d'échelle pour atteindre leurs objectifs de rentabilité : une marge opérationnelle de 10 % pour Renault et entre 9 % et 11 % pour Volkswagen d'ici à 2030.
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