Logiciel embarqué chez Continental : « Stratégiquement, nous considérons qu'il est important de rester en Europe »

ENTRETIEN. Dans le flot des annonces d'investissements lors du sommet Choose France à Versailles le lundi 15 mai, le géant du pneumatique Continental a annoncé vouloir renforcer sa présence dans l'Hexagone en créant 500 emplois entre 2023 et 2026. Ces emplois devraient profiter à la région toulousaine, fief du groupe allemand depuis 42 ans. Retour sur ce projet avec Stefan May, président de Continental France.
Le géant du pneumatique Continental a annoncé vouloir renforcer sa présence dans l'Hexagone en créant 500 emplois entre 2023 et 2026.
Le géant du pneumatique Continental a annoncé vouloir renforcer sa présence dans l'Hexagone en créant 500 emplois entre 2023 et 2026. (Crédits : Fabian Bimmer)

LA TRIBUNE - En quoi consiste votre projet destiné à renforcer la partie Automotive, l'autre secteur phare du groupe avec le pneumatique, en Recherche et développement à Toulouse ?

STEFAN MAY - Ce projet permettra de développer une architecture centralisée pour le véhicule. Aujourd'hui, une voiture est équipée de 70 boîtiers électroniques, ce qui ne correspond pas du tout à l'architecture électronique de l'informatique actuelle. Nous sommes en retard sur la modernisation dans le secteur de l'automobile en raison des enjeux en termes de sécurité. Nous sommes plus matures désormais, et nous allons développer une architecture la plus fluide et la plus centralisée possible. Ce projet travaillera sur l'assistance forte aux véhicules, je parle d'assistance forte, car je pense que l'autonomie complète était plutôt une tendance il y a quelques années.

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Quel investissement représente ce projet ?

Pour le moment, nous envisageons 50 millions d'euros d'investissement pour rester conservateur, même si cela pourrait représenter beaucoup plus. Etant donné qu'il s'agit de la Recherche et du développement, nous avons affaire à de la propriété intellectuelle. C'est la raison pour laquelle nous n'allons pas créer de nouvelle usine. Nous allons  tout de même rajouter 27 millions d'euros sur trois ans vers des bâtiments à Toulouse à horizon 2025-2026. Nous ne voulons pas nous arrêter à cette étape, mais continuer après sur la production. Ce projet représente 500 emplois sur plusieurs années, mais déjà 150 d'ici la fin 2023.

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Pourquoi avez-vous opté pour la ville de Toulouse afin de mener un tel projet ?

Toulouse est un site historique. Il y a un savoir-faire sur les logiciels embarqués dans la région, lié à l'industrie aéronautique. Les besoins et les expertises avec le spatial sont similaires. Il y a, à l'heure actuelle, aucun autre projet dans le monde pour Continental. On ne se rend pas compte de la complexité d'un véhicule connecté.

Pour donner un exemple, une Renault Austral ou une Peugeot 3008 contiennent 100 millions de lignes de code. A titre de comparaison, un avion rafale en contient 15 à 20 millions, soit cinq fois moins. Et cette bataille autour du logiciel se joue entre les Européens, les Chinois et les Américains. C'est donc un enjeu géopolitique, car cette innovation est très stratégique. Nous pensons que nos premiers clients seront européens. Stratégiquement, nous considérons donc qu'il est important de rester en Europe.

Travaillez-vous avec des constructeurs, en particulier européens, pour le développement de ce projet ?

Non, nous n'avons pas de contrat avec des constructeurs. Cela nous permet d'avoir plus de latitude pour la recherche en ayant aucune contrainte de cahier des charges. J'ai la conviction qu'avec un tel projet, nous allons plus loin que d'autres acteurs, car la plupart sont fixés sur la génération de voitures qui sera produite en 2026. Pour nous, c'est plutôt 2028, ce qui nous permet une vision à plus long terme. La partie automotive consistuera toujours 50% de notre chiffre d'affaires avec de plus en plus d'électrification. Nous sommes sur le bon chemin.

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