La question des super profits des sociétés d'autoroutes, révélée dès 2013 par la Cour des comptes, puis dénoncée en 2014 par l'Autorité de la concurrence, et enfin, l'année suivante, transformée en vrai cheval de bataille par un gouvernement de gauche en mal de pouvoir d'achat à redonner, n'en finit pas de faire des vagues.
- Lire : La Cour des comptes dénonce le prix des péages autoroutiers (07.2013)
- Lire : La "rente" des sociétés d'autoroutes dénoncée par l'Autorité de la concurrence (09.2014)
- Lire : Sociétés d'autoroutes : des profits "inacceptables" Ch. Eckert (10.2014)
Le 8 avril 2014, tandis que le Premier ministre Manuel Valls assurait qu'il n'y aurait "pas de hausse des tarifs autoroutiers en 2015", la ministre de l'Écologie et de l'Énergie Ségolène Royal, n'avait-elle pas déclaré de son côté, devant l'Assemblée nationale, que les sociétés concessionnaires d'autoroutes "sont appelées à contribuer d'une part pour protéger les consommateurs, c'est-à-dire les automobilistes, en renonçant à la hausse des tarifs pour l'année 2015, sans rattrapage pour l'année prochaine" ?
Compenser le coût du décalage de la hausse des prix
Pourtant, hier mardi, l'Arafer, le régulateur ferroviaire et autoroutier, a annoncé dans un rapport que le gel des péages autoroutiers décidé par le gouvernement pour l'année 2015 va coûter 500 millions d'euros aux usagers sur les 20 prochaines années.
"Au final, les usagers paieront de l'ordre de 500 millions d'euros de péages supplémentaires sur la durée restante des concessions (environ 20 ans) pour compenser le coût du décalage de cette hausse des tarifs", indique l'Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) dans un communiqué de presse.
En 2015, en plein bras de fer entre l'Etat et les concessionnaires autoroutiers, un gel des tarifs avait été imposé, avec un rattrapage lissé sur la période 2019-2023.
"Pour l'usager, ce rattrapage sur cinq ans se traduit par une augmentation des péages supérieure à celle normalement prévue au 1er février 2015: de +0,23% à +0,82% selon les concessionnaires", détaille l'Arafer.
Des coûts qui s'ajouteront aux hausses annuelles contractuelles
Ces augmentations de péages, prévues pour compenser le gel, s'ajoutent aux hausses annuelles prévues dans les contrats entre l'Etat et ces sociétés, et qui sont indexées sur l'inflation.
"Elles génèreront d'ici la fin de la concession (...) une recette supplémentaire de 500 millions par rapport à ce qu'elle aurait été si on avait appliqué en février 2015 l'augmentation contractuellement prévue", a expliqué le président de l'Arafer, Bernard Roman, lors d'un point de presse.
Le conflit entre l'Etat et les sociétés concessionnaires avait commencé à l'automne 2014, après un rapport de l'Autorité de la concurrence qui faisait état d'une situation de "rente" pour ces sociétés depuis la privatisation de 2006, un calcul que contestent les sociétés.
Au plus fort de la crise, une résiliation pure et simple des contrats de concession avait été évoquée notamment par la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, mais cette piste n'avait pas été suivie par le gouvernement.
(Avec AFP)
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